« Nous ne savons pas trop où on va du point de vue économique ! » Le ton est donné par Sarah Abadie qui dirige conjointement Panis Racing avec son frère, Simon et Olivier Panis. L’écurie française est impliquée en European Le Mans Series avec une ORECA 07 (#31) pour le trio Will Stevens, Nico Jamin et Julien Canal. Alors que l’équipe se battait encore ce week-end pour la place de vice champion ELMS (avec leur 5e place aux 4 Heures de Portimão, la structure tricolore a finalement terminé 4e au classement général Equipes), les regards sont déjà tournés vers 2021.
La prochaine saison se prépare maintenant, mais… « cela ne s’arrête jamais, plus ça va, plus cela coûte cher ! Il faut savoir que les LMP2 d’aujourd’hui vont plus vite que les LMP1 d’il y a dix ans. Les gens qui dirigent les différents championnats sont déconnectés du terrain. Nous avons de vraies inquiétudes pour la saison 2021 et elles devraient être partagées par les décideurs. Nous avons besoin de savoir quoi faire, nous aimerions avoir de vraies solutions, des décisions concrètes et des tendances pour l’année prochaine car nous sommes en train de travailler pour aligner une auto en ELMS. Mais pas un coup de fil, rien, nous sommes dans l’expectative et les pilotes aussi. Et qui dit pas de business, dit pas de sponsoring et il faut savoir que beaucoup d’équipes, comme la nôtre, ne dépendent pas d’un très gros investisseur ! »
Pourtant, Sarah Abadie a des idées pour réduire les coûts en LMP2. « On pourrait déjà commencer à faire des économies au niveau des essais collectifs qui sont organisés sur chaque meeting ELMS le jeudi. Chaque journée coûte 50 000 euros et on pourrait très bien éviter de dépenser ces 250 000 euros / an. Le vendredi est une journée avec une seule séance d’essais libres d’1 heure 30 (plus 30 minutes de Bronze Test, ndlr). Ajouter une séance d’essais libres serait possible tout en abandonnant les test du jeudi (d’une durée de six heures, ndlr). Par contre, il ne faut pas toucher à l’allocation de pneus, je pense qu’elle est bonne. Si on en a moins, on finira par ne plus rouler à certains moments et ça, nos clients ne le veulent pas ! »
En plus des coûts qui flambent, d’autres inquiétudes demeurent. « On attendait des annonces fortes ici, à Portimão, car il s’agit de la dernière manche ELMS de la saison. Par exemple, qu’en est-il du moteur pour 2021 ? Combien de chevaux aurons-nous en moins ? Comment cette perte de puissance va-t-elle concrètement s’effectuer ? Est-ce ce que cela va faire baisser les budgets ? »
Un autre domaine tracasse la team manager de Panis Racing qui vient de signer son premier podium aux 24 Heures du Mans (3e place) il y a un peu plus d’un mois. « L’ACO a annoncé un plan social il y a quelques semaines. De plus, Gérard Neveu, le directeur général de l’ELMS, s’en va. Qui va prendre sa place ? Il était notre unique interlocuteur jusqu’à présent. Sur cela non plus, nous n’avons pas d’informations ! »