La Chine a été le premier pays touché par le coronavirus. Alors que le paddock était aux 12 Heures de Bathurst tout début février, la situation en Chine commençait sérieusement à s’aggraver. Alex Gibot, qui gère la structure Porsche Motorsport Asia Pacific, a été contraint de revoir ses plans. Le bureau installé à Shanghai a été réinstallé provisoirement en Malaisie à Sepang. Depuis, Alex Gibot a rejoint la Chine. Le responsable de Porsche Motorsport Asia Pacific nous a détaillé la situation actuelle, mais aussi la réorganisation de l’entité.
Comment allez-vous et comment vivez-vous cette situation en Chine ?
“Je vais bien et la situation en Chine est meilleure. La vie a repris son cours depuis deux ou trois semaines même si le masque est obligatoire pour se déplacer. Durant le confinement, j’ai pu faire du sport dans ma résidence sur une distance de 430 mètres. Les commerces sont rouverts.”
Tout s’est accéléré quand vous étiez à Bathurst ?
“Cela faisait une dizaine de jours que ça commençait à exploser en Chine. Je suis resté en Australie plus longtemps. Des discussions ont eu lieu avec le management de Porsche et il a été décidé de délocaliser le bureau à Sepang avec trois personnes de mon équipe. Après 14 jours passés en Australie, j’ai rejoint la Malaisie. Nous avons loué un atelier à l’entrée du circuit.”
Pourquoi Sepang ?
“Il y avait une vraie logique à être à Sepang. C’est là que doivent se dérouler les essais GT World Challenge Asia Powered by AWS et la Porsche Carrera Cup Asia. Les autos des clients et les pièces sont là-bas. Le bureau a été actif du 10 février au 12 mars. C’était une autre façon d’opérer. Nos voisins étaient nos clients, à savoir Earl Bamber Motorsport, Absolute Racing et Modena Motorsports. Cela m’a permis d’être vraiment connecté et de mieux les comprendre. C’était une bonne courbe d’apprentissage, cela nous a donné des idées pour de nouvelles activités au niveau du service après-vente. C’était aussi l’occasion de faire une séance d’essais non officielle avec les clients. A l’avenir, nous espérons avoir une base fixe car la plupart du temps, le matériel voyage dans des containers de pays en pays.”
Vous avez pu revenir facilement en Chine ?
“Dès l’arrivée à l’aéroport de Shanghai, tout était bien encadré même s’il m’a fallu trois bonnes heures pour en sortir. Nous avons quitté l’avion par petit groupe. Une fois dans le terminal, plusieurs arrêts étaient obligatoires. La première chose à faire était de remplir une fiche médicale avant le passage devant un médecin. En fonction des résultats, on évolue dans le terminal. Avant de sortir, trois files étaient bien distinctes. Une file verte permettait de rejoindre un taxi pour regagner son domicile, une file jaune dirigeait les gens vers un bus pour un hôtel afin d’être mis en quarantaine. Quant à la file rouge, c’était directement l’hôpital.”
Une fois à domicile, plus aucun problème ?
“Trois jours plus tard, je reçois un appel qui me dit que quelqu’un sur mon vol était touché par le Covid-19. Personnellement, je n’avais pas le moindre symptôme. Quinze minutes plus tard, une personne arrive chez moi en combinaison pour m’ausculter. Tout est parfaitement organisé.”
La vie a repris son cours ?
“Les concessions Porsche sont rouvertes, ce qui est un signe positif pour les ventes. Mars a tout de même été un bon mois et avril semble être sur la même ligne. La seule contrainte quand on sort est de porter un masque. En entrant dans les services publics, on doit présenter un QR code. Dans les rues, le trafic repart comme avant même si les rassemblements sont compliqués. Porsche doit lancer le Taycan localement. En temps normal, c’est 500 à 1000 personnes. Là, ce sera une présentation en streaming.”
Il est possible de voyager ?
“Les voyages restent limités. Depuis la fin mars, un étranger ne peut pas rentrer en Chine sauf s’il est muni d’une dérogation. Je peux sortir, mais pas revenir. Il y a un vol par semaine pour la France avec China Eastern sous réserve de ne pas dépasser 75% du remplissage. Les prix sont devenus fous avec environ 10 000 euros le billet en classe économique.”
Vous avez de la visibilité pour les compétitions ?
“Nous sommes au même point que les autres sachant qu’on a la double casquette, celle de constructeur et d’organisateur. La situation reste floue pour les championnats. Nous travaillons différents scénarios. Pour ce qui est de la Porsche Carrera Cup Asia, on peut espérer débuter à Sepang en juillet. Face à cette crise, tout le monde est à égalité. De plus, les règles entre les pays sont différentes, ce qui rajoute un casse-tête supplémentaire. En Europe, il y a un espace commun. Pour la Cup Asia, les pilotes arrivent de 10 à 12 pays. Avoir un événement national est plus simple. On planifie l’organisation de deux événements Sports Cup en Chine. Le challenge est différent, tout comme les clients. On prévoit tous quelque chose sur de l’imprévisible. Il y a un avant, il y aura un après. Après la crise, on appréciera encore plus le métier que l’on fait et qu’on vit de notre passion.”