L’ancien vainqueur des 24 Heures du Mans 1993 sur la Peugeot 905 Evo 1B (avec Christophe Bouchut et Geoff Brabham) connaît une seconde vie dans le monde du sport automobile. En plus de son rôle de consultant auprès d’Eurosport aux 24 Heures du Mans, il a passé une partie de l’année 2017 en tant « driver advisor » (conseiller pilote auprès de la Direction de Course) auprès de SRO en Blancpain GT Series. Il connaît d’ailleurs bien ces courses puisqu’il a gagné les 24 Heures de Spa en 1997 (BMW 320i partagée avec Didier de Radigues et Marc Duez).
Vous avez la particularité d’avoir gagné les 24 Heures du Mans et les 24 Heures de Spa. Quelles sont les différences et les similitudes entre ces deux courses ?
« Déjà, ça parait tout simple mais ce sont deux courses de 24 heures et, pour pouvoir prétendre à les gagner, il faut déjà terminer. Au niveau des similitudes, il faut composer avec des conditions météos particulières comme la pluie, mais aussi le trafic. Dans les deux épreuves, il faut savoir rouler vite tout en gérant, en gardant une tout petite marge de sécurité au cas où on arrive dans un virage où il se met à pleuvoir ou que l’on dépasse quelqu’un qui ne vous a pas vu. C’est ce qui différencie un bon pilote d’endurance d’un moins bon ! Un homme comme Tom Kristensen fait partie de ces gens : il allait toujours très très vite sans jamais commettre d’erreur. Avant, sur les deux tracés, il y avait plein d’endroits où on ne pouvait pas faire de fautes. Désormais, avec les larges dégagements, c’est plus simple ! Même au Mans, des virages comme le Porsche ou au Karting donnent droit à l’erreur. En termes de sécurité c’est un avantage indéniable mais on a plus de “liberté” pour faire des bêtises aussi bien au Mans qu’à Spa.
Au niveau des différences, Spa est déjà une épreuve réservée qu’aux GT3. Entre la catégorie Am et Pro-Am, on peut avoir des différences importantes au niveau des pilotes. Au Mans, on peut doubler facilement dans les lignes droites alors qu’à Spa, un peu moins. Il faut s’engager un peu plus, c’est plus risqué. Les 24 Heures de Spa sont plus dures physiquement car on a moins de temps pour se relaxer. »
En quoi consiste votre rôle auprès de SRO ?
« C’est d’aider à prendre position lors des accidents de course et des accrochages. Si un pilote sort tout seul, je n’ai pas à intervenir. En revanche, surtout avec des pilotes Bronze et Silver, il faut être plus vigilant. On est quatre à décider : le directeur de Course, deux adjoints et moi. C’est souvent à moi que revient le dernier mot car, avec mon expérience en GT et en prototypes, j’arrive à mieux savoir ce qui se passe. Il m’est plus facile de savoir et comprendre e qui s’est passé. En regardant à la TV, ce n’est pas toujours facile de dire c’est lui le responsable ou un autre ! C’est donc à moi de définir les circonstances et de voir s’il y a un fautif. S’il y en a un et qu’il a fini dans le mur de sécurité, on ne dit rien. Dans les autres cas, je trouve le responsable et on décide d’un commun accord d’une sanction. »
Quelle gamme de sanctions avez-vous à disposition ?
« Cela peut aller du simple drive through en passant par le stop and go, la sanction financière, l’interdiction de disputer le meeting jusqu’au retrait de licence. Pour donner un exemple, pour une infraction de vitesse dans les stands, c’est 50 euros du kilomètre / heure. De plus, l’avantage c’est que SRO récupère cet argent et le reverse à des œuvres caritatives. Le but est que les pilotes soient conscients du règlement et qu’ils ne partent pas à la dérive, la sécurité est l’affaire de tous. On essaie d’être présent à tous les niveaux comme par exemple aux 24 Heures de Spa où nous sommes 194 de chez SRO dont 30 en Direction de Course ! Tous les faits et gestes des pilotes sont étudiés. »
Avez-vous eu ce rôle tout au long de l’année ?
« J’ai débuté au Paul Ricard en juin. J’ai ensuite fait toutes les courses que ce soit Endurance ou en Sprint. »
Quel est le rôle le plus difficile : pilote, consultant pour Eurosport aux 24 Heures du Mans (voir photo) ou conseiller pilote auprès de la direction de course ?
« Je me sens bien dans tous les rôles. Pilote, c’était plutôt inné pour moi et j’ai eu les bonnes voitures, ce fut assez facile. Au niveau de la télévision, nous avons une super équipe de journalistes et de consultants sur Eurosport et je retrouve des anciens collègues et des copains (dont Jacques Lafitte, Paul Belmondo et Tom Kristensen). Ça se passe donc très bien ! Je travaille aussi pour TF1, je pilote des voitures et je fais des travers, ce n’est pas bien compliqué (rires). Chez SRO, il y a une vraie belle équipe. J’ai découvert trois milieux très différents. Par chance, ils sont tous sont dans le sport automobile, donc tout va bien ! »