Franck Mailleux est l’un des sept pilotes retenus par la Scuderia Cameron Glickenhaus pour disputer la saison WEC 2021 en Hypercar. Il faut aussi parti des trois français retenus avec Romain Dumas, double vainqueur des 24 Heures du Mans, et Olivier Pla. Suite à cette annonce, nous avons contacté le pilote rennais pour qu’il donne ses impressions sur sa nomination et sur le projet WEC du constructeur.
Vous êtes de retour en prototypes, on imagine que vous êtes content…
« Forcément très heureux. Je suis maintenant impatient de monter dans la voiture. Au début de mes discussions avec Jim (James Glickenhaus, ndlr), on s’attendait à rouler début janvier. Tout s’est compliqué avec le Covid-19, il faut que tout se mette en place, mais il est vrai que c’est une très bonne nouvelle pour moi et, comme mes six coéquipiers, on piaffe d’impatience de voir la voiture complètement, de pouvoir rouler avec afin de savoir si elle est bien née ! »
Vous êtes dans beaucoup de projets de Glickenhaus et ce depuis longtemps. Cette confirmation au sein de l’équipe WEC est une belle preuve de confiance, non ?!
« C’est une belle satisfaction, il est vrai. Nous avons appris à nous connaitre avec Jim, nous avons des valeurs humaines communes. C’est ce qui nous aide à vouloir continuer ensemble. Du côté sportif, j’ai donné du mien dans tous les projets que ce soit avec la 003 et la 004. J’ai envie de continuer avec la 007. J’ai été performant, très performant, et j’ai même envie de dire le plus performant dans ses voitures alors qu’il y a eu beaucoup de très bons pilotes à passer au Nürburgring. Donc hâte de retrouver un proto, de retravailler avec certains pilotes que je connais. Il faut maintenant définir les équipages en espérant trouver deux coéquipiers avec qui il y aura une osmose assez rapidement pour être prêt pour les 24 Heures du Mans. »
La liste de pilotes est sacrément impressionnant avec des anciens vainqueurs des 24 Heures du Mans, du Nürburgring, de Spa, de Daytona, des champions IMSA. Avez-vous l’impression d’être un peu le « petit poucet » parmi eux ou vous vous dites que vous avez tout à fait votre place dans cette liste ?
« Forcément, si on regarde d’un côté les palmarès et de l’autre les dernières années en sport automobile, oui, on pourrait dire que je suis le ‘petit poucet’. Mais je ne suis pas très à l’aise avec cela car j’ai fait six fois les 24 Heures du Mans (de 2009 à 2015), à chaque fois en prototypes LMP1 ou LMP2 et ce n’est pas le cas pour tous mes coéquipiers. C’est donc une course que je connais bien. Si je vais un peu plus loin et que je regarde mon parcours en Formule 3 et en monoplace, je retrouve des gars qui sont des pilotes de pointe aux USA notamment Renger van der Zande. Ce sont des personnes contre qui je roulais et je n’ai pas du tout à en rougir. J’aborde vraiment ce nouveau programme sereinement et avec quelque chose qui m‘a fait beaucoup changé en tant que pilote : le plaisir. Je me rends compte que, dans la vie, et c’est la vraie différence entre eux et moi, je n’ai pas fait que du sport automobile du point de vue professionnel. Je relativise plus désormais et, c’est ce qui m’a permis, je pense, de construire mes performances depuis 2015 avec Glickenhaus. J’aborde chaque course, chaque tour, chaque virage avec tellement plus de plaisir qu’à un moment d’une carrière où on essaie de percer pour aller en Formule 1 et que l’on n’a que cela en tête. Je crois que cet équilibre me convient très bien et me permet d’être performant ! »
Au niveau équipe aussi, la Scuderia Cameron Glickenhaus a été considérée par certains comme un « petit ». Elle a même été moquée. Que leur répondez-vous ?
« J’ai envie de répondre aux gens qui n’ont peut être pas pris assez sérieusement ce projet que c’est le type de chose qui nous fait rêver en fait. On parle là de passionnés qui savent traduire, exprimer un rêve et qui le réalise. C’est ce que Jim fait ici et je crois qu’il le fait bien et simplement. C’est d’ailleurs là tout le paradoxe car c’est un grand rêveur, un passionné. Il y a une bonne dose de rationalité dans ce qu’il fait, dans son approche et c’est ce qu’il l’a amené, ainsi que son fils Jesse, à se dire qu’ils avaient besoin de partenaires et qu’il fallait qu’ils s’entourent de personnes avec de l’expérience. Ca a commencé par Podium Engineering, structure de Luca Ciancetti que je connais bien composée de grands professionnels. Ils ont par la suite contacté Sauber et Joest Racing. Il faut que la sauce prenne, mais les ingrédients sont là et à nous, pilotes, de trouver la bonne cuisine ! »
Vous aurez face à vous un grand constructeur, Toyota. Comment voyez-vous cela et avez-vous peur de cette BOP qui sera mise en place ?
« Non, je ne pense pas. Il y a déjà une différence technologique dans les deux voitures. Ce sera l’une des clés au niveau performance entre nous et Toyota. Les conditions météorologiques, avec cet écart de technologie, auront leur importance aussi. On parle de quatre roues motrices d’un côté et pas de l’autre. L’histoire des 24 Heures du Mans est faite de petits et grands constructeurs. Certes, on passe à une nouvelle étape avec cette catégorie Hypercar, mais personne n’a envie d’enlever cet ADN de ce que sont les 24 Heures du Mans et le WEC. Ce sera une bataille de passionnés de l’automobile et je pense qu’avec le règlement, le budget cap, on ne va pas lutter à armes égales avec Toyota, car cela fait maintenant quatre ans qu’ils sont avec les mêmes équipages (en dehors de Brendon Hartley, ndlr), les mêmes ingénieurs. Voilà, c’est très solide, on va faire face à une machine bien huilée et déjà en route. C’est plus là que je vois un véritable écart entre nous plutôt que le fait que ce soit un grand constructeur et que nous soyons plus petits ! »
A suivre…