Deuxième partie de l’interview que Derek Bell, quintuple vainqueur des 24 Heures du Mans, a donné à Endurance-Info…
En 1995, vous avez couru au Mans avec votre fils Justin (3ème avec Andy Wallace sur une McLaren F1 GTR de Mach One Racing). Est-ce très particulier ?
« Oui, c’était spectaculaire d’être sur le podium des vainqueurs avec mon fils, Justin, le jour de la Fête des Pères, même si nous n’étions que troisièmes. »
Vous avez couru au Mans avec deux équipes françaises, Renault Sport et Courage Compétition. Quelle était l’ambiance dans ces deux écuries ? Était-ce différent dans une équipe d’usine comme Renault ou dans une équipe privée comme Courage Compétition ?
« Courir pour Renault Alpine et être le seul non Français était incroyable. Quelle équipe de professionnels ! Les voitures étaient très rapides et magnifiques à piloter. Mon impression immédiate a été de penser que c’était une nouvelle équipe dynamique déterminée à gagner et que la F1 serait la nouvelle étape. Notre première année (1977) a été décevante pour nous tous car Jean-Pierre Jabouille et moi étions largement en tête de la course au milieu de la matinée du dimanche avant de perdre un cylindre. La deuxième année (1978) a été un grand succès avec une victoire merveilleuse. Ils étaient en route !!
Courage a été une expérience différente. A cette époque, les voitures n’étaient pas très compétitives, mais néanmoins elles étaient excellentes à piloter. C’était une équipe très soudée et très organisée. »
Que pensez-vous de l’accord entre l’ACO et l’IMSA ? Etes-vous plus Hypercar ou LMDh ?
« Je suis très content qu’ils aient commencé à se mettre d’accord, mais j’attends que ce soit un accord mutuel avec la possibilité que les voitures européennes viennent aux USA. Les Hypercars, ça semble intéressant, mais il faut qu’il y ait davantage d’équipes intéressées.
Surtout, nous ne devons pas oublier que Le Mans est le plus grand test d’Endurance pour l’homme et la machine. Les hautes performances sont très souhaitables, mais mon souci est que la course soit abordable pour les privés car ils ont toujours soutenu la course et sont l’épine dorsale de la compétition. »
Pourrait-on vous voir au volant lors de quelques meetings historiques en 2020 ?
« Je ne me vois pas faire beaucoup de compétition, mais j’apprécie toujours l’opportunité de piloter des voitures de course.
Mon fils, Justin, Gunnar Jeannette et Rodrigo Sales ont vraiment passé un bon week-end lors de Daytona Classic au début du mois de décembre dernier et ils ont été vainqueurs avec la Porsche 962 Lowenbräu, avec laquelle j’ai remporté de nombreuses courses associé à Al Holbert dans les années 1980. »
Etes-vous optimiste à propos de l’avenir du sport automobile ?
« Le sport automobile est très solide. Cependant, ça peut dépendre de la Formule E et de la manière dont les voitures de Formule E connaîtront le succès. »
Vous êtes Membre de l’Empire Britannique depuis 1986. En êtes-vous fier ? Que cela représente-t-il pour vous ?
« C’est pour moi un grand honneur d’être MBE. Avoir reçu cette distinction de la part de la Reine et de mon pays a été la plus grande récompense .
Pour revenir sur Le Mans, c’est tout simplement la course la plus grande et la plus chargée d’histoire au monde. »
Nous remercions vivement Derek Bell pour sa gentillesse.