Vu de France, le championnat VLN n’est pas le plus facile à couvrir. Il y a encore quelques années, la série était très allemande. Fabrice Bergenhuizen, un fidèle des déplacements dans l’Eifel, était l’homme du VLN sur Endurance-Info, sans oublier la couverture de meetings à Spa-Francorchamps.
C’est au printemps 2008 que j’ai découvert, avec beaucoup de plaisir, Endurance-Info. De suite je fus charmé par le contenu de ce site dédié à mon sport favori. J’en ai d’ailleurs directement fait part à Anthony Megevand, rédacteur en chef à l’époque, et ai évoqué ma passion pour le VLN, photos à l’appui.
Il m’a rétorqué que c’était une série qui l’intéressait mais qu’il n’avait, hélas, pas les moyens pour la couvrir. Vu son intérêt, je lui ai envoyé des photos de la joute suivante ainsi qu’un petit récit de la course. A ma grande surprise, il a posté mes photos sur le site et rédigé un article avec mes commentaires. J’étais bien évidemment aux anges! Par la suite, voyant que j’avais la plume facile, Antho m’a proposé de rédiger un article sur chaque manche et, à partir de 2009, je fus accrédité pour l’intégralité de la saison. De quoi me permettre d’approcher les bolides au plus près et prendre une bonne dose d’adrénaline. La sensation de vitesse lorsqu’on est posté le long du rail, que ce soit à Hatzenbach, à la sortie du Karussel, à Pflanzgarten ou encore à Scwhalbenschwanz étant encore amplifiée par rapport à ce que l’on peut ressentir en zones spectateurs et ce bien que ces dernières soient situées à proximité de la piste contrairement à beaucoup de tracés modernes.
Si, le fait d’être si proche des concurrents procure un bonheur indescriptible, cela comporte parfois certains risques. Comme lorsque l’infortuné Philippe Salini (Seat Leon) déboula à Wehrsheifen, à près de 180km/h et, trahi par ses freins, vint se fracasser contre la pile de pneus, à 2 mètres à peine de moi, avant de rebondir au milieu de la piste. La Seat orange s’embrasant suite à la violence du choc. Fort heureusement le Français pourra s’extraire seul de son bolide et s’en sortira avec “seulement” quelques côtes froissées et des brûlures au visage.
Sur le coup, en le voyant arriver comme une balle, je me suis dis “à cette vitesse là il ne parviendra jamais à négocier le virage” et, par réflexe, je me suis légèrement retourné. Bien m’en a pris! Ce n’est d’ailleurs qu’en visionnant les vidéos du crash que j’ai pris connaissance de l’ampleur de l’impact.
Outre les sensations fortes, le VLN m’a également permis d’effectuer de bien belles rencontres. Celle avec Philippe en fait bien évidemment partie. Son assistance étant basée en plein cœur du paddock et non dans les stands où sont entassées généralement près de 180 voitures (!), il était toujours agréable de s’y rendre afin de recueillir ses impressions en compagnie d’une bonne Jupiler.
Parmi tant d’autres, je pourrai également citer ce grand fan des Rolling Stones qu’est le champion VLN 2004 René Wolff et avec lequel j’ai passé de très agréables moments, la très accueillante famille Kroll (toujours bien active en cette année 2021), la très sympathique Sarah Toniutti, laquelle a, malheureusement, du mettre provisoirement en veille son rêve d’évoluer en GT3 et ce pour diverses raisons totalement indépendantes de son joli coup de volant, le préparateur breton Jean-Luc Le Duigou avec lequel, dès notre première rencontre, nous sous sommes mis à “refaire le monde” autour d’une bonne Pils et d’une savoureuse cuury-wurst à l’entrée des paddocks du ring, Edgar Dubberstein l’inamovible commissaire en place à Schwalbenswanz (l’un de mes secteurs favoris) ou encore notre fidèle lecteur Didier Marchal. Je me souviens de l’avoir croisé, pour la première fois, dans les bois à hauteur de Kallenhard (dans la descente vers Adenau), et il était très surpris d’apercevoir une personne parlant Français et encore plus d’apprendre qu’il s’agissait de celle qui rédigeait les articles relatifs à son championnat favori pour le compte de E-I!
Depuis ce jour, une bien belle amitié est née et je ne compte plus le nombre d’excellents repas partagés dans une célèbre pizzeria basée à Breidscheid (Adenau) et très prisée des pilotes.
Parlons en des pilotes! L’ambiance conviviale, bon enfant, UNIQUE régnant en VLN où écuries professionnelles partagent leur box avec des écuries amateurs, dans le sens le plus noble du terme, fait qu’il y était très facile de réaliser des interviews.
Ainsi, durant les qualifs, il suffisait d’interpeller un pilote et lui demander s’il avait quelques minutes pour répondre à mes questions et, qu’il se nomme Augusto Farfus, Marcel Fässler, Andy Priaulx ou encore Jari-Matti Latvala, tous acceptaient sur le champ, qui plus est dans la bonne humeur! Avec certains, comme par exemple Dirk Müller, ce n’était presque pas nécessaire de poser de questions tellement il se “livrait” de bon cœur. Je garde également un excellent souvenir de Dirk Adorf. Il n’est pas le plus connu du grand public, mais je peux vous assurer qu’il a un pied droit très lourd comme le démontre à l’envi son impressionnant palmarès. Jugez plutôt: triple champion VLN, en 1992 sur Citroën AX et en 1996-1997 sur Opel Astra GSI. Cela peut prêter à sourire mais, pour rappel, en VLN les points au championnat sont attribués en fonction du classement dans les classes respectives et non du général. Au plus la concurrence est rude dans votre catégorie et au plus la récolte sera fructueuse. Et à ce titre, Adorf c’est pas moins de 60 victoires de classe! Et 8 au général, soit, par exemple deux de plus qu’un certain Romain Dumas!
Vous ne pouvez vous imaginer à quel point, en 2009, il m’a enchanté avec ses passages en force et ses temps canons réalisés avec la superbe Ford GT/Osram (affûtée par le Raeder Motorsport). Hélas pour lui, son équipier de l’époque, en l’occurrence l’architecte Hermann Tilke, était nettement moins véloce et il ne fut jamais en mesure d’imposer la belle américaine en dépit de l’une ou l’autre pole position acquise de haute lutte. Je retiendrai également l’humilité du gaillard. A l’époque il était consultant “WTCC” pour Eurosport Allemagne et je me souviens, qu’après m’avoir aperçu dans les paddocks de Zolder en temps que spectateur lambda, il avait crié après moi afin de me saluer! Un grand monsieur je vous dis! Du fait de son job pour la célèbre chaîne sportive, cela l’a rapproché de BMW, constructeur omniprésent en tourisme à l’époque et bien conscient du potentiel de Dirk, et il fut embauché, l’année suivante, en temps que pilote officiel avec au menu plusieurs joutes du VLN, les 24h du Nürburgring, et de Spa! Excusez du peu! Il était d’ailleurs en passe d’inscrire ces dernières à son palmarès (en compagnie de deux autres Dirk à savoir Müller et Werner), lorsqu’en toute fin de course, un bris de cardan expédia le dernier nommé dans le bac à sable. Ils repartiront et se classeront au 3e rang mais je dois bien vous avouer que, sportivement parlant, au vu de la bonhomie des trois hommes, ce fut une grosse déception pour moi et bien plus encore pour eux. Romain Dumas (et ses acolytes), toujours à l’affût, en a profité pour rafler la mise.
Toujours au rayon pilotes, comment ne pas citer Maxime Martin! Un as du volant dont le talent n’a d’égal que la simplicité, la sincérité. Avec lui, les poignées de mains sont toujours bien franches! L’un de mes meilleurs souvenirs, en sa compagnie, remonte à septembre 2009 au…Nürburgring, lorsqu’il se classa 2e (avec Dino Lunardi) d’une joute de l’ADAC GT Masters au volant d’une Alpina B6 GT3.
Je l’attendais au pied du pied du podium, avec l’un de ses amis, et, à sa descente, il partagea avec nous sa bouteille de champagne ô combien méritée.
Outre le VLN, j’ai eu le loisir de couvrir bon nombre d’éditions des 24h de Zolder pour le compte de EI.
Mon premier “grand reportage” ayant d’ailleurs eu lieu dans les pinèdes limbourgeoises en 2008. Pour l’anecdote, je vous avoue qu’Anthony n’était pas très chaud à l’idée que je couvre une épreuve somme toute confidentielle d’un point de vue européen et pour laquelle on lui demandait des “relevés d’audience” dignes de la F1 ou presque afin de nous accorder une accréditation et je peux vous dire que si, Antho n’était pas très chaud, l’ambiance, tant sur la pré-grille que dans les paddocks, était torride.
Les Girls du Temptation Car Wash faisant tout leur possible pour faire monter la température.
Quant à la course, je l’ai toujours adorée car il s’agit d’une VRAIE course d’endurance où il faut savoir ménager ses efforts et sa monture. Le tracé composé de très nombreuses chicanes et de gros freinages étant très éprouvant pour les mécaniques ainsi que pour les pilotes qui n’ont jamais le temps de souffler.
Ayant assisté pour la première fois aux 24h de Spa en 1981 (victoire de la Mazda RX7 de Tom Walkinshaw et Pierre Dieudonné), à l’âge de 6 ans, je suis fatalement très attaché aux bolides de cette époque. C’est pourquoi je me suis, également, fait une joie de couvrir ces superbes meetings que sont le Spa Summer Classic ou les Spa Six Hours (organisés par la dynamique équipe de Roadbook Organisation), le Spa Classic (chère à Peter Auto) ou encore le Youngtimer allemand. Et je constate que les “jeunes” pilotes, eux aussi, y prennent goût. Ainsi, lors de l’édition 2016 des Spa Six Hours 2016, à laquelle il participait avec une splendide et ô combien mélodieuse Ford Capri arborant la mythique livrée Bastos, Rob Huff me confia “être né à la mauvaise époque” tant il éprouvait du plaisir au volant de ce bolide ayant écrit quelques une des plus belles pages de l’histoire du double tour d’horloge ardennais. Et je peux vous dire, qu’en bord de piste, le plaisir était partagé tant les grands travers de l’Anglais étaient jouissifs!
Un changement d’orientation dans ma vie professionnelle ne me permet plus, faute de temps, d’écrire autant que je le souhaiterai mais je serai, à jamais, reconnaissant envers EI de m’avoir accordé sa confiance et permis de faire de si belles rencontres.
Merci du fond du cœur et, au passage, un grand coup de chapeau à Laurent Mercier pour son abattage et les heures, incalculables, passées en salle de presse. Personnellement je ne saurai point! En effet, les courses j’aime les vivre en famille, entre potes, avec une bonne bière en mains puis en faire le “debrief” autour d’une bonne bouffe. Et après digestion et réflexion je me mets au clavier!
Longue vie à Endurance-Info!