Pas facile de gérer les moteurs de LMP3 ainsi que deux ORECA 07 lorsqu’on est à l’autre bout du monde. Chez ORECA, pas de compromis : il faut mettre en place un service compétition-client pour s’assurer que personne ne manque de rien. C’est ce qui se passe pour Ligier ainsi qu’ORECA. Il faut d’abord tout préparer en amont car le réapprovisionnement ne se fait pas tout seul, les pièces étant placées dans les containers de différentes équipes.
Pour rappel, ORECA est le fournisseur exclusif des groupes moto-propulseurs des LMP3 c’est pourquoi la société française envoie systématiquement deux personnes sur chaque manche pour les gérer. De plus, un ingénieur est dédié aux deux ORECA 07 qui sont inscrites cette année en Asian Le Mans Series, celle de G-Drive Racing by Algarve (#26) et de K2 Uchino Racing (#96).
Ces trois hommes de l’ombre sont là pour pallier à tout problème d’une équipe cliente à plus de 10 000 km de la France. En plus d’apporter des pièces et les connaissances mécaniques, ils délivrent également des conseils aux équipes en particulier les asiatiques qui, pour la plupart, sont encore novices dans l’utilisation d’un prototype.
Sébastien Blanzat (à gauche sur la photo) est l’une des deux personnes en charge du suivi des moteurs LMP3, il nous explique le fonctionnement du support client ORECA en Asie et nous décrit les rôles de chacun. « Sur l’Asian Le Mans Series, c’est un peu différent de ce qui peut se passer en ELMS ou en WEC car nous ne pouvons pas nous permettre d’amener toute notre logistique. Cela veut dire pas de camion comme on peut le voir en Europe. Nous sommes deux personnes pour le support technique LMP3. Il consiste en deux choses : apporter des conseils techniques aux écuries, une analyse des données quand le client en fait la demande mais aussi quand il y a des problèmes. On les aide s’ils ont besoin d’une analyse un peu plus fine et pour diagnostiquer d’éventuels problèmes sur la voiture. Nous sommes aussi en charge du petit entretien du groupe motopropulseur, c’est-à-dire que nous ne pouvons pas réviser un moteur sur le circuit, mais s’il y a besoin, nous avons des pièces de secours. S’il y a des ennuis mécaniques, électriques ou électroniques, nous avons la capacité humaine et matérielle pour le faire.
Mon rôle tourne plus autour de l’analyse des données et des conseils. A côté de cela, il y a Antoine Gien (à droite sur la photo) qui est un peu plus sur la mécanique. Il faut savoir que c’est lui qui construit les moteurs à l’atelier de Magny-Cours. C’est d’ailleurs l’une des forces d’ORECA, les gens qui sont à l’atelier se déplacent sur les circuits. Il a donc l’expérience de montage des moteurs et il les suit sur tous les circuits. Les gens savent que c’est son travail et cela veut dire que les conseils qu’il peut prodiguer sur la partie mécanique sont suivis ! »
Denis Lemort est, lui, le technicien en charge des deux ORECA 07 engagées en Asian Le Mans Series. Il est le représentant du département châssis pour ORECA. Comme son homologue LMP3, il construit les voitures à l’atelier et assure également le support sur circuit (conseil de montage, entretien, carrosserie, passage des faisceaux électriques, vente de pièces détachées, etc…). « Cela fait deux saisons et demi que je suis freelance chez ORECA. Depuis 2019, on a vraiment senti une montée en puissance et l’intérêt pour la 07 ne cesse de grandir. On en trouve maintenant partout que ce soit en WEC, en ELMS, en IMSA et désormais deux en Asian Le Mans Series. Cette année, je vais faire tout l’IMSA et donner des coups de main en ELMS, en particulier lors des essais d’avant saison et lors de la première manche à Barcelone. Bien entendu, je serai aux 24 Heures du Mans comme toute l’équipe ORECA. Ici, sur place, en Asian Le Mans Series, je suis en charge des conseils techniques, du support technique et de la gestion des pièces de rechange. Par contre, je ne touche pas du tout à la partie sportive, ce n’est pas mon rôle et, de plus, ce ne serait pas équitable vis-à-vis de toutes les équipes que nous suivons. Ensuite, une fois de retour en France, je retourne chez ORECA avec toutes les informations décortiquées. Nous avons une réunion après chaque course pour savoir ce qui s’est bien passé et moins bien passé afin de réagir au plus vite. »
Comme ORECA n’a pas de container, une autre solution a été trouvée. « Au niveau des pièces détachées, ce sont les équipes qui les transportent sur tout le championnat Asian Le Mans Series et on les répartit par rapport à l’espace disponible car ils ont aussi leur propre matériel » continue Sébastien Blanzat. « Pour le moment, les écuries nous aident, nous tenons vraiment à les remercier car nous ne pouvons pas nous permettre d’avoir un container à cause du coût du transport. Cela concerne moteurs de secours, entretoises de boîte, boîte de de vitesses, et tous les autres petits éléments. Sur place, nous avons accès à leur stand et dès qu’une équipe a besoin de quelque chose, on sait où sont nos pièces. »
Sébastien nous explique ensuite les différentes étapes lors d’une intervention auprès d’un client. « Dès qu’il y a un problème, nous sommes toujours dans les stands ou dans la pitlane, nous sommes toujours accessibles pour les écuries. Une fois prévenus, nous allons voir quel est le souci : si c’est purement mécanique ou s’il faut analyser les données et donc diagnostiquer quelque chose. En fonction de cet état des lieux, nous décidons de changer des pièces ou pas, de réparer. De temps en temps, cela peut aussi être une mauvaise interprétation, donc nous sommes plus là à donner des conseils. »
Nous avons voulu faire une comparaison entre l’Asie et l’Europe au niveau du soutien ORECA. « En Europe, la logistique est plus importante car nous avons l’ELMS, mais aussi la Michelin Le Mans Cup. Le nombre de concurrents est bien plus important et le besoin de ressource humaine va avec. On peut être jusqu’à quatre en Europe (en LMP3) alors qu’en Asian, nous ne sommes que deux… Au niveau logistique, nous avons un fourgon de pièces détachées de première nécessité et de petit volume (électronique, électrique, faisceaux, connecteurs, bougies, bobines, capteurs, boîtes de vitesses) et au niveau des châssis, nous avons une à deux semi-remorques. Pour les moteurs, là aussi, nous avons une équipe assure le transport. Nous en amenons au moins deux par meeting. »
L’un des plus gros défis logistique d’ORECA dans toute l’année est bien entendu les 24 Heures du Mans. « Au Mans, c’est encore plus : nous avons une semi-remorque dans le paddock au plus près des équipes pour les pièces de première nécessité. Dedans, il y a de la carrosserie, des pièces de suspension, etc… Ensuite, nous avons deux semi-remorques plus à l’écart, dans le Village, avec des gars qui travaillent sur la réparation carbone ou sur de la préparation de pièces. »