Si ces dernières années Ligier Automotive avait une base dans le Technoparc du Mans et une à Magny-Cours, les choses ont évolué puisque 90% de l’activité a été ramenée dans la Nièvre depuis septembre 2019. Les locaux du Mans servent à la restauration de Pescarolo, Morgan et Ligier. L’ensemble du bureau d’études est lui aussi tout près du circuit de Magny-Cours, à quelques centaines de mètres de l’atelier historique de Guy Ligier. Quelques jours seulement avant le confinement, Pierre Nicolet, CEO de Ligier Automotive, nous a reçu à Magny-Cours pour une visite des locaux, mais aussi pour évoquer le futur. La crise sanitaire est passée par là et le contenu de l’interview a évolué.
Vous étudiez toujours le dossier LMDh ?
“Nous ne sommes pas effrayés par le challenge technologique de concevoir une nouvelle LMP2 (une LMDh doit partir d’un châssis LMP2, ndlr). Le raisonnement de l’ACO/IMSA est d’offrir un ‘business model’ en LMP2 pour amortir les frais d’investissement, cela va dans le bon sens. Le but est également de donner un volume supplémentaire aux constructeurs LMP2 si chacun parvient à signer un ou des accords avec une marque pour le LMDh. Aujourd’hui, des constructeurs ont clairement déclaré de l’intérêt pour la formule, mais pour cela, il faut attendre le règlement pour que les constructeurs puissent proposer quelque chose aux décisionnaires.”
Cela demande de repartir d’une feuille blanche…
“Le règlement est issu du DPi 2.0 qui, lui-même, vient du LMP2 2017, donc on ne part pas dans l’inconnu. Plus tôt le règlement sera connu, plus cela fera gagner du temps.”
Avoir une BOP est un souci ?
“Est-ce que le sport auto est du sport ou une activité économique ? Chacun a sa réponse. La BOP fait partie des outils qui permet de garantir d’une façon plus globale un équilibre pour l’ensemble des constructeurs et avoir un retour sur investissement.”
Être en marque blanche n’est pas un souci non plus ?
“Même si le nom Ligier n’apparaît pas sur la feuille de classement, ce n’est pas un problème. Ce serait un honneur de remporter les 24 Heures du Mans avec un prestataire.”
Le bureau d’études de Ligier Automotive est-il fin prêt ?
“Olivier (Jansonnie) était prestataire durant un an où il s’est notamment occupé du programme LMP3. Depuis janvier dernier, il a rejoint PSA Motorsport avec la prise en charge du futur programme WEC. Nous avons donc recruté un directeur technique qui vient de l’industrie du sport auto d’un grand constructeur (son nom n’a pas encore été officialisé, ndlr). Il sera en charge de nos départements techniques. Le bureau d’études représente une dizaine de personnes sous la responsabilité de Nicolas Clémençon. Notre rayon d’action est très large sachant qu’on sait faire en marque blanche.”
Une GT de route et une GT4 sont à l’étude ?
“Voir une GT de route n’est pas d’actualité car cela demanderait beaucoup de moyens financiers. Quant à voir une Ligier GT4, cela ne fait pas partie des plans. La stratégie de Ligier Automotive est de développer des championnats mono marques qui répondent à une demande des pilotes, sans BOP, le tout pour un coût limité.”
La Ligier JS2 R connaît un franc succès ?
“On va bientôt livrer la 60e alors que la production n’a débuté qu’en janvier 2019. L’auto coûte 89 000 euros, elle va plus vite qu’une GT4 pour un coût d’environ 3 €/km. Elle est assemblée à Amilly avant d’être expédiée à Magny-Cours. La structure Ligier Automotive d’Amilly a toutes les compétences pour l’assemblage de châssis tubulaire. L’entreprise fait également des concept-cars pour Renault et Peugeot. Le délai de livraison pour une JS2 R est de 4 à 6 semaines.”
La Ligier JS P4 suit le même chemin ?
“Le seul problème de la JS P4 est qu’elle souffre d’un manque de terrain de jeu. Avec l’Ultimate Cup Series et la Ligier European Series, les choses vont s’arranger. Son coût au km est inférieur à 6 €. Elle a toute la sécurité d’une LMP3 pour moins de 150 000 €. La JS P4 est un très bel objet accessible aussi bien aux jeunes qu’aux novices.”
La Ligier European Series trouve sa place ?
“Le championnat est une belle plate-forme pour les pilotes et les équipes (le calendrier 2020 a été modifié pour suivre celui de l’ELMS, ndlr). Les inscriptions vont dans le bon sens sachant que l’attrait de la rigueur d’organisation de l’ELMS est un avantage. Certaines équipes comptent s’en servir de tremplin pour accéder aux catégories supérieures. On offre la possibilité de passer en LMP3 après la JS P4 et la JS2 R permet de se faire la main avant le GT3 en Michelin Le Mans Cup.”
A suivre…