Quand vous voulez progresser en sport automobile, vous avez deux possibilités : limer le bitume sur simulateur ou limer le bitume sur la piste, même si seule la piste rend son verdict. Le Duqueine Engineering propose de mixer les deux sur sa base d’Alès au sein de son centre d’entraînement qui comprend un simulateur professionnel avant de valider les acquis sur la piste située à quelques mètres du centre. Yann Belhomme, team principal de l’équipe, nous a convié à une séance de roulage dans le Gard.
Depuis quelques mois, le centre d’entraînement dispose d’un simulateur professionnel incluant tous les circuits européens, d’un Batak et d’un entraînement typé F1, le tout encadré par un ingénieur pour l’étude des données. Place ensuite à la piste sur Formule 4 2017, Formule Renault 2.0 2016 et même LM P3.
Habitué à rouler en European Le Mans Series et VdeV Endurance Series, le Duqueine Engineering rajoute une corde à son arc. Le Pôle Mécanique d’Alès-Cévennes est le terrain parfait pour la mise en pratique avec son tracé à la configuration unique en Europe de part son homologation dans les deux sens de rotation.
Le centre d’entraînement n’a rien d’un lieu pour gamers. Le rameur, le vélo elliptique et le Batak vous rappellent que vous n’êtes pas là pour jouer à la console. Les appareils permettent d’ôter le côté jeu vidéo, de mettre le rythme cardiaque à 180 et de perturber le corps avant de vous installer dans le simulateur basé sur Assetto Corsa. Il faut environ une semaine pour dégrossir un nouveau modèle qui comprend environ 800 paramètres.
Max Favard, ingénieur du Duqueine Engineering, me sert d’ingénieur data pour me faire progresser. Être pilote en herbe et disposer de son propre ingénieur n’est tout de même pas commun. Une demi-journée sur le simulateur équivaut à une séance d’essais sur la piste. Il est donc possible de découvrir une nouvelle piste ou se perfectionner. Ce n’est pas pour rien que les pilotes de l’équipe viennent préparer les prochaines échéantes à Alès. Pour ma part, on va plutôt parler de découverte que de perfectionnement.
Le simulateur a demandé un an de développement avant sa mise en fonction. La piste d’Alès a été scannée au millimètre. C’est donc sur cette piste que j’avais découvert il y a quelques années avec Romain Dumas qui m’attend virtuellement dans un premier temps. Pas de Porsche de rallye mais bien une Formule Renault.
Les mouvements du simulateur sont très doux mais permettent de bien comprendre ce qui vous arrive. Une chose est sûre, le poste de pilotage est parfait et les écrans pas déroutants pour l’oreille interne. Les conseils de l’ingénieur sont primordiaux pour progresser et obtenir la meilleure trajectoire. Mon mal est le même en virtuel qu’en réel avec un freinage trop tôt, certes dégressif, mais trop tôt. La confiance arrive au fil des tours sans toutefois faire tomber le chrono de référence (manquerait plus que ça).
“80% de nos pilotes passent sur le simulateur” nous explique Max Favard. “Chaque pilote y trouve un avantage. La différence avec un temps au tour réel est de l’ordre de 2 à 3%. Comme dans la réalité, on peut tout travailler. Le simulateur est parfait pour un pilote professionnel qui veut découvrir une piste mais aussi pour un gentleman qui souhaite progresser. On connaît les besoins du pilote et comment travailler avec lui. On sait orienter aussi bien un jeune qui est en F4 qu’un pilote qui fait de l’endurance.” Le manque de climatisation en ce début d’été se fait cruellement sentir mais là aussi c’est un choix pour mieux coller à la réalité.
“On aspire à ce que des coachs viennent ici avec leurs pilotes car même en tant qu’équipe professionnelle, on peut mettre à disposition le simulateur avec toute la confidentialité qui va avec” souligne l’ingénieur. “Le but est que l’outil ne serve pas seulement au Duqueine Engineering.” A l’heure actuelle, un seul simu est en action mais en fonction de la demande, tout est prévu pour en voir un second avec une coque de monoplace.
Le gros avantage de cet outil de travail de précision est d’appréhender une nouvelle piste sans le moindre risque, toujours avec les conseils d’un ingénieur qui étudie à vos côtés les données. Je pense pouvoir dire sans me tromper qu’il m’a fallu bien moins de temps pour comprendre la piste d’Alès que si j’avais débuté directement en piste. Le simu permet de se caler avant le passage à la pratique. Vous savez où passer, où freiner, où regarder, où débraquer. Une vraie vie de pilote, mais attention car le talent, lui, ne s’achète pas…
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Merci au Duqueine Engineering pour son accueil et ses conseils