Cheville ouvrière des programmes de la Scuderia Cameron Glickenhaus, Franck Mailleux a été confirmé sur celui de l’hypercar en WEC et a pris la piste avec Romain Dumas avec la 007 LMH à Vallelunga (Italie) pour le déverminage de l’auto la semaine dernière. Endurance-Info a fait un point avec lui.
Comment se sont passés les premiers tours de roues ?
« Ce fut positif. Déjà, c’était la première rencontre des hommes de Joest Racing, Pipo (moteur) et Podium Advanced Engineering. Une bonne connexion s’est faite, ils ont appris à se connaitre et c’est important en Endurance. C’est intéressant et émouvant surtout de voir rouler cette voiture pour la première fois alors qu’elle n’existait que dans certaines têtes il y a encore 18 mois. C’est donc un projet très jeune, mais si Jim parle de faire courir une voiture aux 24 Heures du Mans depuis des années, le projet Hypercar est assez récent. Faire une voiture de A à Z est impressionnant… »
Qu’avez-vous fait pendant vos essais ? Avez eu des soucis ?
« Nous avons fait une soixantaine de tours sur un petit circuit, celui de Vallelunga. Nous avons été gênés pendant la première journée, jusqu’en fin de matinée, par des soucis de boîte de vitesses (sélection de vitesses). C’était dû à la gestion électronique. Une fois le problème résolu, il y a eu du “mapping moteur” notamment en lien avec la fermeture du papillon. Cela a dû être réglé aussi car la décélération n’était pas assez franche. Après cela, nous n’avons quasiment plus eu aucun souci et je trouve cela impressionnant. Certes, 60 tours, ce n’est pas beaucoup mais c’est une voiture toute neuve. »
Quels sont vos ressentis au volant ?
« Ce fut sympa. Cela fait longtemps que je n’avais pas roulé. J’ai pris un peu de temps pour me réhabituer. On se sent vite dans un environnement de prototype visuellement et à l’intérieur aussi. Par contre, on est assez déconcerté par le poids de la voiture car on est habitué à avoir une certaine agilité avec un prototype. Elle est assez lourde et cela donne la sensation d’avoir une très très belle GT. C’est nouveau, ce n’est pas dans notre état d’esprit. Avant la séparation était nette entre le GT et le Proto. Là, on se retrouve quand même avec un mix et je dois dire que je ne m’attendais pas forcément à cela. Je pensais que nous serions plus proches d’un proto. »
Lors de notre dernière entrevue, vous aviez souligné le fait que vous étiez ravi de rencontrer Romain Dumas pour la première fois. Alors…
« Ce fut super ! Nous avons pris le temps. J’ai atterri à Genève le lundi et avons passé toute la semaine ensemble jusqu’à vendredi soir. Nous avons fait la route ensemble pour descendre à côté de Turin chez Podium Advanced Engineering dans un premier temps. Puis nous sommes allés à Vallelunga. Cela nous a permis de faire connaissance, j’ai passé un très bon moment. J’ai surtout rencontré un passionné de sport automobile et je ne le savais pas à ce point. En plus, il adore la technique. Après le test, nous sommes remontés de Rome aussi ensemble ce qui nous a permis d’échanger nos premières impressions sur cette nouvelle auto »
Vous n’êtes pas à Monza cette semaine, mais il y a des essais avec Romain Dumas, Pipo Derani et Ryan Briscoe. Quel est l’objectif de cette nouvelle séance ?
« Les deux premiers jours à Vallelunga avaient valeur de déverminage et voir si tout fonctionnait. Ces nouveaux tests vont permettre de confirmer, d’infirmer les données aéro que nous avons déjà pu récolter de la soufflerie de chez Sauber. On sait qu’en Hypercar, c’est très cadré au niveau de l’appui et de la trainée que l’on peut avoir. Des choses ont été homologuées et validées dans la soufflerie, mais il faut maintenant voir comment cela réagit sur circuit, dans la vraie vie. On a besoin de longues lignes droites, de faire des tests aéro à des vitesses constantes. Il nous faut voir la réaction de la voiture par rapport aux réglages que l’on peut effectuer sur la hauteur de caisse, sur certains éléments aéro que l’on règle comme l’aileron arrière et les deux petits flaps à l’avant. C’est ce travail là qui va être effectué à Monza cette semaine… »
Quel est votre prochain rendez-vous avec la voiture ?
« La semaine prochaine de nouveau à Vallelunga. Ce sera avec d’autres pilotes car l’idée est de faire rouler les sept pilotes et que l’on se rencontre au fur et à mesure. Le programme prévoit deux doubles journées le 11 / 12 et 14 / 15. Je serai sur le premier créneau en fin de semaine prochaine. Les choses s’enchainent, c’est bien. Avec une nouvelle voiture, il faut la faire rouler pour la faire tomber en panne (rire) et identifier les soucis. C’est l’état d’esprit dans lequel nous sommes tous, nous voulons avoir suffisamment de recul pour dire que nous sommes capables de participer à une course et donc d’homologuer la voiture. Il faut savoir que tant que nous n’avons pas pris part à une course, nous sommes encore libres de faire certains changements. »
En savez-vous plus sur votre programme de course avec cette Hypercar ?
« Personnellement, je ne sais pas. Cela a été annoncé la semaine dernière que nous ne serions pas à Portimão et je pense que c’est une bonne décision par rapport à la situation sanitaire d’une part et le fait que cela aurait été compliqué pour nous d’être prêt, d’autre part. Nous n’aurions pas eu assez de recul avec l’auto pour être compétitifs à Portimão. Elle est toute neuve et l’équipe aussi. On sait que c’est important en Endurance d’avoir des automatismes, que les arrêts au stand sont nombreux et importants dans la performance. La nouvelle équipe n’est pas encore prête à faire cela. Ce sera aussi le but des prochains tests : acquérir ces automatismes d’équipe d’Endurance, les procédures quand l’auto s’arrête, le plein, le changement de roues, le launch control. Il y a beaucoup de travail et face à nous il y a des équipes bien rodées. »