Depuis janvier, Côme Ledogar n’a pas chômé entre la préparation de son équipe de Porsche Carrera Cup France avec Tugdual Rabreau (CLRT), sa présence en Asian Le Mans Series et les 12 Heures de Bathurst, les nuits du pilote de 28 ans sont courtes. Entre chaque escapade asiatique, même celles entrecoupées de quelques jours, Côme Ledogar est revenu en France. Vous traversez un paddock en sa compagnie et vous vous arrêtez toutes les 10 secondes le temps de prendre une photo d’un matériel qui l’intéresse pour sa structure. Le champion Blancpain Endurance Series 2016 vit la vie à fond, sur et en dehors de la piste. Trois Porsche seront alignées cette saison en Cup France avec des livrées qui sont un clin d’œil assumé au Supercars australien. Durant une petite pause dans l’atelier, Côme Ledogar nous a parlé du lancement de son équipe et de son envie d’être irréprochable.
Vous êtes toujours aussi occupé ?
“Je vis le lancement de cette équipe à fond depuis le 15 janvier. Je ne compte plus les heures passées dans les avions avec le wifi pour travailler, la préparation du matériel, de l’atelier, des voitures. Durant les meetings, il y avait deux personnes en moi, le pilote et le patron d’équipe. Je suis bien arrivé à gérer les deux avec une belle campagne asiatique derrière le volant qui s’est terminée par une victoire en Asian Le Mans Series (GT). Une fois rentré à l’atelier, c’était une nuit blanche. J’ai eu un mois assez violent. Avant les premiers essais, je voulais que tout soit parfait.”
Vous avez pu rouler avant le confinement ?
“L’équipe a bouclé quatre jours de roulage où nos trois pilotes de la Cup ont pris la piste, sans oublier les trois du Club. Il a aussi fallu tout préparer en amont avec la location des circuits, des hôtels. Par chance, j’ai une équipe formidable. Je suis vraiment très heureux des pilotes et des mécanos. L’écurie compte trois personnes en permanence et une quinzaine sur les meetings.”
Comment gérez-vous cette période de confinement ?
“Nous sommes quatre dans l’atelier avec toutes les précautions nécessaires. On y est du matin au soir et il ne faut pas être stupide. Il faut vraiment faire attention à tout respecter, ne pas se croiser. Chacun sait ce qu’il a à faire. Je suis content d’aller à l’atelier tous les matins, cette équipe est mon nouveau bébé, l’excitation est là. On travaille dur et fort, tous dans la même direction. Je me sens bien avec l’écurie qui est une vraie famille. Je suis enthousiaste et euphorique tout en ayant confiance du désastre sanitaire actuel.”
La crise actuelle modifie vos plans ?
“J’ai la chance d’avoir un gestionnaire comme Tugdual Rabreau. Il faut être bon pour savoir où on dépense l’argent. J’ai aussi un soutien sans faille des gars à l’atelier. Mon premier objectif est que les autos ne tombent pas en panne. Je suis un casse-pied pour que tout soit parfait. On commence à avoir des méthodes et un espace de travail.”
Votre équipe est rompue à la Cup ?
“J’ai monté une équipe où tout le monde a un lien avec la mécanique, aussi bien de la moto, du rallye, de la Cup et du GT. Je reste persuadé que quand tu as les bonnes personnes, tu peux les former même si elles n’ont jamais fait de Cup. On a les qualités de ses défauts. J’ai un chef d’atelier en or qui vient du rallye, un mécanicien qui arrive du rallye à haut niveau, un qui a fait de la Cup, un qui a l’expérience de l’enduro en moto et un qui connaît bien la Formule Renault. Tous ces gars sont essentiels à l’équipe. Actuellement, on travaille plus sur l’aménagement du bâtiment que sur les autos. La motivation est là et le soir je suis obligé de les faire partir.”
C’est un nouveau rôle pour vous…
“Je sais ce que je veux et il n’y a pas une journée sans que j’ai une pensée pour Philippe Dumas et son équipe Hexis. Sa jeune équipe venait d’horizons différents. On sait tous que le sport auto demande tellement d’investissement que ce n’est pas un métier normal. Plus on grossira, plus ce sera dur, mais je ferai tout pour garder cette cohésion. M’inspirer de ce qu’a fait Philippe est la meilleure chose que je puisse faire. J’ai travaillé chez Hexis quand j’étais plus jeune, je lavais les roues des Aston Martin et je faisais l’essence. Philippe a fait beaucoup pour moi. J’ai vu cette écurie Hexis avec des mécanos qui aimaient leur team manager. C’est lui qui a raison d’être honnête avec les gars. Dans l’équipe, la moyenne d’âge est très basse, ce qui est positif à une époque où on éloigne les gens des sports mécaniques. Là, j’ai plus une famille qu’une équipe.”
Les autos sont prêtes à débuter la saison ?
“Les essais ont été positifs. Adam (Eteki) prend cette maturité avec un besoin de rouler car, malgré ses belles prestations, il a peu d’expérience. Tug (Rabreau) et Emil (Caumes) ont beaucoup progressé en peu de temps. Ils iront tutoyer les pilotes B. Nous avons également Bashar Mardini qui roule pour nous. On a passé beaucoup de temps pour réviser les autos afin qu’elles soient parfaites. On a tout remis à neuf sachant que nous avons un laboratoire pour les boîtes de vitesses. On les révise nous-mêmes.”
Quelle est la prochaine étape ?
“Il nous manque une auto de rallye et après on sera bien (rires). La première étape est la Cup et dans d’excellentes conditions. J’ai envie de développer une activité en rallye, mais j’ai conscience que c’est un autre monde. Il y a aussi le GT3, mais avant, il faut que tout se passe bien avec ce que l’on a. Il ne faut surtout pas brûler les étapes. Aujourd’hui, nous n’avons pas toutes les compétences pour aller en GT3 car cela demande de l’expérience. C’est aussi une autre étape financière sans oublier le risque de performance. Quand ce sera le moment, on ira. Si on y va, ce sera avec le soutien d’un constructeur même si on sait que c’est de la compétition-client.”
La Porsche Carrera Cup France est l’endroit parfait pour débuter ?
“La Cup est la catégorie la plus belle pour une auto qui roule vite. Aujourd’hui, personne ne peut proposer le même concept. Niveau coût d’exploitation, une saison de Cup est l’équivalent d’une course d’endurance de GT3. Le team dispose également d’une Alpine A110 Cup que nous entretenons et que nous faisons rouler en essais.”