Enquête sur les coûts, part 6…

SAFTYCAR

Quand une équipe établit son budget prévisionnel, elle doit prendre en compte tous les postes : engagement, amortissement, hébergement, équipement, assurance, frais techniques, etc… Ce qui est sûr, c’est que la facture monte vite et que tout le monde veut gagner de l’argent.

“Aujourd’hui, qui peut se targuer de faire des grosses marges”, a confié un patron d’équipe à Endurance-Info. “Si on prend l’exemple des pneumatiques, c’est beaucoup trop cher car tout le monde veut gagner quelque chose. C’est comme le prix de l’essence dans la vie de tous les jours. L’essence en elle-même n’est pas onéreuse mais le prix à la pompe est bien différent. En France, beaucoup d’équipes ont pris le PGE (Prêt Garanti par l’Etat) car tout le monde est dans le dur mais rien ne change. Le prix du pneu est à revoir, de même que sa durée de vie.” A titre d’exemple, un train de pneus en GT4 est de l’ordre de 1800 euros contre 2200 euros en LMP3.

Des engagements qui augmentent…

Les frais d’engagement sont eux aussi en augmentation chaque année. “Est-ce qu’on continue comme ça ou les choses vont se calmer ?”, lâche un propriétaire d’équipe. “Avoir le droit de courir coûte une fortune même s’il est vrai que les promoteurs sont bien plus professionnels qu’il y a 20 ans. Dans certains championnats, il faut tout payer à l’avance, ce qui oblige à avoir une bonne trésorerie en début d’année. D’autres font des échéanciers. Ce n’est plus acceptable. La trésorerie a un coût car sinon on ne travaille plus dans le confort. Si on ne peut pas acheter quelque chose, alors on le loue, donc le coût est plus élevé. Pourquoi doit-on louer un “camion porteur” ? Tout simplement parce qu’on ne peut pas faire autrement.”

Des évolutions qui se paient au prix fort…

Le prix des évolutions est aussi un facteur à prendre en compte. Les constructeurs vont d’évolution en évolution, pas pour rendre la voiture plus compétitive mais juste plus fiable. Qui paye ? Le constructeur qui se rend compte qu’il n’a pas fait son travail un an après la sortie de la voiture ? Non, c’est l’équipe qui met la main au porte-monnaie. “Ce serait tout de même judicieux qu’on demande l’avis des équipes pour les évolutions et que les prix soient contrôlés”, peste ce patron d’équipe. “Le succès de la Formule Renault de 2000 à 2009 est que rien n’a bougé avec plus de 1000 Tatuus construites. Est-ce que les LMP3 avaient besoin d’une évolution ? En GT, cela s’apparente tout de même à un rappel de constructeur comme une voiture de série. Sauf que dans cas, les équipes paient.”

Une catégorisation des pilotes à revoir…

Le système de catégorisation des pilotes a aussi son rôle à jouer : “Il est urgent et important de retrouver un système Pro-Am qui a du sens avec de vraies classifications. Dans certains championnats, si on veut performer, il n’y a plus de schéma économique car il faut que le pilote classé Silver paie pour rouler avec le meilleur Bronze. On fait tellement la course à la classification et tout cela fait partie de l’équilibre financier de l’équipe.”

Entre 2017 et 2020, le prix d’un programme a augmenté de 40 000 euros. Pour un programme Michelin Le Mans Cup (LMP3), il faut compter un total d’environ 450 000 euros à deux pilotes, contre 650 000 euros en European Le Mans Series à trois pilotes.