Entretien à coeur ouvert avec Guillaume Moreau, part 2…

24h du Mans 2007, essais prÈliminaires.

Deuxième partie de l’entretien consacré à Guillaume Moreau…

Après la monoplace, l’Endurance était la seule voie ?

“Ce n’était pas vraiment ce que je voulais même si les prototypes de l’époque développaient 700 chevaux. De plus, les jeunes pilotes étaient peu nombreux. Grâce à Gwen, je décroche un volant chez Courage en 2007 en plus de la World Series by Renault. La Courage marchait fort, mais en 2007, il n’y avait pas le moindre encadrement pour un jeune pilote qui débarquait en Endurance. En monoplace, on t’expliquait tout. Là, j’arrive formaté monoplace. J’ai commis des erreurs par ma faute et par manque d’encadrement.”

Vos débuts au Mans ont été douloureux…

“Dès la Journée Test, je sors violemment de la piste au Virage du Karting. La voiture est détruite et je me suis fait une grosse frayeur. J’étais très fougueux et 100% performance. J’ai appris le métier de pilote d’endurance avec le temps.”

Si un jeune arrive en LMP1, c’est pour avoir à terme un volant d’usine. Pour vous, l’année suivante, c’est le GT1. Une régression ?

“Je ne voulais pas aller en GT. Gwen a su me raisonner en me disant que Luc Alphand Aventures était proche de Corvette et que cela pouvait ouvrir des portes. Tout le monde voulait aller chez Audi ou Peugeot et moi je me retrouve sur une Corvette. La douche froide ! Pourtant, c’est en GT où j’ai connu mes meilleurs résultats. Luc (Alphand) a été une rencontre énorme. J’avais l’expérience et je n’ai pas commis la moindre erreur. Le team m’a fait confiance en me faisant beaucoup roulé. On gagne le titre ELMS devant un équipage quasiment officiel. Sur le plan humain, l’équipe était en or. Philippe Poincloux était un fin stratège, jamais je n’ai vu un stratège comme lui, un monstre de la stratégie. Pierre Genon, qui a travaillé ensuite en LMP1, était l’ingénieur de la Corvette. Le team savait s’entourer des bonnes personnes et, au final, le choix d’aller en GT était le bon. J’avais la bonne place, j’étais préparé.”

24H du Mans 2008.

OAK Racing vous a ensuite donné votre chance en prototype…

“Je dois cette opportunité à François Sicard qui m’a introduit chez OAK Racing. Là aussi, c’est une très belle rencontre. Jacques Nicolet a beaucoup compté pour moi et il compte toujours beaucoup. Nous sommes restés très proches, même avec le temps. Jacques est un grand Monsieur. OAK Racing m’a permis d’être professionnel, plus posé. J’ai eu beaucoup de chance de rouler pour des Stéphane Guérin, Philippe Sinault, Luc Alphand, Jérôme Policand et Jacques Nicolet. Gwen a été d’une aide précieuse. Là où je suis fier, c’est que, même si je ne suis plus actif dans le milieu, ces gens-là m’estiment toujours.”

24H du Mans 2009. LMP2, #35, team : OAK Racing (FRA), car : Pescarolo Mazda, drivers : M.Lahaye (FRA), K.Ajlani (FRA), G.Moreau (FRA).

Juin 2012, tout s’arrête…

“Tôt ou tard, ça doit s’arrêter. Bien entendu, jamais je n’aurais voulu arrêter de cette façon. Tout s’est arrêté brutalement, d’un coup. Je m’étais déjà fait une frayeur au même endroit cinq ans plus tôt quasiment à la même heure. Est-ce que Le Mans était fait pour moi ? J’ai toujours voulu écouter mon cœur et Le Mans était la solution pour continuer le sport auto. Finalement, ça ne se termine pas si mal compte tenu de l’état où j’étais. Je n’ai pas le moindre regret et pas de manque. Ce que je retiens, c’est que cet accident a changé ma vie. Je travaille maintenant dans l’industrie et même si je suis encore jeune dans le milieu, les sensations ne sont pas les mêmes. On ne retrouve cela nulle part ailleurs.”

MOTORSPORT – LE MANS 24 HOURS / 24 HEURES DU MANS 2012 – VERIFICATIONS PESAGE / SCRUTINEERING – 09 TO 10/06/2012 – LE MANS (FRA) – PHOTO : JEAN MICHEL LE MEUR / DPPI –

Vous avez essayé de revenir dans un baquet ?

“J’ai essayé, mais sans trop y croire. Je sais qu’il faut être à 110% mais vu mes séquelles, ce n’était pas possible. Si je revenais, ce serait pour aller aussi vite qu’avant. Il faut savoir tourner la page. Jean-Luc (Beaubelique), qui m’a beaucoup aidé durant ma carrière, et Jérôme Policand m’ont soutenu pour revenir en compétition, mais je ne me suis pas senti en sécurité. Ce n’est pas le Guillaume Moreau que je voulais dans une voiture de course. Je ne suis pas fait pour être à 80%. Le sport auto m’aide beaucoup dans mes choix d’industrie : exigence, anticipation, rigueur, rapidité, stratégie.”

Guillaume Moreau et Jean-Luc Beaubelique, une amitié sans faille

Racecare vous permet de garder un pied en sport auto…

“Être assuré m’a aidé et lancer Racecare a été une évidence pour moi. J’ai la chance d’avoir Franck Bayle à mes côtés. Racecare, qui assure des pilotes, se développe et va maintenant bien au-delà des pilotes. Finalement, je suis plus occupé qu’avant. Avant, j’étais occupé, maintenant je travaille. Ma vie professionnelle est 50% sport auto et 50% industrie.”

L’assurance n’est pas votre seule activité professionnelle ?

“Ce qui a basculé, c’est l’accident de moto de mon père en 2015. Il est resté huit mois à l’hôpital, une semaine entre la vie et la mort. A cette époque, j’étais ambassadeur OAK Racing et j’ai tout arrêté pour m’occuper de la scierie familiale.”

Guillaume Moreau et Franck Bayle (Racecare) avec Matthieu Vaxiviere

A suivre…