Un an tout juste après la sortie de son livre ‘Jour de Course’, Didier Calmels garde un oeil avisé sur le sport automobile. Son avis sur l’avenir de l’Endurance a séduit l’ensemble des lecteurs de ‘Jour de Course’. Nous sommes donc allés à la rencontre de Didier Calmels pour savoir si son point de vue avait évolué un an après…
Quel est votre regard sur l’Endurance un an après la sortie de ‘Jour de Course’ ?
“Ce qui m’a marqué, c’est le retournement des choses. Après Le Mans, tout le monde était désespéré. Personne n’imaginait ce retournement avec un tel plateau en FIA WEC. Même la Formule 1 qui a connu des années difficiles a mis plus de temps à s’en remettre. Je dois avouer qu’à l’été 2017 j’étais pessimiste.”
Vous ne regardez toujours pas la Formula E ?
“Je suis très heureux de ce que fait Jean-Eric Vergne. Il a été maltraité dans le passé et démontre de façon somptueuse qu’il faut compter sur lui en Formula E et LMP2. Je suis content pour les pilotes qui roulent dans le championnat électrique. Quand des Français roulent, je suis ravi et cela change forcément mon regard. La série n’est pas ma tasse de thé car elle manque de bruit, d’essence et de vitesse. Les voitures devraient aller de plus en plus vite à l’avenir, mais comment gérer la sécurité sur les circuits en ville ?”
Pour en revenir à l’Endurance, on parle d’un retour des autos typées GTP. Vous êtes en phase avec cela ?
“Le Look GTP, c’est génial. Tout le monde y trouverait son compte. Ainsi, les constructeurs ne pourraient pas échapper aux 24 Heures du Mans. C’est là où il faudrait être et c’est tant mieux pour nous tous.”
Vous vous attendez à une belle édition des 24 Heures du Mans 2018 ?
“C’est pour moi chaque année le même rituel. Je viens au Mans avec le même bonheur. La catégorie LMP1 est incertaine, le LMP2 est somptueux et le GTE est serré. Je suis d’accord avec ceux qui disent que Le Mans choisit son vainqueur. La course va être passionnante du début à la fin.”
Toyota n’a donc pas course gagnée ?
“Déjà, il faut leur tirer un grand coup de chapeau de poursuivre. En alignant deux autos et non trois, Toyota prend des risques et si la marque gagne, ce serait une juste récompense même si j’aimerais bien que la concurrence vienne les chatouiller. Rebellion a un bon coup à jouer car ORECA connaît bien la musique.”
La présence de pilotes de F1 au Mans est un plus ?
“C’est forcément un avantage. La présence de Fernando Alonso compense un peu la perte de Porsche en LMP1. Il y a aussi Button et Montoya. J’ai été sidéré de voir la popularité d’Alonso aux 6 Heures de Spa.”
Si vous deviez relancer le Calmels Sport, vous prendriez quelle direction ?
“On regarde du côté du GT4 car cela permet de disputer beaucoup de courses dans le monde entier. La catégorie correspond parfaitement à ce qu’on veut faire. Il y a le plaisir et le voyage. Je suis plutôt intéressé par les coures d’endurance en GT4. La France a la chance d’avoir l’ACO, SRO et Peter Auto. C’est une bonne période, il faut donc en profiter, ce qui fait que je vais continuer à rouler en historique sur une Alpine.”
“Le GT fonctionne bien dans sa globalité. Est-ce que les marques continueront en GTE si le GTP fait son retour ? Je ne sais pas… “
Selon vous, le sport automobile se “sécurise” trop ?
“Il faut garder en tête que le sport auto doit rester un sport extrême. Si les pilotes ne prennent aucun risque, il n’y a pas d’intérêt. Il faut de l’adrénaline car les gens viennent aussi pour cela. Attention, je ne dis que les spectateurs viennent pour que les pilotes se tuent mais bien pour qu’ils prennent des risques, qu’ils gagnent, qu’ils abandonnent. Pourquoi nous sommes tous passionnés par les descentes de cols au Tour de France ? On aime les montées mais aussi les descentes car la prise de risque est accentuée et le sport n’en devient que plus beau.”