Si le nom d’Eric van de Poele est étroitement lié aux 24H de Spa avec cinq succès à la clé, le Verviétois est aussi un fidèle des 24H du Mans même s’il n’est jamais monté sur la plus haute marche du podium en Sarthe malgré ses trois succès de catégorie. Son meilleur résultat reste une 3e place en 2001 sur une Bentley. Le Belge est revenu longuement pour Endurance-Info sur toutes ses participations mancelles avec quelques anecdotes à la clé.
1992 : Peugeot Talbot Sport (abandon)
“Jean Todt m’avait contacté fin 1990. A cette époque, j’étais en Formule 3000. Il voulait me faire rouler sur la Peugeot 905 dès 1991, mais j’avais signé un contrat pour rouler chez Lamborghini en Formule 1. J’étais désolé, mais j’ai dû décliner. Jean m’a rappelé pour l’édition 1992. J’étais vraiment heureux de rouler sur cette auto que j’en aurais plongé tout habillé dans la piscine. C’était une expérience unique même si je n’étais pas dans la bonne auto.”
1993 : suppléant chez Peugeot
“Peugeot avait recruté un autre belge, Thierry Boutsen. J’ai tout de même fait les essais pour préparer la course au cas où une place se libérerait. Je crois me souvenir que Geoff Brabham n’était pas assuré de rouler. Finalement, il fait partie de l’équipage victorieux.”
1994 : Nissan 300 ZX Cunningham Racing (abandon)
“J’étais pilote officiel Nissan en BTCC et ils m’ont proposé les 24 Heures du Mans. Cette 300 ZX n’était pas vraiment une auto pour Le Mans. J’espérais rouler sur un prototype surtout après la période 905. La Nissan a pris feu lors du warm up. Les mécaniciens ont tout démonté avant le départ de la course. J’étais sceptique sur le fait que tout soit prêt. Ils ont refait une auto en 1 h 30. Ils poussent l’auto sur la grille, mais deux minutes trop tard. Les officiels ont voulu qu’on parte depuis les stands. Je me souviens que le public sifflait. Je cours voir Marcel Martin, alors directeur de course, pour lui demander s’il pouvait nous faire passer. Il a réfléchi et il a dit ‘allez-y’. Tout le monde applaudissait. 1994 reste un grand souvenir.”
1995 : Courage C41 Courage Compétition (disqualifié)
“Cette édition reste un mauvais souvenir. La voiture était trop légère de 12 kg. Le poids des freins en carbone n’a pas été compensé, ce qui fait que nous n’avons pas pu prendre le départ.”
1996 : Ferrari 333 SP Racing for Belgium (abandon)
“L’aventure était incroyable. J’avais la chance de rouler pour Scandia aux Etats-Unis. Pascal (Witmeur) me fait savoir qu’il a un projet pour les 24 Heures du Mans pour l’anniversaire du RACB. La première idée était de faire rouler une Gillet Vertigo. J’ai réussi à convaincre Pascal de le faire avec la Ferrari car on pouvait gagner. Ce projet a été une gymnastique pas possible car négocier avec Andy Evans (propriétaire de la voiture, ndlr) était compliqué.
Lors des essais préliminaires, je fais un temps sur sa voiture en utilisant un aileron différent. Il voulait absolument que je fasse la course sur sa Ferrari. J’ai refusé sachant que j’avais aussi fait le meilleur temps de l’autre voiture. Ce n’est pas courant de faire les deux meilleurs temps avec deux voitures différentes. J’espérais la pole, mais cela n’a pas fonctionné.
Ensuite, il y a eu la bagarre avec Andy qui voulait un certain type de pneus pour le départ. J’étais fou de rage, mais j’ai lâché. Sans cela, je pouvais partir devant. La faiblesse de l’auto était sa boîte de vitesses et on a vite perdu un rapport. J’avais fait passer le message que si on devait en perdre un deuxième, il faudrait changer la boîte de vitesses. Ce qui devait arriver arriva. On a changé la boîte. J’ai vécu un relais de rêve au petit matin avec le soleil qui commençait à pointer. Les fans étaient contents d’entendre le son de la Ferrari. Malheureusement, tout s’est arrêté. J’ai pleuré dans les stands comme un gamin. J’y croyais tellement. Le Mans est le circuit de toutes les émotions.”
1997 : Nissan R390 (abandon)
“Travailler avec les Japonais était quelque chose d’incroyable. Daniele Audetto est venu me chercher pour rejoindre le programme. On s’était connu quelques années plus tôt en monoplace. Cette année-là, il y avait de la concurrence. Nous avions fait beaucoup d’essais. Je prends un bon départ en prenant la tête mais les trois Nissan avaient des soucis récurrents avec un boîtier qui prenait l’eau. Rouler avec Riccardo Patrese et Aguri Suzuki était génial. Le gros point noir était le décès de Sébastien Enjolras aux essais préliminaires. Riccardo était dans l’auto, il rentre en nous disant qu’il ne voulait plus rouler au Mans. On a dû le remotiver.”
A suivre…