On a entendu beaucoup de choses sur la Ligier JS P217 : qu’elle n’était pas au niveau, qu’elle était ratée, etc… Pourtant, c’est bien le châssis Onroak Automotive qui s’est imposé pour la deuxième fois en trois courses en European Le Mans Series. Malgré un kit Le Mans pas au rendez-vous, on ne peut pas dire non plus que la prestation d’ensemble des JS P217 dans la Sarthe soit un échec avec six autos sur sept à l’arrivée. Jacques Nicolet, président de Onroak Automotive, est revenu avec nous sur les différents dossiers du constructeur : JS P217, JS P3, JS P4, LM P1 non hybride.
La catégorie LM P3 fêtait ce week-end ses trois ans. Quel est votre sentiment trois ans après ?
“Lors de la présentation, on ne savait pas si on allait appuyer sur le bouton. Avoir une bonne auto qui répondait au cahier des charges d’un coût plafonné faisait partie des conditions. On ne s’est pas trompé vu le succès du LM P3 et de la Ligier JS P3. La catégorie est appelée à devenir un succès mondial. La World League mise en place par l’ACO doit permettre de franchir une nouvelle étape.”
On sent un développement des courses de sprint..
“Il faut des championnats d’endurance. La LM P3 est taillée pour cela. Les équipes doivent faire rouler les autos le plus possible. On le voit dans le championnat IMSA où les gentlemen restent sur leur faim sur le temps de roulage. C’est ce qui peut être un frein au développement de la catégorie sur le continent américain. On a plus de la moitié des autos qui roulent aux US uniquement en ‘track days’. Les choses se mettent en place et l’IMSA est à l’écoute. J’espère qu’on verra une course de 3 à 4 heures même s’il ne faut pas s’attendre à voir des LM P3 aux 24 Heures de Daytona à court terme.”
Pour rester sur le continent américain, le programme DPi avec Nissan donne satisfaction ?
“C’est une année d’ajustement. Les autos ont été faites dans un délai très court. Par chance, l’IMSA laisse les fiches d’homologation ouvertes toute l’année. La démarche est très intelligente car cela permet d’ajuster le tout. La catégorie est promise à un bel avenir. L’IMSA est confiant sur le fait d’avoir un beau plateau à court terme et tous les ingrédients sont là pour que ça fonctionne.”
Des discussions sont en cours avec d’autres constructeurs ?
“Oui même si je ne peux pas en dire plus. Le produit est attractif et il attire les constructeurs. Le marché est colossal pour eux. Le cocktail global fait que ça fonctionne. L’équilibre entre les autos est fait de façon pointue et sérieuse. S’appuyer sur des châssis LM P2 permet aux constructeurs de faire de la compétition à haut niveau pour un coût raisonnable. Cela permet de gagner des courses mythiques comme on a pu le faire.”
Est-il possible de voir d’autres Ligier JS P217 en IMSA d’ici la fin de saison ?
“Ce n’est pas exclu…”
Passons au sujet LM P2. Onroak Automotive va demander le fameux joker pour la JS P217 ?
“On demande la mise en oeuvre du joker. Nous sommes actuellement au stade des discussions. Il faut ensuite que nous ayons le temps de produire les pièces et que les équipes puissent rouler. Le joker n’était pas prévu aussi vite et je ne pense pas qu’il l’était pour un quelconque constructeur. Ce type de désagrément fait partie de la vie d’un constructeur.”
Le kit Le Mans n’a pas donné satisfaction…
“On s’est planté sur le kit Le Mans. Nos autos ont fait Le Mans en version sprint. Il y a des explications mais on ne cherche pas la moindre excuse. J’assume le choix stratégique. Nous avons sorti une DPi dans un temps record et il a fallu gérer en parallèle l’homologation de la LM P2. On s’est trompé et l’erreur est humaine. On a une bonne auto mais nous n’avons pas eu assez de temps pour la développer. Sur les quatre constructeurs, je pense que nous sommes trois à connaître les mêmes conditions. Les trois ont eu le même temps pour faire l’auto. Ce n’est pas une excuse, juste une explication.”
Voir des Ligier JS P217 en FIA WEC fait aussi partie des objectifs ?
“Le FIA WEC reste une histoire de budget et on ne peut pas imposer quoi que ce soit à nos clients. ESM a opté pour l’IMSA et non le FIA WEC, et RGR n’est plus là. On veut des autos qui roulent et si les budgets demandés ne permettent pas de faire du FIA WEC, il faut que les autos roulent quelque part. Il faut un business modèle derrière. Je suis le premier à vouloir de la compétition entre les équipes et les constructeurs.”
Onroak Automotive reste à l’écoute du LM P1 non hybride ?
“A l’heure actuelle, nous sommes focalisés sur le LM P2. Il faut remettre l’auto sur le devant en donnant la possibilité à nos clients de se battre sur tous les terrains. La catégorie LM P1 non hybride intéresse Onroak Automotive. On attend un peu plus de clarification sur la façon dont les choses peuvent fonctionner : est-ce qu’il y aura un titre mondial ?Où se place la catégorie face aux LM P2 et LM P1 ? Que fait-on des Bronze ? Ce n’est pas un secret qu’une grande partie du budget vient des pilotes qui sont de plus en plus repoussés du LM P2. Le LM P1 pourrait les accueillir.”
Le développement de la JS P4 se poursuit ?
“Nous sommes un peu en retard sur le timing initial car nous avons présenté une maquette au Mans. La mission est de proposer une auto qui fonctionne dès sa sortie. On finalise le montage de la première voiture et le roulage va débuter très rapidement. Les premières JS P4 devraient être livrées d’ici la fin de l’année. Plusieurs sont déjà vendues.
“Le niveau dans les séries labellisées ACO ne cesse de monter et de fait les budgets qui vont avec. Il y a de la place pour ceux qui veulent se préparer à aller plus haut. La JS P4 est conçue pour l’endurance avec un coût d’exploitation inférieur à une LM P3 et proche d’une CN.”
La nouvelle Ligier CN est elle aussi en phase finale ?
“La CN est en attente. Nous sommes focalisés sur nos produits ACO et la JS P4. La catégorie CN est dans une phase transitoire. La motorisation Honda va s’arrêter un jour et la catégorie repose sur peu de championnats.”