On ne vous apprendra rien en vous disant que les courses à l’américaine ont une philosophie différente de l’Europe. Quand l’Europe privilégie le sport, nos amis américains font la part belle au show et les 24 Heures de Daytona n’échappent pas à la règle. Entre sport et show, seule la première lettre est identique.
A Daytona, tous les pilotes vous le diront, il faut survivre jusqu’à l’entame de la dernière heure pour entrer dans le sprint final afin d’espérer de décrocher une montre. Une neutralisation plus tard et tout le monde est “cul à cul” jusqu’au damier. Vous avez été nombreux à réagir sur le fait que le système américain est mieux. Désolé, mais il n’est pas mieux, il est juste différent. Chacun sa philosophie.
Comprendre les règles américaines n’est pas simple. Nous Européens, n’avons pas l’habitude de voir des autos dépasser une voiture de sécurité à pleine allure pour récupérer un tour. On l’a vu une année avec une Porsche. On part diner, la Porsche est à 8 tours de la tête, on revient et elle avait déjà gagné 3 tours. Essayez donc de faire la même chose au Mans. Vous avez perdu 8 tours, un point c’est tout. Pour la victoire, vous reviendrez en juin prochain. On parle régulièrement de la BOP qui enlève une partie du sport, mais dans le cas de récupérer des tours perdus, avouez qu’on s’éloigne du sport.
Ah la BOP… Elle fait parler en Europe et elle fait aussi parler de l’autre côté de l’Atlantique. Les Cadillac ont atomisé la concurrence. Certes, elles ont bénéficier d’une préparation plus longue. A aucun moment, elles n’ont été inquiétées. L’IMSA se réservait la possibilité de pénaliser les éventuels cachotiers en fin de course si un quelconque ‘sandbagging’ était constaté. Le seul législateur qui à ce jour a eu le cran (pour ne pas employer un terme plus familier) est SRO avec la pénalité infligée l’an passé aux Mercedes à quelques heures du départ des 24 Heures de Spa. Nous ne sommes pas là pour dire qu’il fallait pénaliser untel en prototype ou untel en GT. Mais, on peut légitimement douter.
L’autre point à noter est que personne ne conteste les nombreuses neutralisations durant la course, mais tout le monde se plaint d’un départ trop tardif des 24 Heures du Mans pour une question de sécurité. On a totalisé plus de 20 neutralisations cette année à Daytona. L’avantage est de redonner du piment à l’épreuve.
Le final de l’épreuve a lui aussi prêté à polémique suite à l’accrochage entre les deux Cadillac. A voir la tête de Wayne Taylor, il s’attendait certainement à recevoir une pénalité pour le contact de son fils Ricky avec la Cadillac de Filipe Albuquerque, alors en tête. Pénalité ou pas, à vous d’avoir votre propre opinion. Si pénalité, il aurait aussi fallu en donner une à la Ford pour un contact avec la Ferrari/Risi plus tôt dans la course. Les mauvaises langues vous diront qu’il fallait que Jeff Gordon gagne cette course. Bon, en même temps, les mauvaises langues avaient dit l’an passé suite à l’arrêt de la Toyota en fin de course au Mans, qu’un observateur que l’on pourrait qualifier de génie aurait pu stopper net la voiture via un programme électronique digne d’un James Bond. Même polémique pour un restart où Mike Conway (avec plusieurs tours de retard) a bloqué un moment la Cadillac/Wayne Taylor Racing pour que la #5 qui jouait la gagne puisse prendre la poudre d’escampette.
On piocherait tout de même une idée américaine pour la mettre chez nous. On trouve l’idée de remettre une voiture en course (même attardée) une fois qu’elle a été ramenée sur camion plateau et réparée, plutôt bonne sachant qu’il n’y a de toute façon plus rien à jouer au général.
Au final, les 24 Heures de Daytona ont 55 éditions derrières elles et elles séduisent de plus en plus. C’est donc bien que les concurrents y trouvent leur compte. Et ne venez surtout pas nous dire que les courses américaines sont mieux que ce que l’on connaît en Europe. Elles ne sont pas mieux, elles sont juste différentes…