Après trois manches FIA WEC, Rebellion Racing peut être satisfait de la fiabilité de sa R13 développée par ORECA Technology : 6 départs, 6 arrivées. La victoire décrochée à Silverstone, même sur tapis vert, est bonne à prendre. Pour aller en gagner une à la régulière, il va falloir attendre un faux pas des Toyota ou un EoT (Equilibre of Technology) plus favorable. David Floury, directeur technique ORECA Technology, a fait le point avec nous sur le programme LMP1, mais aussi sur la future catégorie LMP.
Quel est votre sentiment après trois courses FIA WEC ?
“Le premier bilan est globalement positif. Nous continuons de peaufiner les détails en cours de saison. Six départs et autant d’arrivées nous confortent sur certains choix faits il y a un an.”
L’EoT est encore loin du compte ?
“L’exercice est tout sauf facile quand on a des prototypes qui ont un fonctionnement différent. Cela prend donc du temps pour équilibrer des hybrides et non hybrides. De plus, les circuits empruntés sont différents. Le tout fait donc que c’est assez compliqué. C’est moins rationnel et mathématique que l’équivalence essence/diesel à partir de 2014. C’est dans l’intérêt des différents acteurs que les courses soient belles et disputées.”
La victoire à Silverstone, même sur tapis vert, est tout de même bonne à prendre…
“Si je prends la casquette Toyota, Silverstone laisse un goût amer. Si je prends celle d’ORECA, elle est positive. Après trois courses, la Rebellion R13 est la meilleure LMP1 non hybride et l’objectif est de conserver cette position. Il faut être à l’affût derrière les Toyota. Cependant, gagner une course sans monter sur le podium n’a pas la même saveur. L’histoire retiendra tout de même que le Rebellion Racing est la première équipe privée à avoir remporté une course FIA WEC.”
Si une autre équipe souhaite disposer d’une Rebellion R13, elle peut en faire la demande ?
“La décision appartient à Rebellion, mais ce n’est pas un secret de dire qu’il y a une volonté d’étudier les demandes.”
Les discussions se poursuivent sur l’avenir de la catégorie reine ?
“C’est plus long qu’on le souhaiterait avec des inquiétudes sur le budget même si les choses évoluent dans le bon sens. J’espère que l’Endurance aura une plate-forme commune et globale. Tous les acteurs seront gagnants. La catégorie GTE en est le parfait exemple avec des autos qui peuvent participer à deux championnats d’envergure sur deux zones géographiques différentes. Cela fait très longtemps qu’on n’a pas eu une plate-forme commune pour la victoire au général sur les grandes courses d’endurance où il y a des prototypes. Je pense que la dernière fois remonte au début de l’ère du Groupe C, soit il y a près de 30 ans.”
Cela ne met pas en péril la présence d’un constructeur qui ne propose pas une Hypercar de route ?
“Il n’est pas interdit de partir d’une feuille blanche. Des critères définissent l’éligibilité des autos, ce qui ne met pas de côté les constructeurs privés. Tout est fait pour avoir un futur intéressant avec une grande diversité de look, de forme et de sonorité. Les autos parleront aux fans. On a tous une belle opportunité de relancer l’Endurance. Si je prends ma casquette de passionné, le futur s’annonce excitant.”
Et l’hydrogène ?
“J’entends la pertinence technologique qui, comme toute technologie, a ses avantages et ses inconvénients. En attendant d’en savoir plus, je préfère me concentrer sur le règlement qui arrive. Attention toutefois à ce que ça ne brouille pas les cartes.”
Sur la partie américaine, ORECA poursuit les discussions en DPi et LMP2 ?
“J’étais encore il y a quelques semaines à Laguna Seca pour suivre la manche IMSA. Le championnat est très beau et nous intéresse beaucoup. Il y a toujours des discussions pour le futur qui est très lié à l’évolution du règlement.”
Quel est votre avis sur la séparation LMP2/DPi ?
“Il y a du pour et du contre. A ce stade, il est difficile d’anticiper la manière dont les choses vont évoluer. Le risque est d’avoir des catégories peu fournies. Le schéma est quasiment identique à ce qu’on retrouve en FIA WEC avec la catégorie LMP1 pour les Pro et LMP2 pour les Pro-Am. CORE autosport montre que remporter le championnat est réalisable.”
ORECA est le constructeur le plus présent en LMP2 d’une façon générale. Une belle récompense…
“On ne peut pas nier qu’on a la plus grosse part du marché en LMP2, mais nous avons aussi beaucoup travaillé pour cela. La Riley LMP2 n’a jamais percé, si bien qu’on s’est vite retrouvé avec trois constructeurs. Les trois sont représentés en ELMS et en WEC.”