De 5 à 41 lettres en 20 ans…

Le 1er avril 2001, j’étais devant mon écran de télévision pour suivre le premier meeting Eurosport Super Racing Weekend qui se tenait à Monza avec un plateau mêlant GT, monoplace et Tourisme. A cette époque, ma vie semblait bien calme avec un métier traditionnel et des courses suivies devant le petit écran à l’exception des 24H du Mans.

Le 17 avril 2011, soit une décennie plus tard, nouvelle vie. J’étais en salle de presse, pass média autour du cou, à Monza pour assister au lancement de la Blancpain Endurance Series.

Le 17 avril 2021, je serai toujours à Monza, masque sur le visage, pour couvrir le Fanatec GT World Challenge Europe Powered by AWS. Les temps changent, le nom du championnat a pris de l’embonpoint. En 20 ans, on est passé d’un concept génial de voir à la télévision sur un même programme trois disciplines du sport automobile à une série qui prend le nom d’une marque de montres puis à un nom de championnat qui fait le bonheur des joueurs de Scrabble avec deux partenaires qui font dans le virtuel (Fanatec, AWS).

Pour résumer la situation, un championnat à 5 lettres en 2001, 24 en 2011, 41 en 2021. C’est ce qu’on appelle l’inflation.

Le 17 avril 2021 à 18h55, vous me trouverez près de la Fanatec Arena au sein du paddock pour suivre le Fanatec Esports Pro GT Series. Une compétition virtuelle directement sur un circuit, vous me direz que ça n’a rien d’innovant. En 2004, on pouvait jouer à GTR, le jeu officiel du FIA GT développé par Simbin, au sein des paddocks FIA GT. Une Chrysler Viper GTS-R aux couleurs de GTR était même engagée dans le championnat.

Les temps changent et pas qu’en virtuel. Imaginez qu’en avril 2021, il faut remplir une tonne de papiers, aller se faire mettre un coton tige dans le nez et emmener un stock de masques pour se rendre en Italie. Une pièce d’identité ne suffit plus. Pour en revenir à la partie sportive, nous allons assister à une course virtuelle dans le paddock qui va donner des points en fin de saison (3, 2, 1) au championnat réel.

Que faut-il penser de cette nouvelle initiative ? Une idée saugrenue ? Une idée lumineuse ? Si vous êtes un inconditionnel de la piste, cela vous fera ni chaud ni froid. Vous allez marmonner : “nan mais merde quoi, pis quoi encore”. Si en 2001 on vous avait dit qu’on ferait rouler autant d’amateurs en sport auto, vous auriez rigolé. Il faut vivre avec son temps. Donc en 2021, vingt-quatre pilotes du championnat réel vont s’affronter au beau milieu du paddock sur une course virtuelle d’un format d’une heure. Il y a de l’argent à gagner et des points au championnat réel à récupérer. Tout le monde y trouve donc son compte.

GTR2

Souvent précurseur en sport automobile, Stéphane Ratel tient peut-être là un concept qui sera la norme dans quelques années. Qu’en sera-t-il en avril 2031 ? Que l’on soit sensibilisé aux courses virtuelles ou pas, on ne peut pas ignorer le phénomène. On a eu le diesel au Mans puis l’hybride et bientôt l’hydrogène. Alors, on peut bien avoir une course virtuelle dans un environnement réel. La future plateforme Endurance-Info aura d’ailleurs une rubrique dédiée au Sim Racing.

Il y a tout juste un an, en plein confinement, une “guerre” s’était instaurée entre les inconditionnels du virtuel, dont fait partie Thomas Bastin, et les autres. C’est d’ailleurs lui qui sera chargé de la rubrique Sim Racing sur EI mais il ne le sait pas encore. Depuis avril 2020, chacun a repris sa vie, le virtuel chez soi, le réel sur les circuits. A Monza, on aura un mix des deux.

Qu’on ne se méprenne pas, une équipe demande à ses pilotes d’être au top sur la piste plus que dans un simulateur. Du moins pour le moment. Le concept génial des 24 Heures du Mans Virtuelles était un programme de divertissement très réaliste. Peut-être aussi que cette course a ouvert une nouvelle voie. Les constructeurs investissent de plus en plus d’argent sur le virtuel. BMW Motorsport propose même un volant identique entre le jeu vidéo et la M4 GT3.

Si vous reprenez les livres des années 60, beaucoup voyaient des voitures volantes au Mans dans les années 2000. Nous sommes en 2021 et les voitures volantes restent imaginaires. En revanche, les courses virtuelles se rapprochent du réel. Que le meilleur gagne ce dimanche à 18 heures…