Sur le papier, on savait que l’équipage ByKolles Burst Esport avait de quoi bien figurer au classement général des 24 Heures du Mans Virtuelles mais les équipages pour la gagne étaient nombreux. Jernej Simoncic a donné le ton en qualif’ avec la pole pour l’ORECA 07 que le Slovène partageait avec Tom Dillmann, Esteban Guerrieri et Kuba Brzeinski. Pilote A 35 ans, Esteban Guerrieri anime le reste de l’année les pelotons du WTCR sur une Honda Civic Type R/All Inkl Münnich Motorsport. L’Argentin a terminé vice-champion la saison dernière et il s’est imposé hier lors d’une course virtuelle du WTCR sur le tracé du Salzburgring. Pour ses débuts au Mans, le natif de Buenos Aires a retrouvé le team de Colin Kolles, l’équipe pour laquelle il a roulé en Formule 3. La deuxième place décrochée hier va peut-être lui donner envie de disputer un jour les vraies 24 Heures du Mans.
Retrouver Kolles était particulier pour vous ? Quel souvenir en gardiez-vous ?
« Nous n’avions pas le budget pour aller en GP2, ce qui était l’étape à faire. Nous avons signé un contrat avec l’équipe Kolles pour une saison Formule 3 Euroseries en 2005 avec un moteur Mercedes. Julio, mon manager, a accepté de me soutenir encore durant un an et c’était assez impressionnant de voir ce qu’il pouvait faire. Colin Kolles était avec Midland en Formule 1 et son équipe de F3 est devenue Midland Junior. Midland était avec Toyota, nous avons donc dû utiliser les moteurs Toyota en F3. Ce n’était pas l’accord que nous avions sur la table, mais ils nous ont dit que nous aurions éventuellement une chance d’aller en Formule 1. Ce fut une année très difficile car le moteur Toyota était très loin de Mercedes et Opel. C’était une année très relevée avec Hamilton, di Resta, Sutil et Vettel qui était dans sa première année. »
Disputer les 24 Heures du Mans Virtuelles vous a demandé une grosse préparation ?
« Sans aucun doute. Je dois d’abord dire que j’ai été très heureux de recevoir l’invitation de Tom Dillmann et de l’équipe ByKolles. Je connais l’ingénieur Boris (Bermes), ce qui fait que j’étais heureux de rejoindre l’équipe. J’ai trouvé un niveau d’engagement très important de la part de tout le monde, principalement des joueurs de Burst Esport. J’ai été surpris de voir à quel point ils travaillent les moindres détails. Bien sûr, ils sont talentueux mais j’ai été surpris de leur connaissance du sport automobile d’une façon générale. Nous travaillons ensemble sur ce sujet depuis un mois, mais ils ont tiré bénéfice des petits détails. Cela ressemblait à une course réelle et c’est ce qui me motive de travailler au sein d’une équipe. Je ne connaissais ni la voiture, ni la plateforme et encore moins la piste. J’ai donc dû me mettre à niveau. Au bout du compte, ils m’ont beaucoup aidé, j’ai vraiment apprécié et ce fut une expérience incroyable. »
Terminer deuxième est un bon résultat quand on voit le niveau. C’est aussi votre avis ?
« Absolument. Le règlement était bon avec un maximum de deux gamers et deux pilotes réels pour rendre la chose plus équitable. Les simracers ont des heures et des heures de pratique, ce quoi fait qu’ils connaissent tous les détails du jeu et de la voiture. Mais c’est le processus que vous devez suivre. Je n’avais pas l’expérience mais j’ai essayé de faire fonctionner la stratégie du mieux possible. Nos deux gamers étaient plus rapides que Tom et moi mais c’était bien parce que nous connaissions notre plein potentiel en tant qu’équipe. Chacun de nous a essayé de se concentrer sur le travail et cela a très bien fonctionné avec une très bonne gestion durant la course. Le niveau était incroyablement relevé et vous n’aurez probablement jamais autant de pilotes d’horizons divers impliqués dans une seule course, des pilotes d’un top niveau également du monde virtuel. Ils se rapprochent de plus en plus du monde réel. »
Vous étiez basé où pour la course ?
« J’ai couru depuis chez moi à Barcelone. En fait, j’ai demandé à ma femme de ne pas se connecter à Internet via son téléphone ou son ordinateur portable, ni même de regarder la télévision au cas où elle consommerait mes données. Elle était heureuse en fin de course car elle pouvait utiliser à nouveau Internet. Nous avons décidé que les vrais pilotes feraient cinq heures et demie, soit deux sorties de quatre relais. Les gamers ont fait six heures et demie, ce qui a fonctionné. »
Quel est votre avis sur Jernej Simoncic et Jesper Pedersen ?
« Ces gars sont de vrais pilotes. Ils pensent comme des pilotes, ils se sentent comme des pilotes, ils traitent les choses comme des pilotes. La seule chose qu’ils ne peuvent pas faire, c’est aller sur un vrai circuit et sentir la voiture dans le derrière. Tout le reste est une vraie course. Quand on doit faire un tour de qualif’ comme l’a fait Simoncic. Les performances sur piste et aussi le travail à l’extérieur sont vraiment incroyables. Ces gars ressentent la même passion et j’ai beaucoup appris à leurs côtés. Je ne sais pas comment ils pourraient passer dans le monde du réel, qui est bien entendu différent. Il y a un temps d’apprentissage. Ce serait formidable de leur donner une chance. Ce sont des gars formidables, très humbles, très concentrés et très talentueux. Ils mériteraient d’aller dans une vraie voiture à un moment donné si c’est ce qu’ils veulent réaliser, si tel est leur rêve. »