Même s’il a quitté le baquet d’une voiture de course en juin 2012 à la suite d’un grave accident lors de la Journée Test des 24 Heures du Mans, vous n’avez certainement pas oublié le nom de Guillaume Moreau. En revanche, vous pouvez le chercher sur les réseaux sociaux, vous ne trouverez aucune trace de lui. Dans le Limousin, sa région, on se contrefout royalement de s’afficher sur Facebook, Twitter ou Instagram.
La nouvelle vie de Guillaume Moreau est même plus chargée que l’ancienne. Ancien Espoir FFSA 2006 et 2007 en compagnie de Romain Grosjean, Nico Lapierre, Olivier Pla, Alex Prémat ou encore Loïc Duval, le Limougeaud avait tous les ingrédients pour aller en Formule 1. La filière F1 étant bouchée, Guillaume Moreau a été l’un des premiers à tenter l’aventure Endurance en 2007, à une époque où la discipline n’était pas ce qu’elle est maintenant. Un grave accident à haute vitesse au Mans en 2012 a mis fin à ses espoirs de pilote de haut niveau mais l’essentiel était là : pouvoir remarcher. Allongé sur un lit d’hôpital à la mi-juin sans savoir ce qui l’attendait, il était dans le paddock du Mans Classic mi-juillet. Il doit sa reconstruction à une envie de vivre. Le pilotage est derrière lui, mais il vit sa nouvelle vie comme l’ancienne : à fond ! Il est tellement occupé que cet article a mis près d’un an à se faire. Entre ses activités d’assureur chez Racecare avec Franck Bayle et l’usine familiale de bois, Guillaume Moreau est un homme pressé. Retour sur une carrière bien remplie…
Vous avez été élevé dans un environnement de sport mécanique ?
“Mon père a toujours été passionné de vitesse, mais en moto. Il aime la voiture, mais il était plus attiré par les deux roues. Il a tout de même fait un peu de karting, plus par loisir qu’autre chose. Il m’en a acheté un et ce qui devait arriver arriva. Il a vendu son kart et s’est occupé de moi. On faisait cela 100% plaisir sans la moindre prétention. A aucun moment, il y avait l’envie d’aller plus loin dans la démarche. Finalement, ça fonctionnait bien, j’ai roulé en Championnat Limousin-Atlantique puis dans la ligue du Centre. C’est là que j’ai rencontré Romain Grosjean chez PKS à Joué-lès-Tours.”
A ce moment, vous pensiez à une carrière de pilote ?
“Je n’étais pas vraiment passionné, moi c’était plutôt le basket. Je n’ai jamais voulu en faire mon métier, peut-être à tort. J’y allais au jour le jour. Vu le niveau et mes résultats, la question s’est forcément posée. Continuer les études ou faire du sport auto ? Le choix du sport auto n’a pas plu à ma mère, mais elle a laissé faire pour le kart car elle avait mis son veto sur la moto. A l’époque, il y avait de vraies étapes en karting. Mon objectif, il était là. Si t’es bon en Ligue, tu vas en Championnat de France et ensuite en Championnat d’Europe. C’était le temps des Kubica, Canal et Duval. En 1995, je roulais entre des bottes de paille dans ma commune de St Leonard-de-Noblat et en 2001, j’étais en Championnat du Monde.”
Le passage en monoplace s’est vite imposé ?
“Moi, je voulais faire du rallye, ma mère pas vraiment… (rire). J’ai effectué un test en Formule Renault sur le Circuit Bugatti chez Pole Services. L’auto m’a plu dès le début et ma performance a surpris l’équipe. Être spectateur de quelque chose ne m’a jamais vraiment intéressé. Je vis le moment à fond et je m’étais donné. Je me souviens encore de la musique que j’écoutais en voiture quand je suis rentré chez moi. J’ai fait un bout de saison avec eux contre les Lapierre et Salignon.”
Votre carrière décolle en 2003 ? Vos partenaires vous suivent ?
“J’ai rejoint le Graff avec le titre de champion Junior. La saison n’a pas été simple en dehors de la piste car j’ai dû trouver des partenaires pour rouler. Je n’ai jamais fait partie d’une filière, mais je me suis toujours débrouillé pour avoir ma filière locale. Même avec le temps, je suis toujours resté fidèle à ma région et à mes partenaires. Minerva-Oil a cru en moi dès le début, Manitou également. Le plus dur a été le passage Formule Renault/Formule 3 car l’écart financier était important. Philippe Sinault (Signature) m’a beaucoup aidé alors que j’étais débutant. En 2005, je roule en F3 Euroseries, je joue le titre face à Vettel, je fais des podiums avec Hamilton. Je gagne à Zandvoort devant eux. Avec le recul, je me dis que c’était l’une de mes meilleures années. J’ai rempilé l’année suivante, mais les résultats étaient moins concluants.”
Vous rêviez encore de Formule 1 ?
“Aller en GP2 demandait beaucoup de moyens. J’ai rencontré Gwen (Lagrue) en 2004. Il débutait dans le management et nous avons essayé de trouver un moyen de monter les échelons. Mon but était de passer tout de suite à l’étape suivante. A un moment, c’était la Formule 1 ou rien car j’étais dans une voie sans issue. Les World Series by Renault m’ont permis de me rapprocher de la F1. Je ne voulais pas m’arrêter là. Quelle était la suite pour moi ?
A suivre…