Pour cet épisode des ‘Cinq questions à…’, nous sommes allés à la rencontre d’un père et d’un fils, tous deux fondus de sport automobile et d’endurance. Vous les croiserez à partir de mercredi dans le paddock du Mans. Les deux sont passionnés, attachants et toujours ouverts à la discussion. Les cinq questions à Didier et Gautier Calmels…
Regardiez-vous les 24 Heures du Mans à la télé quand vous étiez jeune ? Etiez-vous intéressé par cette course ?
Didier : “Oh que oui. J’ai assisté à mes premières 24 Heures du Mans à l’âge de 7 ans avec mes parents. Nous sommes originaires de la Manche, ce qui fait que nous étions proches du Mans. Mon père a toujours aimé le sport automobile. Il y avait Le Mans, bien sûr, mais aussi Rouen Les Essarts avec la Formule 1. C’était le temps des Hill et Clark.”
Gautier : “J’ai certainement dû me glisser une ou deux fois dans le lit de mes parents pour les regarder à la télé, mais comme j’ai eu la chance d’aller très jeune au Mans j’ai découvert cette course dans le dur et j’ai surtout des souvenirs du circuit. Lorsqu’on a vécu au moins une fois les 24 H dans les stands, avec le bruit, les odeurs, la tension,… être obligé de les regarder à la télé est une souffrance !”
Quel est votre premier souvenir des 24 Heures du Mans ?
Didier : “Mon tout premier souvenir, je devais avoir 7 ou 8 ans. Je voyais ces Ferrari passer devant les stands avec des gerbes d’eau derrière elles. C’était magique et j’en garde un souvenir ému. Les choses ont évolué car c’est la 13e année où je suis impliqué dans un engagement au Mans (Signatech-Alpine Matmut, ndlr), dont dix fois avec Philippe Sinault. Il y a eu une Porsche avec Philippe Alliot et deux Ferrari 333 SP avec Jean-Pierre Jabouille.”
Gautier : “Mes premières 24 Heures du Mans en 1986. Mon sourire sur la photo avec Philippe Alliot et Michel Trollé (photo de Une, ndlr) suffit à illustrer mon bonheur. Tout me semblait immense, les voitures étaient fantastiques et le bruit au départ de la course m’a tétanisé ! Ce jour-là j’ai attrapé le virus du Mans et heureusement il n’existe pas de vaccin ! Après une petite balade sur la grille de départ, j’ai suivi le début de la course entre le stand et le muret de panneautage. Je n’avais que 9 ans, j’étais en jean et en polo, bien entendu sans casque antibruit, et les commissaires de piste me prenaient la main pour m’aider à traverser la pitlane, totalement inimaginable aujourd’hui.”
Quel est votre équipage rêvé aux 24 Heures du Mans ?
Didier : “Sans hésiter, Gérard Larrousse, Henri Pescarolo et Jacky Ickx. Si avec un tel équipage, ça ne gagne pas, c’est à rien n’y comprendre. Les trois sont des monstres de l’Endurance et du Mans.”
Gautier : “Un équipage tricolore ça a de la gueule mais je vais en donner plus de trois. D’abord Nico Lapierre sans hésiter. Tout le monde connait son talent au volant, mais peu de personnes savent ce qu’il apporte à ses coéquipiers et au team en dehors de la voiture. Un top gun comme Vergne, Chatin, Panciatici ou Vaxivière. Ces pilotes mériteraient une place chez un constructeur et dont j’admire la volonté, l’humilité et la pointe de vitesse. Enfin, un seigneur… Pescarolo, Larrousse, Jabouille, Dalmas,… aussi fins pilotes que techniciens. J’ai eu la chance de vivre des soirées dans le paddock du Mans autour d’une bonne bouteille à écouter leurs histoires et leurs anecdotes de course, des moments magiques.”
Quelle voiture des 24 Heures du Mans vous a marqué ?
Didier : “La Matra pour le son et le côté français. Ces deux choses me touchent beaucoup. Quand on y repense, l’épopée Matra, c’était quand même quelque chose…”
Gautier : “La Porsche 956/962 forcément. Pour moi la plus belle voiture de course de tous les temps, toutes catégories confondues.”
Quel pilote des 24 Heures du Mans vous a fait rêver ou vous a inspiré ?
Didier : “Gérard Larrousse ! C’est pour moi le parfait gentleman an sens noble du terme. Gérard a la classe, l’allure, l’élégance et le côté chic. Il a piloté dans différentes disciplines, c’est lui qui m’a le plus inspiré et de très loin. Il a fait gagné le moteur Renault en F1, pour ne citer que ça. Gérard a un incroyable palmarès.”
Gautier : “Jean Rondeau car j’ai dû être le seul enfant de moins de 10 ans à punaiser dans sa chambre un poster dédicacé de la M379. J’espère qu’il restera à jamais le seul pilote à avoir gagné le Mans dans une voiture portant son nom. Son histoire est si belle.
Et Didier Pironi qui dégageait une aura invraisemblable. Il n’était pas un pur pilote d’endurance, mais ce qu’il a réalisé en 1978 est simplement exceptionnel. Il est allé au bout de ses forces et de sa volonté pour arracher cette victoire. J’aurais tellement aimé que cette année on puisse rendre l’hommage qu’ils méritent à Didier, Jean-Pierre Jaussaud, Gérard Larrousse et toute l’équipe Alpine-Renault de l’époque…”