Felipe Fraga revient sur un circuit où il y a connu la joie et la tristesse. En effet, en juin dernier, il a remporté les 24 Heures du Mans 2019 en catégorie GTE-Am sur la Ford GT #85 de Keating Motorsports…pendant 24 heures avant que la voiture ne soit déclassée pour non conformité au niveau de la capacité du réservoir d’essence. Endurance-Info a pu faire le point avec lui avant la semaine des 24 Heures du Mans 2020 qu’il disputera sur la Porsche 911 RSR #57 de Project 1, de nouveau en catégorie GTE-Am !
Vous êtes en train de vivre votre première saison complète en WEC. Comment est-ce que cela se passe ?
« Malheureusement, j’ai manqué deux manches WEC à cause de clash de dates avec le Stock Car brésilien. A l’époque, j’étais plus concentré sur le Stock Car que sur le WEC. Je suis surtout chanceux car c’est Ben Keating qui m’a permis de disputer mes premières courses hors Brésil. En IMSA pour commencer, les 24 Heures du Mans l’année dernière avec Ford, et une saison complète en WEC maintenant avec Team Project 1. Certes, j’ai raté ces deux courses, mais je suis vraiment heureux d’être là avec Ben et Jeroen (Bleekemolen). Ils sont tous les deux 3e au championnat Pilotes GTE-Am. Ils ont encore de bonnes chances d’être titrés. Certes, ils ont plus de 25 points de retard (28.5 exactement sur François Perrodo, Manu Collard et Nicklas Nielsen sur la Ferrari #83 AF Corse, ndlr), mais il reste deux courses qui rapportent beaucoup de points. S’ils sont champions, même si je ne le suis pas à cause de ces deux épreuves manquées, je serai très content pour eux. Je sais que j’aurais été un acteur de ce résultat et nous nous entendons tellement bien… »
Vous revenez au Mans. Y a-t-il comme un goût de revanche après ce qu’il s’est passé l’an dernier ?
« Nous retournons au Mans, je suis impatient d’y être car nous avons un goût d’inachevé dans ce lieu depuis l’année dernière. Nous avons prouvé en 2019 que nous avions le rythme et que notre équipage était équilibré pour ce type d’événement. En juin, l’an dernier, je me suis senti tellement désolé pour toute l’équipe car ce n’est pas cette toute petite quantité de carburant en plus qui a changé le résultat. Je pense que tous les gens impliqués en sport automobile le savent. Nous n’avons pas besoin de prouver quoique ce soit à quiconque. Je me sentais vraiment mal quand j’ai découvert la décision des commissaires. Ces choses là arrivent dans le sport auto même si elles ne sont pas faciles à vivre. Nous avons de nouveau toutes nos chances cette année et je serai heureux de pouvoir ramener le trophée à la maison cette fois-ci. Mais, c’est tellement difficile une course de 24 heures et celle du Mans l’est particulièrement ! Ce n’est pas qu’une question de rythme, il y a aussi beaucoup de choses derrière. Mais Porsche est fort partout, dans toutes les courses, et la marque connait tellement bien les 24 Heures du Mans ! J’espère que nous serons rapides. L’an dernier, les Porsche 911 RSR étaient même plus rapides que la Ford sur un tour, mais, en rythme de course, la Ford était meilleure ! Cette année, nous n’avons pas fait beaucoup de pole position, une seule je crois, mais nous sommes toujours bien en course. Cette édition sera différente : pas de Journée Test, moins de temps en piste lors des essais libres. J’ai donc hâte d’être au Mans, je suis sûr que nous allons faire du super travail. »
Vous avez eu une longue carrière en Stock Car Brésil…
« Oui, j’ai commencé en 2014. J’ai fait six saisons dans ce championnat et j’ai été sacré en 2016. J’ai été l’un des plus jeunes champions de Stock Car Brésil. J’adore ce championnat, les courses y sont vraiment sympas et disputées. Le niveau est très bon, je pense que les 10 meilleurs du championnat pourraient faire du bon travail dans des équipes en WEC en particulier en GTE. Cependant, je voulais essayer d’autres choses, je ne me voyais pas continuer dans cette série. Je veux vraiment m’investir en GT et mon objectif est de pouvoir devenir un pilote usine un jour. C’est la raison pour laquelle je suis là, en Europe, et que j’ai tout quitté. C’est un gros risque pour moi, mais j’ai 25 ans maintenant, je veux vraiment essayer ! »
Avec les restrictions de voyage, depuis combien de temps n’avez-vous pas vu votre famille au Brésil ? Est-ce difficile ?
« Cela fait 15 jours maintenant (interview réalisée aux 6 Heures de Spa WEC en août, ndlr) et je vais rester en Europe plus de deux mois, au mois jusqu’à la fin du mois de septembre. A cause de la pandémie, je suis resté plus de trois mois avec eux, ce qui est vraiment inhabituel pour moi. En 2019, sur 52 week-ends, j’en ai eu 33 de course ! Ce fut vraiment une longue saison pour moi. Là, j’avoue que la coupure est plus dure car je suis resté longtemps avec ma mère, mon père et ma petite amie. Et là, je démarre trois longs mois sans les voir. Je ne peux pas me permettre d’aller au Brésil car ce serait risqué pour moi lors du retour et ils me peuvent pas non plus me rendre visite. Beaucoup de gens pensent que piloter des voitures de courses, c’est le grand luxe, que de bonnes choses, que du fun, mais ce n’est pas toujours facile comme en ce moment. Mais, à aucun moment, je ne vais me plaindre, c’est juste mon rêve qui se réalise, j’ai vraiment beaucoup de chance de faire ce que je fais. C’est comme cela, je rentrerai chez moi quand cela sera possible ! »