Esteban Garcia débute en LMP2 et le pilote suisse a décidé de s’attaquer directement au WEC ! Il roule sur l’Oreca 07 #70 de Realteam Racing qui est couvée par TDS Racing, la structure de Xavier Combet et Jacques Morello. Il est entouré de deux “top guns” de la discipline, Loïc Duval et Norman Nato. Endurance-Info a pu rencontrer ce pilote afin de faire plus amples connaissances avec lui.
Les amateurs d’Endurance vous connaissent peu. Comment êtes-vous arrivé en sport automobile et en WEC en particulier ?
« J’ai débuté en Formule Renault avec des amis gentlemen drivers. Nous avons fait quelques courses en VdeV puis en Ultimate Cup Series. A partir de 2018, j’ai commencé à rouler en LMP3 dans ces deux même championnats. J’ai alors décidé de passer en ELMS, toujours en LMP3, en 2019 et 2020 avec David Droux. L’an dernier, nous avons fini 3e de notre catégorie, raison pour laquelle je me suis dit que cette saison je devais passer à l’étape supérieure et viser le Graal, c’est-à-dire les 24 Heures du Mans. Pour être certain d’y participer, je suis passé en LMP2 ce qui représente une vraie marche pour moi. Je me suis dit, tant qu’à faire autant disputer le WEC ! »
Pourquoi ne pas être passé par l’étape LMP2 en ELMS avant de basculer en WEC ?
« J’y pensais déjà depuis un certain temps. Il y a encore quatre ou cinq mois, nous ne savions pas si nous allions disputer l’ELMS ou le WEC. Cela s’est fait au gré de mes rencontres. J’ai parlé avec des pilotes professionnels et ai rencontré Norman et Loïc. J’avais aussi pas mal discuté avec TDS Racing. Je me suis alors dit que j’avais les hommes et la structure pour faire le WEC. Nous avons essayé de tout mettre bout à bout pour que cela nous amène naturellement sur le WEC. »
Comment se passent vos premiers pas en LMP2 ?
«On m’a toujours dit qu’une LMP2 était plus facile à piloter qu’une LMP3. Je me disais, c’est bien gentil tout cela, mais cela va quand même beaucoup plus vite, il y a plus de chevaux et plus d’aéro aussi. En même temps quand on a suivi la filière aéro Formule Renault / LMP3, il est assez logique de finir en LMP2. Mes premiers pas ont été positifs, nous avons fait des essais concluants à Barcelone. Les écarts que j’avais avec les pilotes pros étaient plutôt bons et encourageants. C’est à ce moment là que je me suis dit que je devais confirmer le WEC. Nous avons refait d’autres entrainements, deux fois à Barcelone, une fois à Portimao. Cela m’a aidé à engranger de l’expérience avec la LMP2 car il est vrai que c’est une sacrée marche par rapport à la LMP3. »
(les trois hommes sont montés sur le podium Pro Am pour leur première course WEC ensemble)
Changement de têtes donc autour de vous. David Droux ne roule plus mais il est par contre pilote de réserve…
« Tout à fait ! J’ai eu une superbe expérience avec David. Nous avons roulé en LMP3 pendant deux ans. Cela s’est très bien passé avec, en plus, cette 3e place au championnat ELMS. Nous avons remporté la manche du Castellet 240. Ce fut vraiment un moment magique. Maintenant, place à la LMP2, au WEC et les 24 Heures du Mans. La question s’est aussi posée sur cette course. Pour participer et faire un résultat, avoir deux pilotes débutants aux 24 Heures (Esteban et David, ndlr), cela pouvait être un peu plus compliqué ! C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de construire l’équipe de Realteam Racing avec deux pilotes confirmés. D’un côté Loïc (Duval), son palmarès parle pour lui ! Il a disputé neuf fois les 24 Heures du Mans et il les a gagnées. Norman a aussi de l’expérience en LMP1 avec Rebellion Racing et il a fait trois fois Le Mans. C’est un avantage pour moi, ils m’apportent énormément car ils partagent toute leur expérience. David sera donc pilote de réserve car je ne l’oublie pas. Après, s’il arrive quoique ce soit à l’un des pilotes, il est important d’avoir quelqu’un qui connait déjà l’Oreca 07 de l’équipe et qui roule bien. C’est un pilote émérite. Donc longue vie à Realteam Racing et on verra bien ce qui se passera dans les années futures.»
Justement, Loïc et Norman, sur quels points / secteurs insistent-ils auprès de vous ?
« Le premier, c’est le sens de l’humour (rire). Un de nos paramètres est qu’aucun d’entre nous ne se prend au sérieux. C’est aussi quelque chose que j’apprécie, une certaine humilité chez ces champions. Cela donne une belle cohésion entre nous, l’énergie passe et c’est important »
Vous parlez beaucoup des 24 Heures du Mans. Que représente cette course pour vous ?
« C’est un rêve d’enfant pour moi et c’est aussi la course que tout pilote rêve de gagner. J’ai 50 ans, il était temps, je pense, de passer à cette étape. C’est un objectif que je me suis fixé il y a longtemps, déjà lorsque j’ai commencé la Formule Renault. On m’a souvent découragé : on me disait que cela allait être compliqué, que si je voulais vraiment disputer les 24 Heures du Mans, il vaudrait mieux les faire en GTE Am et non en LMP2. Je suis heureux de constater que l’ACO a franchi une étape en créant ce championnat Pro Am en LMP2. »
Sur l’aile de requin de votre Oreca 07, il est écrit Hydrogène. Pourquoi ?
« C’est aussi un rêve, je rêve que d’ici une dizaine d’années on roule tous en hydrogène. On fait un sport qui n’est malheureusement pas durable, qui n’est pas très vert. On s’est posé la question. Nous avons dans notre ADN l’idée d’être le plus durable possible. Dans la société que je gère, il y avait la possibilité soit de ne pas faire de sport automobile car ce n’est pas durable, soit d’en faire et de s’engager dans une voie qui parait excellente, la voie du futur : la filière hydrogène. Je pense que c’est une technologie qui pourra être emmenée aux 24 Heures du Mans. Comme nous sommes une écurie de course, je pense qu’il est aussi important que des équipes s’inscrivent pour motiver les autres à passer le pas, à franchir certaines étapes avant de pouvoir assimiler cette nouvelle énergie que peut être l’hydrogène pour la course automobile. Il faut rendre notre sport durable et faire en sorte que nous puissions continuer malgré les implications énergétiques que nous pouvons avoir pour le futur. »