En 1998, David Floury s’occupait de la télémétrie de la Nissan R390 GT1 officielle #31 de Erik Comas, Andrea Montermini et Jan Lammers aux 24 Heures du Mans. Vingt ans plus tard, on retrouve David Floury au sein du Toyota Gazoo Racing. Pour la petite histoire, Paul Thomas (ingénieur d’exploitation chez DragonSpeed en 2018) s’occupait lui aussi de la télémétrie chez Nissan en 1998.
David Floury a débuté au Mans il y a tout juste 20 ans : “J’avais envoyé une lettre et un CV au Tom Walkinshaw Racing. Je n’étais pas très bon en anglais. TWR me faisait rêver et j’ai eu la chance d’y travailler durant six mois, aussi bien au bureau d’études. Le programme Nissan GT1 s’est arrêté après Le Mans et j’ai rejoint ensuite BMW où nous avons remporté les 24 Heures du Mans 1999.”
Quand on voit comment le monde des télécommunications a évolué en deux décennies, on s’est dit qu’il doit en être de même pour la télémétrie. “Le principe même de la télémétrie est identique”, nous a déclaré David Floury. “L’objectif est bien de connaître en temps réel les réactions de la voiture. Bien entendu, le processus d’analyse des données a bien évolué. A l’échelle de la course automobile, 20 ans c’est énorme. Le produit Excel était déjà bien abouti (rires). Au Mans, la couverture sur un tour complet a toujours été un problème compte tenu de la longueur du tracé. Les zones blanches étaient courantes. Les choses se sont bien arrangées au fil du temps et le volume de données est bien plus élevé. A la fin des années 90, les caméras embarquées n’étaient pas aussi présentes, les capteurs moins nombreux sur les autos. Maintenant, on arrive à tout savoir sur l’auto mais aussi sur le pilotage. On est passé d’un outil qui permettait de surveiller les paramètres critiques d’une auto à un outil de développement de la performance.”
La technologie de plus en plus poussée sur les LMP1 a logiquement fait que la télémétrie a évolué, comme l’explique David Floury : “La Peugeot 908 a fait que la télémétrie a été dimensionnée plus largement et l’hybride a encore plus fait évoluer les choses. En 1998, une seule personne s’occupait de la télémétrie, la préparation était nettement moins pointue qu’elle peut l’être maintenant. La course a évolué à tous les niveaux. A cette époque, le travail était manuel et répétitif. Il y avait des aspects plus marrants (rires). Il ne faut pas bercer dans la nostalgie, c’était juste différent.”
“Le Mans, c’est plus une course de gestion des risques”, souligne David Floury. “Les autos ont beaucoup progressé en fiabilité sachant que ces dernières années, on a assisté à un sprint de 24 heures. Parfois, ça casse pour tout le monde et c’est le ‘moins mauvais’ qui l’emporte. Le Mans est moins une course stratégique comme cela peut exister aux Etats-Unis où la technique est moins impactée que les règles sportives.”