Fabien Lavergne a eu une année sportive 2020 assez chargée. Il a partagé son temps entre le FFSA GT avec la Mercedes-AMG GT4 #2 de la formation CD Sport en compagnie d’Edouard Cauhaupé et la Michelin Le Mans Cup sur une Ligier JS P320 de l’équipe MV2S Racing avec Christophe Cresp. Depuis, il a été nommé à la tête de cette équipe. Endurance-Info a fait le point avec lui sur son nouveau rôle et sur sa saison 2021 !
On vous a laissé à Portimao lors de la dernière manche Michelin Le Mans Cup. Vous aviez ensuite la finale du FFSA GT où vous vous battiez pour le titre. Êtes-vous déçu du résultat final, c’est-à-dire la place de vice champion, alors que vous visiez le titre ?
« Forcement un peu déçu car c’était notre objectif à CD Sport, Edouard et moi. Lors de la dernière manche au Paul Ricard, tout s’est un peu mal goupillé avec un accrochage le samedi soir ainsi qu’une voiture qui avait souffert et qui n’était plus aussi performante le dimanche. Cela s’est joué à pas grand-chose, j’en retire beaucoup de positif avec une place de vice champion, trois victoires et l’impression de nous être bien fait remarquer tous les deux. Il ne faut pas oublier que j’ai sauté dans la voiture à Nogaro pour la toute première manche sans l’avoir pilotée auparavant. Il a fallu apprendre sur les courses et ce ne fut pas facile car le niveau est très relevé. En tout cas, sur un plan plus personnel, au niveau de ma carrière, je dirais que cela a été très positif en termes de retombées et d’image. C’est un championnat qui est très suivi et où sont réunis tous les plus grands pilotes français. Pour être honnête, je pense que cela a fait plus pour moi de gagner des courses, d’être vice champion GT4 cette année que mon titre GTE en ELMS en 2019. »
Allez-vous remettre cela en FFSA GT en 2021 ?
« J’ai pu faire le GT4 en 2020 car il y a eu une opportunité particulière, le volant ayant déjà été en partie financé. Je l’ai saisie car financièrement j’ai peu ou pas de budget. Au moment où l’on se parle, je n’ai rien signé, mais j’aimerais bien refaire une saison car c’est un beau championnat et, en termes d’image, c’est important pour moi d’être là. On verra, ce seront peut être des opportunités de dernière minute avec des équipes qui ont trouvé déjà un petit peu de budget ou des choses comme cela. J’ai quelques contacts, il y a des équipes qui voudraient me faire rouler, mais, comme souvent, l’aspect financier coince. »
Au niveau Endurance, vous nous aviez dit vouloir monter en ELMS après votre saison 2020 en Michelin Le Mans Cup. Où en êtes-vous fin janvier ?
« Depuis la fin de l’année 2020, entre temps, j’ai pris la direction de MV2S Racing, l’équipe dans laquelle je roulais en LMP3. Je fais cela à mi-temps ce qui me permet de garder du temps pour le pilotage et le coaching. Du côté sportif, nous avons ficelé le dossier pour être en ELMS en LMP3 avec notre Ligier JS P320 en 2021. L’équipage sera composé de Christophe (Cresp) et moi. Quant au troisième pilote, je ne peux pas encore dire son nom, mais ce sera un Bronze rapide. Nous aurons un trio pour faire de belles choses, c’est certain. Ce projet vient d’être validé et nous pouvons le dire officiellement, nous serons en ELMS en 2021, nous sommes donc ravis. »
Vous aviez aussi parlé de LMP2. Pourquoi ne pas y aller ? Est-ce trop prématuré ? Cela demande trop de budget ?
« Christophe veut faire les choses bien. Son objectif est d’aller aux 24 Heures du Mans, c’est une certitude, mais il ne faut pas brûler les étapes et la LMP3 reste une très bonne école. Ce sont des autos qui seront très proches cette année des LMP2 en termes de performance avec les progrès des LMP3 et la réduction de puissance des LMP2. Ce sont des autos déjà très performantes et Christophe doit s’habituer au trafic. Je trouve que l’ELMS est le championnat le plus relevé en termes d’Endurance, cela va donc lui permettre de continuer sa progression. Après, on verra, ce sera soit en GTE soit en LMP2 car nous ne sommes pas encore fixés là-dessus. Christophe a roulé aux 24 Heures de Spa en GT3 et cela lui a bien plu. Nous sommes en discussion avec un constructeur à ce sujet là, nous travaillons déjà pour le futur…»
Allez vous aussi faire Road to Le Mans ?
« A 99% oui ! Christophe a envie et a besoin de rouler à nouveau sur le grand circuit. On essaie de faire un équipage pour cette course là, mais je ne devrais pas être dans le baquet. On recherche plus quelqu’un qui pourrait compléter le budget…»
Si vous n’y roulez pas personnellement à Road To Le Mans, allez-vous tenter votre chance aux 24 Heures du Mans ?
« Je reste bien entendu ouvert à toute opportunité. Je vais discuter de cela avec Philippe Dumas qui est mon conseiller pour savoir quelle est la bonne attitude à adopter. Si quelque chose se présente, je saisirai sans problème.»
Vous aviez aussi parlé de rejoindre AF Corse avec l’aide de Philippe Dumas…
« Je n’ai pas vraiment d’opportunité pour le moment avec AF Corse. Je suis toujours en contact avec Amato (Ferrari), mais il engage un peu moins de voitures qu’avant avec la crise. De plus, en termes de Silver, mon âge joue en ma défaveur. On va plutôt avoir tendance à promouvoir des jeunes qui pourraient, par la suite, devenir pilotes officiels comme Alessio Rovera qui va rouler avec François Perrodo et Manu Collard en ELMS, plutôt que moi qui ai 35 ans. Donc sur un programme complet, je ne pense pas, sur quelques piges pourquoi pas. »
Vous l’avez mentionné, vous êtes directeur de l’équipe MV2S Racing maintenant. Comment se passe ce nouveau rôle pour vous ?
« Christophe (Cresp) a investi à la fois dans MV2S Racing, qui était son écurie de Mitjet quand il y courrait, et il a aussi racheté Mitjet International. A la tête des deux, c’était la même personne, Stéphane Roux, qui est le propriétaire et la patron de MV2S. Mitjet ayant eu un essor incroyable en 2020 et étant reparti sur de bons rails, Stéphane n’avait plus le temps de gérer les deux de front. Partant de ce constat là, il m’a nommé à la tête de l’écurie pour que lui se consacre à Mitjet.
C’est vrai que c’est nouveau pour moi, je découvre les coulisses et j’apprends beaucoup. J’ai la connaissance du haut niveau, je sais comment cela fonctionne et ce qu’il faut faire pour gagner. Par contre, gérer l’humain, c’est quelque chose que je découvre. Je m’appuie sur mon expérience de ma précédente vie, j’ai travaillé en concession automobile pendant neuf ans et j’avais managé des gens. Je continue d’apprendre avec enthousiasme. Le but est de donner une bonne image à MV2S Racing et de faire en sorte que l’écurie compte dans le paysage du sport automobile français.»