On ne vous apprendra rien en vous disant qu’un programme GTE coûte sensiblement le même prix qu’un programme LMP2. Si on part vers du GT3 ou GT4, le coût est forcément inférieur mais les produits sont différents. Avec le GT3 et le GT4, les équipes ont la possibilité de multiplier les championnats car les deux plateformes peuvent rouler à l’échelle mondiale. Comme en LMP2, le prix des autos n’a pas grimpé ces dernières années. C’est plutôt tout ce qui est en périphérie qui a augmenté.
La catégorie GT3 est devenue tellement disputée que les coûts ont augmenté. “C’est devenu tellement pointu niveau stratégie qu’il faut des équipes distinctes quand on a plusieurs voitures”, confie un patron d’équipe. “Il faut quasiment dix personnes par voiture. Il faut impérativement avoir des gens compétents à tous les postes. On est passé sur un modèle des 24H de Spa sur chaque course alors que le coût au kilomètre n’augmente pas trop.”
Le matériel a une grosse importance. En 2018, une équipe disposait en moyenne de 5 trains de jantes prêts à l’emploi sur un meeting. Deux ans plus tard, le nombre est passé à 9. “Quand le temps est menaçant, il faut 6 trains, 1 de secours et 1 ou 2 au cas où”, explique-t-il. “Maintenant, il faut aussi une cabane de chauffe des pneus pour la pluie. Le nombre de personnes a augmenté mais au final, à faire tout ça, on se régale. C’est de la course automobile. Le seul inconvénient est que pour tout cela, il faut que quelqu’un paie.”
Les courses GT sont disputées avec des contacts fréquents. Les primes d’assurance ont augmenté de 30% en trois à cinq ans, tout comme les franchises. Il faut compter de 25 000 à 30 000 euros de franchise. Quand on sait qu’un phare coûte environ 2500 euros, la facture monte rapidement.
“On a utilisé des matériaux trop nobles”, souligne une équipe. “Les voitures roulent très bas et les obstacles sur la piste n’arrangent rien. Ces coûts-là, on les imputent où ? Casse ? Usure ? L’usure impacte forcément le budget final. On remarque peu d’abandons sur des problèmes mécaniques.”
En GT3, les pneus sont à changer toutes les heures. On peut compter 118 trains pour une saison, ce qui représente un budget total supérieur à 200 000 euros avec un train à 1820 euros.
Le discours est le même dans toutes les équipes : le professionnalisme a fait monter les prix.
Faire rouler une GT3 sur un programme GT Word Challenge Europe Powered by AWS demande environ 1,3 M d’euros. Il faut ajouter aux meetings les essais officiels, les essais et les roulages. Sur une saison, une auto parcourt environ 15 000 km. Le coût de base au kilomètre est d’environ 22 euros (32 euros pour une LMP2). Il faut compter 70 000 euros d’engagement, 60 000 euros de carburant sur la saison et 3000 euros de frein par week-end.
Il y a encore quelques années, disputer un championnat était la base pour les équipes. Plus le temps passe, plus cette base se transforme en image. “Je fais de l’image avec le championnat”, confie un patron d’équipe GT3. “Les prix n’ont pas explosé, c’est juste que les choses se sont professionnalisées. Il faut quelqu’un pour surveiller un logiciel, ce qui n’existait pas avant. La télémétrie a un coût. On fait des essais de ligne droite, ce qui est notre propre développement. Il faut donner un bon outil au pilote. Je n’ai jamais poussé pour que ça existe mais j’adore.”