Comme tous les championnats à travers le monde, l’Asian Le Mans Series a dû s’adapter à la situation sanitaire mondiale, d’autant plus qu’il faut faire voyager en Asie un paddock complet avec toutes les restrictions que l’on connaît. Pour ce cru 2021, exit la Chine, le Japon, la Malaisie et la Thaïlande, bonjour les Emirats Arabes Unis. Le paradoxe de tout cela est qu’avec 36 autos, le plateau Asian Le Mans Series n’a jamais été aussi important en qualité, quantité et diversité. Malgré les difficultés rencontrées, tout le monde a répondu présent. Cyrille Taesch-Wahlen peut avoir la satisfaction du travail accompli pour avoir mis sur pied une belle saison 2021. Le directeur général du championnat a accordé un entretien à Endurance-Info avant le début des hostilités sur la piste.
La situation est tout de même paradoxale avec un tel plateau dans une période aussi trouble…
“Elle peut paraître paradoxale mais quand on y regarde de plus près, elle ne l’est pas tant que ça. Finalement, tous les championnats ACO ont pu se dérouler en 2020, certes différemment, mais ils ont eu lieu. Pour notre cas bien précis, je retiens avant tout le résultat d’un travail acharné de 11 mois. Il ne fallait pas baisser les bras, faire que l’Asian Le Mans Series puisse rouler pour ne pas avoir une saison blanche. Il y avait une envie de rouler de la part des équipes. Elles ont placé une énorme confiance dans le championnat.”
On aurait même pu avoir plus de voitures ?
“Il ne faut pas oublier les quarantaines mises en place dans certains pays. Sans ces quarantaines, nous aurions pu avoir 10 à 12 autos supplémentaires venant de la zone Asie-Pacifique. Nous aurions eu le plus gros contingent d’équipes asiatiques en piste dans le championnat. Chaque année, la série se renforce avec un niveau de perception en hausse et une exposition médiatique qui se développe.“
Les Emirats Arabes Unis sont en Asie occidentale, donc nous sommes encore dans un championnat que l’on peut qualifier d’asiatique…
“Des équipes nous avaient toujours dit qu’elles seraient réceptives à avoir une manche dans la région. La situation sanitaire fait que nous sommes là car il fallait avoir un plan d’avance, mais la Chine et le Japon font toujours partie des priorités.”
Comme tout le monde, vous n’avez pas pu vous rendre en Asie depuis la finale 2019/2020. Vous avez passé votre année au téléphone ?
“Nous étions en contact permanent avec les équipes en ayant toujours leur soutien, y compris les équipes asiatiques. Pour ma part, je suis rentré le 25 février 2020 de Buriram et je suis venu à Dubaï en décembre dernier. Entre les deux, il n’a pas été possible de quitter l’Europe.”
La grille 2021 doit vous satisfaire ?
“En premier lieu, c’est fantastique de rouler, en plus, la grille est très belle et il n’y a pas d’année creuse pour l’Asian Le Mans Series. Cela nous permet aussi de faire découvrir l’environnement ACO à de nouvelles équipes. L’une de nos priorités a été de contenir le plus possible les coûts.”
En faisant le tour des équipes, on sent bien que les 24 Heures du Mans sont à l’esprit, mais pas seulement. Là aussi, il y a de quoi se réjouir…
“Les équipes viennent pour disputer un championnat qui leur permet de rouler toute l’année. L’Asian Le Mans Series est un championnat à part entière. Nous avons des équipes qui viennent d’horizons variés : IMSA, DTM, ELMS, WEC, IGTC, GT World Challenge. La qualité et la quantité sont en progression.”
Vous avez pensé capituler ?
“Je n’ai jamais ressenti au fond de moi l’idée d’abandonner. On ne pouvait pas totalement l’exclure, mais je n’ai jamais été dans cet esprit de tout arrêter. Nous avons tout fait pour rouler en Asie tout en anticipant.”
Jusqu’à maintenant, la grille GT était peu fournie. Là, vous avez un plateau exceptionnel…
“Nous avions tout de même 16 GT à Zhuhai il y a encore quelques années, mais il est vrai qu’on manquait de GT. L’Asian Le Mans Series offre de nouvelles opportunités à de nouvelles équipes GT de rouler en hiver, de montrer leur intérêt pour les 24 Heures du Mans. Tout cela est positif pour la pyramide ACO.”
Le calendrier 2021/2022 sera publié lors de la finale d’Abu Dhabi ?
“L’annonce se fera plus tard car il nous faut suffisamment de visibilité sur l’avenir. Je peux juste dire que nous avons déjà travaillé sur un calendrier Asie-Pacifique si la situation s’améliore.”
On sent tout de suite en arrivant dans le paddock que les protocoles sanitaires sont respectés…
“Il faut en premier lieu souligner le travail effectué par les circuits avec des contraintes qui ont évolué au gré des semaines. Les circuits ont été désireux de nous accueillir. Ils ont modifié leurs calendriers initiaux pour cela. Ensuite, tout le monde a vite compris que c’était une chance de pouvoir rouler. Avec l’expérience conjuguée de l’ACO et Le Mans Endurance Management sur les protocoles à mettre en place, nous avions une très bonne base de travail. Le paddock complet représente environ 600 personnes.”