Eric de Doncker roule avec sa propre équipe, Motorsport98, en Michelin Le Mans Cup depuis plusieurs saisons maintenant. Avec Dino Lunardi, son coéquipier, il sont actuellement 5e au championnat. Le Belge est revenu sur sa saison pour Endurance-Info mais aussi sur son unique participation aux 24 Heures du Mans et son podium aux 24 Heures de Spa…
Comment se passe votre saison Michelin Le Mans Cup ?
« Elle a très bien commencé car nous étions 2e après deux courses disputées. Nous avons terminé 2e au Castellet et 6e à Spa. Au 2e Castellet, nous étions troisièmes au classement après une superbe remontée de Dino lorsque dans le dernier tour, nous avons eu une coupure électronique à la sortie du dernier virage, à 200 mètres de l’arrivée, et non une panne d’essence comme cela a été dit. Vraiment dommage, le podium était en vue et nous avons marqué zéro point. C’est une saison difficile vue le contexte économique actuel. Le but était de gagner ou de faire quelque chose de bien au championnat pour l’équipe et pour récupérer un peu d’argent en fin de saison. Cependant, pour faire des économies et parce que nous étions trop loin au championnat, nous avons décidé de zapper Road to Le Mans. Ensuite, nous avons terminé 5e à Monza. »
Que pensez-vous de la Michelin Le Mans Cup version 2020 ?
« Le niveau est hallucinant. C’est notre 4e année en Michelin Le Mans Cup même si je n’ai fait qu’une demi-saison en 2019 suite à une blessure. Je progresse, mais c’est très relevé, c’est compétitif, mais pour un Bronze comme moi, il faut vraiment se cracher dans les mains. Les Bronzes qui commencent, il n’y en a plus vraiment, ca roule beaucoup, ils s’entrainent comme des pros. Le championnat est cependant très chouette, mais le niveau des équipes et des pilotes augmente. C’est le débat. J’étais déjà présent quand la FIA a instauré la catégorisation de pilotes. A l’époque, les Bronzes étaient de vrais Bronzes. Quelqu’un qui avait un peu d’expérience était Silver sauf s’il avait 40 /45 ans. Maintenant, les pilotes classés Bronze sont devenus des semi-pros. »
Vous pilotez la nouvelle génération de LMP3. Qu’en pensez-vous ? Est-ce un grand pas en avant ?
« Honnêtement non, elle va plus vite, surtout la Ligier, car elle avait un petit handicap de vitesse de pointe l’an dernier par rapport aux Norma. Ligier a très bien travaillé et a fait un gros pas en avant. La voiture est vraiment chouette, la LMP3, j’adore, j’ai découvert cela il y a quatre ans maintenant par hasard. Venant du GT et de la NASCAR Whelen Euroseries, il faut s’y habituer, mais c’est une belle formule avec une auto qui ne coûte pas très cher et qui va très vite. »
Vous avez une bonne entente avec Dino (Lunardi) car vous roulez depuis longtemps ensemble…
« Je l’ai connu en Championnat d’Europe GT3 sur une Ford Matech, nous avons gagné à Adria, fait un podium à Oschersleben. Malheureusement, suite à un désaccord, il a quitté le team, mais j’avais eu une très bonne expérience avec lui à l’époque. En LMP3, j’ai roulé avec Andy Meyrick, mais nous avons eu un petit souci, nous nous sommes séparés et j’ai tout de suite pensé à Dino. C’était à Monza il y a deux ans, je l’ai appelé, il a sauté dans sa voiture. Depuis, on est toujours ensemble et cela se passe très bien. C’est un homme avec une bonne mentalité et il est très rapide. Pour moi, c’est un pilote qui est passé à côté d’une grosse carrière car il a un talent fou. Mais on sait que cela ne fait pas tout, il y a le relationnel et surtout les sous ! En tout cas, je suis très content du travail de Dino, on a les mêmes ressentis au niveau des set-ups. »
On va ouvrir le livre à souvenirs. Juin 2010, ce fut votre unique participation aux 24 Heures du Mans. Qu’en gardez-vous ?
« C’était un rêve d’enfant. Je roulais dans l’équipe Marc VDS Racing. Ils ont candidaté au Mans pour avoir deux voitures. A l’époque, il avait Maxime Martin, Bas Leinders, etc…Le souci est que si vous en mettez un sur chaque voiture et qu’une seule est sélectionnée, l’autre pilote ne peut pas faire Le Mans. Ils avaient mis Bas Leinders sur la voiture n°1, mais ne voulaient pas mettre Maxime Martin sur la 2e. Ils se demandaient qui ils allaient mettre et je leur ai dit que j’avais gagné deux championnats d’Europe GT4 avec Ford, j’étais un ancien pilote moto. Plutôt que Renaud Kuppens qui était un bon pilote, mais pas une notoriété exceptionnelle. Ils m’ont donc mis sur la voiture, mais sans espérer quoi que ce soit et c’est elle qui a été choisie. En tout cas, pour moi, c’était une chance exceptionnelle de faire Le Mans dans de très bonnes conditions.
L’équipage était très bon avec Bas et Markus Palttala, j’avais une grosse expérience des courses d’endurance et l’auto (Ford GT1) était vraiment sympa. Les essais se sont bien passés, mais malheureusement, Bas a sorti la voiture (à 18 h 52) lors d’un double relais. Nous étions alors en tête, il a poussé trop fort, les pneus étaient usés lors de son deuxième relais et il est sorti de la piste. La voiture était trop abimée, nous avons abandonné. J’étais pourtant prêt à monter dans la voiture, je suis finalement allé voir le concert avec mon épouse (rire) ! J’ai vécu la semaine du Mans, cela reste une expérience exceptionnelle avec le Pesage, les essais, la Parade, etc… J’adore le grand circuit, j’ai refait Le Mans Classic depuis et Road To Le Mans. Le souci pour cette épreuve est que l’on est limité au niveau du temps de piste. Je l’ai disputée deux fois et je pense que je n’ai jamais eu un tour complet sans Full Course Yellow ou safety car. »
Vous avez fait les 24 Heures de Spa également à plusieurs reprises, cinq fois, avec un podium en 2001 sur une Viper GTS-R.
« Un super souvenir car là aussi c’était mon équipe. J’étais associé avec deux autres personnes dans Silver Racing. Nous avons acheté une Viper chez ORECA et nous avons commencé le championnat. Nous avons fait Magny-Cours, Zolder, Brno et pour les 24 Heures de Spa, j’ai décidé d’amener du renfort au niveau des ingénieurs comme Marc van de Gen qui est chez DKR Engineering maintenant. Nous avons eu la chance de récupérer l’ingénieur de chez Rafanelli qui faisait rouler la Ferrari Prodrive 550 car il s’était fâché avec son équipe. On l’a donc pris avec Lucas Ferrari qui avait l’équipe Racing Box. Ils sont venus nous prêter mains fortes pour ces 24 Heures de Spa et ce fut une course terrible. Avec mes deux coéquipiers, Robert Dierick et Vincent Dupont, nous étions en bagarre toute la course avec les deux Viper de Larbre Competition, on va dire des voitures usine avec des pilotes professionnels. Nous terminons 3e à deux tours de la 2e Viper Larbre. Ce fut un excellent souvenir. »
Refaire Le Mans ou Spa est-il dans votre tête ?
« Je ne désespère pas pour mes 60 ans de disputer une nouvelle fois les 24 Heures du Mans. Ce serait pour 2022. Le rêve serait de le faire avec mon équipe, mais il faut des budgets colossaux. Je regarde aussi les 24 Heures de Daytona car maintenant que les LMP3 sont acceptées…Il faut voir les budgets, mais avec la situation actuelle, on ne sait pas où on va. J’ai toujours voulu rouler aux USA. Quand je roulais en moto, j’ai failli faire Daytona à plusieurs reprises, mais cela ne s’est jamais fait. A l’époque où je roulais avec Ford USA, il était prévu que j’aille courir là bas.
« Quant aux 24 Heures de Spa, je ne souhaite pas les refaire parce que, pour moi, ce n’est plus une course d’endurance. J’ai connu l’endurance quand il fallait préserver la mécanique, maintenant c’est devenu un sprint en continu. Ce que nous avons fait en 2001, plus personne ne peut le faire maintenant. Il n’y a que des voitures d’usine avec des pilotes officiels. Je ne critique pas du tout, ce sont des époques différentes, je n’ai juste plus ma place ! Par contre, à Spa, j’aimerais faire les 25 Heures Fun Cup avec mes deux fils, ce serait sympa. »