Entretien avec Jean-Luc Beaubelique, Christophe Bourret et Mauro Ricci, part 2…

#84 AKKA ASP MERCEDES AMG GT3 AM MAURO RICCI (ITA) BENJAMIN RICCI (FRA) JEAN-LUC BEAUBELIQUE (FRA) CHRISTOPHE BOURRET (FRA)

Deuxième partie de l’entretien consacré à Jean-Luc Beaubelique, Christophe Bourret et Mauro Ricci (la première partie est à relire ici)

Vous avez encore votre place en GT3 ?

Mauro Ricci : “Pour nous, l’avenir est le GT4 une fois que le GT3 sera devenu trop professionnel. Quand les Am auront disparu, le GT3 disparaîtra comme le GT1 en son temps. Ensuite, il y aura le GT5.”

Christophe Bourret : “J’ai fait plusieurs saisons en GTE et une GT3 actuelle est meilleure que la GTE de mon époque. Il y a six ans, le prix d’une GTE était celui d’une GT3 actuelle. Les GTE n’ont pas de prix. On leur en donne un, mais c’est du développement de constructeur. Personnellement, je n’ai pas roulé en course cette année avant Abu Dhabi. Je n’ai pas trouvé de championnat qui me convenait.”

Mauro Ricci : “On prend les 30 Am les plus rapides de la Blancpain GT Series pour les mettre tous en Sports Club. On s’amuserait, ce serait de la folie.”

Jean-Luc Beaubelique : “Les Am cherchent aussi à se comparer aux Pro. Le côté prestigieux des annonceurs est d’être en Blancpain GT Series.”

Partager le volant avec un Pro vous plaît ?

Mauro Ricci : “Certains Pro ont de la pédagogie, mais ils sont plutôt minoritaires. Chez AKKA-ASP Team, c’est un peu différent depuis qu’on va chercher des jeunes qu’on fait émerger. La démarche est différente. On ne va pas chercher un Pro qui a gagné, mais un jeune qu’on veut faire évoluer. Je pense que Jérôme (Policand) devrait mettre en place une filière. C’est d’ailleurs lui qui m’a fait le plus progresser. A un moment, il est capable d’aller dans l’auto, de la comprendre et même s’il est moins vite qu’un autre, il voit où il est moins vite. Il est aussi capable d’expliquer pourquoi l’autre est plus vite.”

Jean-Luc Beaubelique : “Rouler avec un Pro permet aussi de remettre l’église au milieu du village. Il arrive qu’on soit perdu et c’est bien d’avoir quelqu’un qui dit que l’auto est capable de faire telle ou telle chose. Cela nous permet d’avoir une bonne base.”

Christophe Bourret : “J’ai toujours eu le même Pro, à savoir Jean-Philippe Belloc. Des trois équipes que j’ai connues, c’est celle de Jérôme où j’ai le plus progressé. Sur un même circuit, j’ai gagné plus de deux secondes, ce qui était le retard que j’avais sur Jean-Luc quand je suis arrivé en GT Tour. J’ai gagné par mon Pro, mais aussi par Jérôme qui commente, qui analyse tout.”

Mauro Ricci : “Jérôme a eu la chance de rencontrer un certain nombre de personnes comme Gabriel Balthazard qui ont cette philosophie de la relation humaine. Selon moi, une équipe qui se cache les données entre elles n’est pas positive.”

Jean-Luc Beaubelique : “Si on continue, c’est aussi pour cela. Il y a une vraie transparence sur tout ce qui est fait sur les autos. Des choix sont faits, mais avec l’équipage.”

Comment voyez-vous l’avenir du sport auto ?

Mauro Ricci : “Le sport auto ne peut pas rester thermique car il y a trop de mouvements contraires. Je pense que l’électrique et/ou hybride est bien. A court terme, aller uniquement vers l’électrique me semble être une bêtise. L’hybride est une bonne transition. Pour aller vite, les batteries sont bien trop lourdes avec l’électrique.”

Jean-Luc Beaubelique : “La vraie question est de trouver la place au milieu des Pro. Il faut un équilibre. Si les Pro comprennent que les Am ont leur place, alors on doit trouver cet équilibre.”

Mauro Ricci : “Lors de l’avant-dernière course d’un championnat, le Pro veut être devant car il veut un volant l’année suivante. S’il est devant, il pense qu’il l’aura forcément !”

Christophe Bourret : “J’ai disputé deux ans la Blancpain GT Series Sprint. La première année, on a énormément progressé, l’année d’après on était dans les dernières positions. Cela ne sert à rien de payer beaucoup pour avoir aucune chance de faire valoir la progression même si on ne demande pas à gagner tous les week-ends.”

Mauro Ricci : “C’est la grande réflexion de 2019. Est-ce qu’on va en Am en Blancpain GT Series Endurance pour gagner ou en Pro-Am pour faire émerger un jeune et se faire plaisir.”

Jean-Luc Beaubelique : “Il faut trouver le jeune pilote qui nous donne envie de le faire et avec qui on a une vraie relation.”

Vous avez encore des rêves en sport auto ?

Mauro Ricci : “J’avoue que le rallye-raid me plairait bien, mais cela demanderait une préparation sur un an, ce qui n’est pas possible.”

Christophe Bourret : “Petit Le Mans ! J’ai roulé à Sebring, mais Petit Le Mans doit être quelque chose.”

Jean-Luc Beaubelique : “Depuis 16 ans que je suis dans l’équipe, je suis allé rouler partout dans le monde, même dans des endroits où je ne pensais pas aller. Donc, je n’ai plus de rêve.”

Donc, pas de Le Mans ?

Jean-Luc Beaubelique : “Le Mans ne m’a jamais fait vraiment envie sachant que je ne pense pas y avoir ma place. Les différences entre les catégories sont importantes. J’ai disputé les 24 Heures de Spa où on se bat tous dans la même catégorie, ce qui m’a permis de remporter la course dans deux classes différentes.”

Christophe Bourret : “Le Mans, c’est neuf mois de préparation. Il faut avoir les yeux partout. Quand on arrive à la 1e chicane en GTE, on freine entre 180 et 160 mètres à environ 300 km/h. Une Audi LMP1 freinait à 80 mètres en arrivant à 345 km/h. On voyait une fusée nous dépasser. Les protos se gèrent assez bien. Le plus dur, ce sont les Pro et les Am en GT sous la pluie, la nuit. J’ai encore en mémoire m’être fait dépasser par Patrick Pilet sous la pluie. Il me collait 27 secondes sur un tour. Oui, 27 secondes ! C’est devenu bien plus compliqué qu’auparavant.”