Fabien Lavergne est le champion GTE de l’European Le Mans Series en titre. En 2019, fort de quatre victoires (Le Castellet, Barcelone, Spa, Portimão), il a décroché le titre sur la Ferrari 488 GTE #51 de Luzich Racing en compagnie de Nicklas Nielsen et le pilote officiel de la marque, Alessandro Pier Guidi. Alors que sa route semblait être toute tracée et qu’il devait remettre sa couronne en jeu, tout s’est écroulé avec le retrait de l’équipe de toute compétition !
Revenons sur votre saison en European Le Mans Series…
« La saison 2019 a tout simplement été fantastique. En ELMS, nous avons presque tout raflé pour ainsi dire, cinq podiums dont quatre victoires en six courses. Nous avons même été sacrés champions une course avant la fin, à Spa. Nous avons été en lutte avec la Porsche Dempsey Proton et ce titre, il s’en est fallu de pas grand-chose. En tout cas, ce fut une superbe année, avec une très belle équipe et de super coéquipiers. Ils ont plein de talent, sont simples et pas «politiques ». J’ai également disputé la Michelin Le Mans Cup (avec une Ferrari 488 GT3 en compagnie de Mikkel Mac) où nous avons vraiment joué de malchance. Nous menions le championnat avant la manche de Spa face au très solide équipage de Kessel Racing, mais avons été percutés par une LMP3 lors des deux dernières courses. Le fait d’avoir réalisé de très bonnes qualifications m’a fait partir au milieu du peloton de LMP3 et les pilotes les moins à l’aise s’élançaient derrière moi. Cela s’est donc un peu retourné contre moi ! »
Puis, plus aucune trace de Luzich Racing sur les listes ELMS et des 24 Heures du Mans 2020. Que s’est-il passé quand on sait que l’écurie avait décroché une invitation pour Le Mans ?
« Je n’ai que peu d’informations à ce propos. Monsieur Luzich a des problèmes de vue, il a de plus en plus de mal à prendre l’avion et à se déplacer. J’avoue que c’est une grosse claque, on ne va pas se le cacher, pour tout le monde. Les choses étaient déjà bien avancées pour 2020. Philippe (Dumas) et Amato (Ferrari) avaient déjà bien travaillé sur le sujet. L’idée était de refaire l’ELMS et d’honorer notre invitation aux 24 Heures du Mans. Je devais être le Silver de l’équipage (Fabien Lavergne est passé de Bronze à Silver cet hiver, ndlr) à 99%. De plus, il est rare que des équipes laissent passer une invitation au Mans comme cela, ce fut quelque chose de difficile à prévoir. Je dois bien avouer que c’est difficile à vivre ! Je n’ai pas la main sur tout cela, je dois juste accepter la situation. Ce n’est pas comme si on avait mis un autre pilote à ma place, là, c’est au-delà de mon contrôle ! »
Que se passe-t-il pour vous maintenant car il n’y a plus d’ELMS ni de 24 Heures du Mans ?
« Dans l’immédiat oui, l’ELMS c’est mort, mais je n’ai pas encore tout à fait abandonné tout espoir pour les 24 Heures du Mans, peut être via l’Asian Le Mans Series car il y a encore des voitures d’Amato qui peuvent encore se qualifier. Je n’ai pas abandonné tout espoir en tout cas, même si ce ne sera pas Le Mans avec Luzich Racing. Je sais que j’ai la confiance d’Amato, de Philippe et je sais que je suis sur les radars. Dès qu’il y aura une opportunité de me mettre dans une auto, ils le feront, mais cela peut pendre un peu de temps. Dans le meilleur des cas, ce serait pour Le Mans, mais il y a aussi la saison WEC qui démarre en septembre. Deux de leurs Silver, Nicklas Nielsen (son équipier en ELMS) et Kei Cozzolino, sont passés Gold. Il en faudra des nouveaux, c’est donc mon espoir, même si je sais que la concurrence sera rude ! »
Quels sont vos projets ?
« Je n’irai pas dans une autre équipe. Je pense que le bon calcul est d’attendre un peu plutôt que de démarcher d’autres écuries. A mon avis, cela jouerait contre moi pour la suite. L’idée est de rester patient pour le moment, même si ce n’est pas facile, et d’attendre que de nouvelles opportunités se créent de nouveau. Je serai néanmoins présent sur les meetings ELMS car je vais accompagner une équipe LMP3 qui va faire ses débuts de la Michelin Le Mans Cup. Il s’agit de MV2S Racing, mon écurie de cœur. Si je ne suis pas dans la voiture, je serai là en tant que team manager. »
Fabien Lavergne a, depuis notre coup de fil, effectué deux journées de test au Castellet pour aider MV2S Racing à mettre au point leur LMP3, une Ligier JS P320. Il vous propose d’ailleurs de monter à ses côtés pour un tour embarqué du tracé varois !