Troisième et dernière partie de notre entretien consacré à Guillaume Moreau…
Le monde du bois était nouveau pour vous ?
“Je ne m’y étais jamais intéressé. Je m’y suis mis plus par obligation morale pour aider mon père. Ce qui me plaît, c’est le challenge. J’ai toujours préféré partir 12e et finir 2e que partir en pole et gagner. Là, c’est la même chose car ce n’est pas du tout mon métier.”
Pourtant, l’entreprise s’est vite développée…
“L’usine a connu trois agrandissements depuis 2015 et nous sommes maintenant un des plus gros producteurs de granulés en France. Le sport auto m’a appris à ne pas perdre de temps. Malgré un emploi du temps chargé, j’aime toujours revenir sur des courses, voir les gens que je connais. L’intérieur m’intéresse plus que la course en elle-même.”
Et monter votre équipe ?
“Non ! J’ai rencontré beaucoup de gens brillants avec beaucoup de moyens. C’est quelque chose de trop compliqué. Il faut avoir la foi et j’ai beaucoup de respect pour ceux qui ont des équipes. Quand j’étais pilote, j’ai bien compris qu’avoir son écurie était quelque chose d’incertain. Il faut toujours tout remettre en jeu. Avoir une équipe ou être team manager ne m’a pas traversé l’esprit. J’aime avoir ma liberté et ce que je fais me plaît. Je suis en proche de l’auto d’une façon indirecte via Racecare, mais aussi via ma relation avec Gwen qui est chez Mercedes-F1.”
Vous vous occupez tout de même d’un pilote…
“M’occuper d’un jeune pilote n’a jamais fait partie de mes plans. Avec Paul Petit, c’est le coeur qui a fait la différence. C’est avant tout une rencontre amicale car je connais son père depuis longtemps. J’aide Paul dans ses choix sportifs et souhaite prouver qu’il a un meilleur niveau que certains peuvent le penser. Son but est de vivre du sport auto et rouler cette saison en FFSA GT permet de revenir aux bases avec des annonceurs qui sont essentiellement de la région. Il va retrouver le staff de Jérôme Policand que j’ai connu aux 24 Heures de Spa 2011. Il y a une vraie logique d’aller chez AKKA-ASP où roule Jean-Luc (Beaubelique) sachant que le team est soutenu par Minerva-Oil.”
Vous avez des regrets ?
“Aucun sur mes choix professionnels. Je garde de très bons souvenirs comme les voyages avec les équipes. Si mon père n’avait pas eu son accident de moto, je n’aurais pas pris ces décisions professionnelles avec lui. Je suis content du développement de Racecare car le projet est parti de zéro dans un milieu qui n’est pas facile pour se lancer. Maintenant, je travaille en tandem avec mon père. Ce qui est génial, c’est de travailler ensemble. Avec les accidents, nous sommes passés tour à tour de spectateur à acteur. J’espère avoir la chance de travailler plus tard avec mon fils comme je peux le faire actuellement avec mon papa.”
Quel est votre regard sur le sport auto actuel ?
“Il ne faut pas être trop gourmand. Le sport automobile existera toujours, mais est-ce qu’il est raisonnable d’avoir autant de disciplines et de championnats ? Se recentrer sur l’essentiel est important. Avoir un bon championnat national et aller en Europe grâce au talent. Est-ce que le tout cumulé n’est pas allé trop loin ? Est-ce que tout doit se faire par l’argent ? L’argent oui, mais il faut le sportif qui va avec. Il est essentiel que les organisateurs écoutent les équipes. Les championnats qui auront bien travaillé auront une longueur d’avance sur les autres.”
Un mot sur les réseaux sociaux ?
“Je n’ai jamais eu besoin d’être sur un réseau social. J’aime vivre le moment présent. Je dois bien avoir quelques photos sur mon téléphone, mais c’est tout. J’ai toujours pensé que tout partager se retournerait contre les gens. Je n’en sens pas du tout l’envie car les personnes qui comptent pour moi le savent. Je ne regarde rien sur les autres car cela m’est égal. Aller voir la vie des gens ne m’intéresse pas et celle de mes proches, je la connais. Pour moi, c’est comme la bourse, c’est du virtuel. Ce n’est pas du vrai travail et j’avoue que les réseaux sociaux ne vont pas faire fortune avec moi.”