Nom : Philippe Dumas
Nombre de participation : 1
Fonction : directeur-général adjoint opérationnel Onroak Automotive
Regardiez-vous les 24 Heures du Mans à la télé quand vous étiez jeune ? Etiez-vous intéressé par cette épreuve ?
« Pas vraiment. En réalité, je regardais plus du côté de la piste de karting Alain Prost que les 24 Heures. Je connaissais bien l’endroit car Claude Wernert, mon préparateur, était face à la piste. Le virus des 24 Heures du Mans est donc venu un peu plus tard. »
Quels sont vos premiers souvenirs des 24 Heures du Mans qui vous viennent à l’esprit ?
« C’est 2014, alors que je pourrais en avoir d’autres plus anciens comme mes premières 24 Heures en 1999 comme spectateur alors que j’étais en école de commerce ESCRA au Mans. Cette année-là, il y avait de splendides autos, comme par exemple la Mercedes CLR qui s’est envolée. Il y a aussi 2013 lorsque je pilotais une Corvette/Larbre compétition.
Mon premier vrai souvenir est donc en tant que manager d’équipe et avec OAK Racing. Vivre les choses de l’intérieur, c’est dans ce rôle que je m’épanouis le plus, que je prends le plus de plaisir et celui qui me correspond à 100%. On faisait rouler deux autos aux couleurs G-Drive et une équipée d’un moteur Honda. Une Morgan pour Pla/Rusinov/Canal et la première sortie de la Ligier JS P2 avec Mardenborough/Brundle/Shulzhitskiy. C’est là que j’ai chopé le virus de cette course. Tu sens la force de cet événement, la tension, le pourquoi je fais ce métier. La préparation est tellement longue et éprouvante et c’est ce mélange qui fait que tes émotions sont décuplées. Le moment du départ, c’est juste un truc inoubliable et chaque année, c’est la même chose! Il paraît que seul Indy 500 rivalise avec ce monument de la course. Et j’ai touché du doigt la victoire de classe dès ma première participation. Sans une bougie récalcitrante, nous pouvions l’emporter car nous étions largement en tête avec la Ligier à quelques heures de l’arrivée. Je me dois donc de gagner en LMP2 et au général. Ensuite seulement, je me mets à la F1 ou à la pêche, je ne sais pas encore. (rires). »
Quel équipage aux 24 Heures du Mans auriez-vous aimer vous occuper ?
« La question est difficile car j’en ai connu et fait rouler un peu plus ! Et je vais faire des mécontents… Sans aucun doute Filipe Albuquerque qui est le plus complet pour de l’endurance moderne. C’est une perle de justesse et de bonne humeur, en plus de son talent, un rayon de soleil pour une équipe. L‘inévitable Tom Kristensen que je ne connais pas mais qui mérite le respect à vie. Pour gagner autant de fois, même s’il faut un peu de chance, il faut être un sacré bonhomme et avoir ces valeurs de l’endurance : partage, entraide, rester en dehors des problèmes sur la piste. Je prends aussi Olivier Pla pour sa vitesse pure et encore plus sur cette piste. Tout cela en plus de mes relations amicales avec lui. Si je dois mettre un pilote de réserve, Pipo Derani sans hésitation. Il est encore jeune et a moins d’expérience que les trois autres cités mais Le Mans peut compter sur lui jusqu’en 2045 ! Peut être le nouveau Tom Kristensen, qui sait. »
Une auto vous a fait rêver au Mans ?
« S’il ne doit y en avoir qu’une, c’est l’Aston Martin DBR9 pour sa pureté et son bruit. J’ai eu la chance d’avoir ce bijou dans mon équipe Hexis durant deux saisons en Championnat du Monde GT1. L’unique regret est de ne pas l’avoir faite rouler au Mans. Je pense aussi que c’est le meilleur concept public, constructeur, équipe et peut-être même pilotes. Tout le monde s’identifie à cette auto qui est belle, va vite et est géniale à travailler. C’est un « proto » sous une coque de route, une auto qui plait à tout le monde. Peut-être qu’il faudrait y revenir et que ce soit la catégorie de pointe. »
Quel pilote des 24 Heures du Mans vous a fait vibrer ?
« Une mention spéciale à Fred Mako qui mérite d’être dans les trois pilotes cités plus haut. Fred a beaucoup de choses pour lui : le talent, le retour technique, une belle détermination, une rage de vaincre. Il a eu la force qu’il fallait pour devenir pilote d’usine et c’est amplement mérité. Il a passé six ans dans mon équipe en étant un maillon déterminant de la réussite d’Hexis, et je lui dois beaucoup. »