Suite de l’enquête d’Endurance-Info sur les différentes modifications apportées au règlement LMP2 qui entre en vigueur cette année pour tous les championnats badgés ACO… (partie 1 à retrouver ICI)
Un timing trop court…
L’autre élément qui chiffonne certains team-managers est le timing de cette annonce : « C’est dommage que cette annonce intervienne à seulement 10 jours du début des premiers tests officiels et à 15 jours de la première manche ELMS. Certes, tout cela est fait dans le but de limiter les performances. A ce moment-là, retirons le LMP2, acceptons uniquement les LMP3, tout le monde sera content car cette catégorie est 40% moins onéreuse. Honnêtement, je trouve cette annonce vraiment triste pour la catégorie ! »
Un team manager étranger roulant en ELMS nous a même avoué : « Je ne suis pas du tout content de ces décisions, je pense qu’ils ont tort. Il est plus facile pour les Hypercars d’aller plus vite. Pour ma part, c’est simple. Si nos clients ne sont pas contents, ils ne paient pas et nous n’engageons pas d’autos. »
« Certes, la décision est tardive, » nuance un autre. « Nous avons reçu les pneus tardivement et les tests Goodyear ont été fait début mars. Plus le temps d’analyser les données récoltées. Le but reste d’avoir une auto agréable à piloter pour les gentlemen et que chacun trouve sa place. J’espère que l’engouement des constructeurs vers l’Hypercar va aussi dynamiser le LMP2.»
Encore des coûts supplémentaires
Ce serpent à plusieurs têtes est le leitmotiv qui revient sans cesse dans les conversations au sein du paddock. Tout cela coûte trop cher. « Nous sommes dépendants de décisions de dernière minute. Il faut arrêter de dépenser ces sommes folles. Il faut aussi signaler qu’on a dû acheter entre 15 000 et 20 000 euros de pièces à cause de la première modification moteur. Donc cela plus le fameux kit aéro, on tourne autour de 50 000 euros ! Tant mieux si des équipes ne sont pas à cela près, mais chez nous, on l’est ! Et les équipes qui ont vendu leur volant vont certainement perdre une partie de leur marge s’ils en avaient ! Le sport automobile reste un métier, mais c’est aussi un business. » Un autre confirme : « Un kit Le Mans, c’est 10 000 euros. La plupart des équipes en ont déjà un surtout quand on fait Le Mans. Nous n’avons pas tout en stock, mais nous en avons un en rechange que l’on doit refaire, cela ne nous empêchera pas de mettre la main au portefeuille. De toute façon, pour nous, il fallait le faire pour Le Mans. »
Des inquiétudes demeurent…
« Ma plus grande préoccupation ne vient vraiment de cette annonce, mais plutôt de 2022, 2023 et après, » s’inquiète un responsable français. « Qu’allons-nous faire de toutes ces ORECA 07 ? Il ne faut pas que l’on se retrouve comme en LMP3 où le marché de l’occasion n’existe pas. Il ne faut pas mettre ces voitures au garage. Les autres constructeurs mettent la pression pour vendre des voitures. Faire une année de plus avec les 07 me satisferait. Il va falloir rapidement se poser la question de ces autos. Il y a plus d’une quarantaine de voitures à travers le monde, il faudrait imaginer un terrain de jeu pour ces autos dans le futur, un championnat Pro / Am, une autre série, je ne sais pas. Ce serait dommage de les mettre au garage en attendant qu’elles soient classées historiques pour les ressortir ! »
Quant à un autre, lui aussi exprime ses craintes mais elles concernent plus la pérennité des équipes de LMP2. « La problématique n’est pas cette annonce qui découle de la présence de l’Hypercar, c’est-à-dire un produit sans prendre conscience que les LMP2 allaient être plus rapides. Ce sont juste les conséquences d’une décision d’il y a deux ans. De toute façon, on ne peut pas être plus rapide que cette catégorie. Il faut juste espérer que Toyota joue le jeu, qu’ils montrent vraiment leurs performances. En fonction des décisions qui seront prises, on pourrait avoir dix à onze équipes LMP2, avec deux autos par team, ce qui amènerait une certaine stabilité pour le championnat, les équipes mais aussi nos entreprises. Pendant trois ans, on pourrait être sûr d’avoir une place aux 24 Heures du Mans. Les décisions de la semaine dernière ont été prises car la base était mauvaise et là on en tire les conséquences. Le compromis trouvé est, à mon avis, le plus acceptable. Il faut aussi dire que la période que l’on vit actuellement ne nous a pas aidés, mais il est vrai que les décisions arrivent toujours trop tard. Heureusement que la plupart des équipes disposent d’un kit Le Mans, sinon je ne sais pas si ORECA aurait pu fournir tout le monde dans le temps imparti. »
En tout cas, vous l’aurez compris, les dernières décisions n’ont pas fait que des heureux en coulisses avant cette première manche à Barcelone (18 avril). Une réunion pourrait d’ailleurs être organisée dans les prochains jours. Affaire à suivre !