Aussi étrange que cela puisse paraître, Eric Hélary découvre ce week-end le circuit de Daytona à l’occasion de ‘Classic 24H at Daytona’. Le vainqueur des 24 Heures du Mans 1993 n’a jamais eu l’opportunité de disputer la classique floridienne de janvier. Nous reviendrons sous peu sur la carrière d’Eric Hélary dans un entretien qui croyez-nous vaudra le détour avec quelques anecdotes croustillantes.
En attendant, le patron du Hélary Racing (spécialisé dans la préparation de voitures historiques) découvre Daytona sur une Lola T70 et une Corvette C7.R, toutes deux engagées par Iconic Racing et partagées avec Gérard Lopez. Entre le retour de Peugeot en Endurance et sa découverte de Daytona, une discussion avec Eric Hélary s’est imposée.
On a du mal à croire que vous découvrez Daytona…
“C’est pourtant la vérité. Je n’avais jamais roulé sur ce circuit avant cette semaine. La seule fois où j’y suis venu, c’était dans les années 90 lorsque j’ai signé chez ORECA pour rouler sur une Chrysler Viper GTS-R aux 24 Heures du Mans 1996 (21e avec Olivier Beretta et Philippe Gache). L’opportunité de rouler ici n’est jamais venue mais je dois dire que je n’ai pas trop cherché non plus.”
Quelles sont vos impressions ?
“Je ne m’imaginais pas le circuit comme ça. Lorsque je suis parti en piste pour la première fois dans la Lola, j’ai vu en gros le panneau Daytona et là je me suis dit j’y suis. J’avais une telle banane. Daytona n’a rien à voir avec un Spa-Francorchamps. Spa, c’est le pilotage à l’état pur, Daytona le kiff à l’état pur. Finalement, je ne connais pas les courses à l’américaine. Sur cette course, le niveau est très hétéroclite, aussi bien les voitures que les pilotes.”
Quel est le quotidien d’Eric Hélary ?
“Beaucoup d’avion, de voitures de location et d’hôtels. En fait, tout ce que j’aime et tout ce que je connais bien. J’ai fait Monza en historique avec une Jaguar XJR-14, une Lola T70 et une Ford Capri. Trois autos totalement à l’opposé. La plus grosse difficulté reste le maniement des boîtes de vitesses. La Jaguar a une conduite à droite, le levier en H à gauche, une boîte 6 avec la 1ère en avant. La Lola a aussi une conduite à droite et levier à gauche mais la 1ère est vers le bas avec une boîte 5. Quant à la Capri, toujours une conduite à droite avec la 1ère en avant. Il faut donc switcher le cerveau. La plus compliquée reste la Jaguar car si tu fais la moindre erreur de boîte, tout est cassé. Tout est à l’ancienne. Après deux journées à la maison, je suis allé à Barcelone où je suis ‘driver advisor’ pour SRO en Blancpain GT Series. Maintenant, il y a Daytona Classic.”
Vous aimez les voitures historiques ?
“J’adore rouler en historique. Quand on a fait les premiers essais avec la Jaguar, le team avait emmené une Alpine LMP2. J’ai pu rouler dans les deux. L’Alpine, c’est génial mais trop facile. Avec cette voiture, tu ne peux pas faire la moindre erreur. Moi qui suis un vieux pilote, je m’éclate plus à changer les vitesses, relâcher l’embrayage pour ne pas bloquer la boîte de vitesses, remettre le coup de gaz. C’est le pilotage comme je le connais. Tu prends un cador du Mans, s’il n’a pas l’ABS, les vitesses au volant et l’anti-patinage, il n’y arrivera pas. C’est la même chose pour moi qui n’arriverait pas à piloter une voiture moderne à la limite car je ne sais pas mettre 80 bars dans une pédale de frein pour être à fond dans l’ABS. La période n’est plus la même. Tu mets un jeune dans la Jaguar, en 100 mètres, il casse tout. Dans cette voiture, chaque geste est important, le bon coup de gaz, le bon lâché d’embrayage, la bonne pression sur les freins avec à la fin le freinage dégressif. En plus, l’auto est très physique.”
La relation avec Gérard Lopez est ancienne ?
“Pas du tout ! Suite à l’article ‘Covoiturage’ d’Auto Hebdo, j’ai été contacté par Florent Moulin de Art & Revs. Il m’a demandé de venir au Luxembourg sans m’en dire plus. J’ai pris le TGV, j’ai fait la connaissance de Florent et tout est parti de là. Gérard est un passionné de sport au sens large du terme. Dès la première rencontre, on sent la passion chez lui. C’est quelqu’un de très discret et de très attachant.”
Comme beaucoup, vous devez être ravi du retour de Peugeot en Endurance ?
“Je suis le seul pilote qui ait connu la Peugeot 905 mais également la 908. Alors j’espère connaître la prochaine (rires). Je sentais venir cette annonce et j’en suis ravi. On entend que le retour de Peugeot va faire venir d’autres constructeurs. Nous voilà repartis pour de belles années. Bien sûr, ce serait un honneur pour moi de participer à ce projet d’une façon ou d’une autre. Ce serait une belle histoire. Peugeot est déjà au courant (rires). C’est une très bonne nouvelle pour tout le monde.”
L’Endurance va vivre un nouveau souffle ?
“Je l’espère. Depuis deux ans, Le Mans n’est plus vraiment Le Mans. C’était trop haut, trop beau et tout cela ne sert pas à grand-chose. Tout le monde s’est essoufflé. Avoir un prototype quatre roues motrices, c’est bien mais quel est l’intérêt ?”
Avoir une base commune qui peut rouler partout dans le monde serait un vrai plus ?
“Oui sans aucun doute car cela multiplie les possibilités. Prenons le cas de Peugeot. Si le rapprochement avec Fiat Chrysler se finalise, on pourrait alors avoir une autre marque comme Dodge faire rouler un prototype en IMSA. Avec la base commune, tout le monde est gagnant.”