Fernando Alonso s’apprête à disputer sa 3e manche WEC de la saison. Depuis sa victoire aux 24 Heures du Mans en compagnie de Sébastien Buemi et Kazuki Nakajima, le pilote espagnol a affolé le monde de la F1 en décidant de s’en retirer après 18 saisons dont deux titres de champion du monde. Nous avons pu le rencontrer avant ses premiers tours de roues à Silverstone dans la Toyota.
Sa victoire aux 24 Heures du Mans : « Ce fut un vraiment moment de bonheur, de fierté de la part de toute l’équipe suite à notre préparation en vue du Mans. Comme tout pilote, je rêve de remporter des courses de légende comme les 24 Heures du Mans. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle j’ai rejoint Toyota pour la Super Saison. Remporter cette course de cette façon, en plus dès ma première participation, rend cette victoire particulière. Depuis, des semaines, des mois se sont écoulés et je réalise encore plus ce qu’elle représente. Tant de choses peuvent se passer comme un contact avec une GT, un souci technique, la pluie, etc… Il y a tellement de facteurs qui doivent s’additionner pour gagner ce genre de course. Je ne sais pas si je gagnerais de nouveau. Une chose est certaine, j’en suis vraiment fier et je me sens privilégié ! Il n’y a rien de plus fort que deux titres de champion du monde de F1 et une victoire aux 24 Heures du Mans.”
Gagner seul ou en équipe ? “Je pense que les deux sont appréciables. En F1, vous ne pouvez compter que sur votre auto, sur votre entente avec l’ingénieur et vous essayez d’optimiser la voiture pour trouver la perfection. En endurance, la perfection n’est pas forcément nécessaire, vous devez trouver le juste milieu et le bon compromis entre les trois pilotes. Par exemple aux 24 Heures du Mans, vous faites trois ou quatre relais et vous passez ensuite le volant à votre coéquipier en qui vous mettez toute votre confiance. Quand Kazuki ou Sébastien sont dans la voiture, c’est comme si c’était moi. Nous avons beaucoup échangé depuis que je suis chez Toyota, nous avons préparé ces courses, fait beaucoup d’essais, nous nous connaissons bien et quand je leur laisse le volant, je suis complètement rassuré. J’ai une grande confiance en eux et c’est une des caractéristiques de l’endurance.”
Sa décision d’arrêter la Formule 1 : « Actuellement, je pilote au meilleur niveau de ma carrière. Alors pourquoi fermer les portes à quelque chose qui pourrait arriver dans le futur ? Je suis toujours jeune, je n’ai pas 45 ans et je me sens fort au point de courir 27 courses cette année. Je pensais déjà à arrêter et le moment est venu de le faire. J’ai d’autres grands défis qui m’attendent que la F1 me peut pas m’offrir. C’est une discipline qui a des côtés positifs, c’est la plus grande série en sport automobile dans le monde et j’en profite depuis 17 saisons (cela représente 18 années puisqu’il a commencé en 2001 mais n’a pas couru en 2002). J’ai atteint bien plus de choses que je n’espérais. Cependant, maintenant, l’action en piste n’est plus celle dont je rêvais lorsque j’ai commencé en F1 ni même celle que j’ai connue par le passé. Les dernières années ont été plus de la tristesse et de la frustration à cause de mes résultats. Sur mes 18 ans, j’en ai gagné deux (titres en 2005 et 2006), donc si on part de ce constat, on pourrait probablement dire que lors des 16 autres années, j’ai été frustré. Ce ne fut pas le cas, mais j’ai décidé d’arrêter car je trouve que l’action en piste en F1 est actuellement très pauvre. L’action se trouve plus “hors piste”. On parle là de polémiques, de messages radios, etc… On parlait plus de ça car l’action en piste manquait. Je veux des séries où il y a plus d’action, plus de joie et de bonheur. A un moment de votre carrière, avoir 21 courses à votre programme demande un investissement pour votre sport et ça dure depuis pas mal d’années. C’est quelque chose que vous devez prendre en compte. Si je gagnais un 3e titre de champion du monde de F1 un jour, qu’est ce que ça apporterait à ma carrière et à ma contribution dans ce sport ? Si je faisais quelque chose sans précédent, qu’est ce que ça apporterait à ma carrière et à ma contribution dans ce sport ? J’ai mis ça dans la balance et j’ai décidé, voilà ! »
Ses projets : « C’est une mauvaise nouvelle, mais je ne serai pas en mesure d’annoncer mes projets avant au moins deux mois, courant octobre ! »
A propos de l’IndyCar et ses objectifs sur le court terme : « Je sais que cette possibilité existe. Je vais y penser et prendrai une décision plus tard. Cela pourrait être intéressant car j’ai vraiment apprécié ma participation aux 500 Miles d’Indianapolis en 2017. C’est une piste, mais j’ai besoin de temps pour digérer l’annonce de mon retrait de la F1. Pour le moment, je vise le WEC car mes buts, lorsque j’ai accepté de faire la Super Saison, étaient de gagner Le Mans, j’avais deux possibilités et j’ai gagné dès la première, et de devenir champion du monde. De plus, il y avait ce clash entre Sebring et l’Australie en F1 qui n’est maintenant plus d’actualité. Je me sens compétitif, j’ai gagné Spa et Le Mans. J’aime l’ambiance de l’endurance, j’aime l’équipe Toyota et la façon dont ils travaillent et se préparent. Même chose avec le WEC, un championnat qui ouvre ses portes. Ils font tout ce qui est en leur pouvoir pour que tout le monde soit bien et heureux. »