Endurance-Info est très honoré aujourd’hui. Derek Bell, quintuple vainqueur des 24 Heures du Mans, a gentiment accepté de répondre à quelques questions pour notre rubrique du Club des Pilotes.
Le pilote britannique, Membre de l’Empire Britannique (MBE depuis 1986 pour services rendus en sports mécaniques) puisqu’il a été anobli par la Reine Elizabeth II, a disputé 26 fois les 24 Heures du Mans, émargeant au quatrième rang dans la hiérarchie du nombre de participations derrière le recordman Henri Pescarolo (33), Yojiro Terada (30) et Bob Wollek (29).
Avec cinq victoires au Mans en 1975 (ci-dessus), 1981, 1982, 1986 et 1987 (ci-dessous), il est troisième au palmarès des vainqueurs derrière Tom Kristensen (9) et Jacky Ickx (6), à égalité avec Frank Biela et Emanuele Pirro.
Ce que l’on connaît moins en revanche, c’est que Derek Bell est le pilote qui a été le plus souvent classé aux 24 Heures du Mans, avec 20 arrivées, contre 18 à Olivier Beretta, 17 à Bob Wollek et Yojiro Terada, 16 à Jan Magnussen et 15 à Henri Pescarolo et Jan Lammers.
Nous ne détaillerons pas in extenso le palmarès de Derek Bell, mais rappelons que, outre ses victoires au Mans et ses quatre podiums supplémentaires dans la Sarthe (1983, 1985, 1988 et 1995), il a remporté trois fois les 24 Heures de Daytona (1986, 1987 et 1989), a terminé six fois sur le podium des 12 Heures de Sebring et a été vainqueur dans pratiquement toutes les plus grandes courses d’endurance au monde : 6 Heures de Watkins Glen (4), d’Imola, de Fuji, de Silverstone, 1000 Km de Brands Hatch, de Spa (3), de Buenos Aires, de Paris, de Zeltweg, de Monza, de Mosport, d’Hockenheim, du Nürburgring. Ce dont on se souvient moins en revanche, c’est qu’il a pris part à dix Grands Prix de F1 entre 1968 et 1977, sur Ferrari, McLaren, Brabham, Surtees, March, Tecno et Penske.
Quand vous avez commencé à courir, que représentait Le Mans pour vous en tant que jeune pilote ?
« Pour moi, Le Mans était la plus grande course du monde, mais mon rêve était d’être pilote de F1, certainement parce que c’était dans cette optique que nous développions nos capacités de pilotage d’une voiture de course pour aller en F3, en F2 et, nous l’espérions, en F1. Cependant, Stirling Moss était mon héros et, quand il courait au Mans, j’écoutais à chaque fois la radio pendant la nuit dans mon lit! »
Vous avez couru au Mans avec Henri Pescarolo, Vic Elford, Brian Redman, Ronnie Peterson, Pedro Rodriguez, Jackie Oliver, Gérard Larrousse, Jochen Mass, Hans Joachim Stuck, Andy Wallace, Chris Amon, Bob Wollek, Hurley Haywood, Mario Andretti, Yannick Dalmas, pour ne citer que quelques-uns de vos adversaires et partenaires. Lesquels vous ont impressionné le plus ?
« J’étais impressionné par tous les pilotes que vous avez mentionnés. Ma première course à bord d’un prototype, c’était lors des 1000 Km de Spa 1970 avec une Ferrari 512S privée (la Ferrari #23 de l’Ecurie Francorchamps, avec Hugues de Fierlant, 6ème de l’épreuve, NDLR) et après cette course, Enzo Ferrari m’a demandé de piloter au Mans, ce qui est une toute autre affaire (Ferrari 512 S #7, ndlr)… Aussi, mes yeux étaient franchement grands ouverts à l’idée de piloter aux 24 Heures du Mans si tôt après avoir fait une seule course en prototype. J’étais très heureux de courir avec et contre tous les pilotes que vous avez cités, comme nous disons en Anglais, c’était « un Baptême du Feu ».
Vous avez disputé 26 éditions des 24 Heures du Mans, mais si Porsche n’avait pas retiré ses voitures en 1984 en raison du changement de réglementation concernant la consommation de carburant, vous auriez couru dans la Sarthe 27 fois consécutivement. Rétrospectivement, regrettez-vous le retrait de Porsche ?
« Je n’approuvais pas le changement de réglementation de la consommation de carburant, même si cela a impliqué que nous n’étions pas autorisés à prendre part à la course cette année-là ! Je pense qu’avoir pris part à 26 éditions des 24 Heures du Mans, c’est suffisant ! 27 fois, ce n’était pas nécessaire. »
Vous avez obtenu quatre victoires au Mans avec Porsche. Pouvez-vous expliquer la suprématie de Porsche à cette époque ?
« Tout simplement, Porsche était la meilleure équipe où il fallait être et elle avait les meilleures voitures, et j’ai eu la chance de courir avec les meilleurs pilotes. »
Les fans de Porsche en sauront davantage sur les courses de Derek Bell au Mans avec Porsche ici
Vous avez couru au Mans sans et avec les chicanes dans les Hunaudières. Quelle est votre préférence ?
“Je déteste les chicanes (en Français dans le texte) !! »
Vous avez également couru au Mans avec un seul coéquipier et aussi avec deux. Est-ce très différent ?
« Il y a une grande différence quand vous courez avec un équipage de deux ou de trois pilotes. Avec un équipage de trois pilotes, on a moins de travail à faire ! »
A suivre…