Les courses longues ont clairement bien réussi à Fred Makowiecki cette année. Les 12 Heures de Sebring, les 24 Heures du Nürburgring et le Petit Le Mans sont tombées dans l’escarcelle du pilote officiel Porsche sans oublier une 2e place aux 24 Heures du Mans. En revanche, les championnats Blancpain GT Series Endurance et Intercontinental GT Challenge ont été nettement plus compliqués malgré un équipage de tout premier choix. A l’heure de dresser le bilan, Fred Mako se veut positif. Le Mako des grands jours est de retour et il n’a pas envie de s’arrêter là…
Difficile de faire mieux que la saison écoulée…
“Les grandes courses d’endurance se sont bien terminées. Il me reste Daytona et Le Mans à accrocher en GTE. Avec Suzuka en SUPER GT en 2013, la boucle sera bouclée. Ce n’est pas tout car il faudra aussi aller chercher les grandes classiques GT3 telles que Bathurst et Spa.”
Si la catégorie GTE vous a plutôt réussi, le programme GT3 (hors 24 Heures du Nürburgring) a été plus compliqué ?
“On ne peut pas dire que nous avons brillé sur le plan des résultats. Le Manthey Racing découvrait cette année un nouvel univers dans un environnement très compétitif. Beaucoup de marques peuvent l’emporter et Porsche avait moins de retours que la concurrence en Blancpain GT Series. Il n’est pas facile de se faire une place quand on voit les écarts. Ce qui est sûr, c’est que cette saison 2018 a permis de mieux comprendre les rouages du championnat, ce qui j’en suis sûr, va servir pour 2019 avec l’arrivée de la nouvelle auto. Porsche n’a pas l’intention de se laisser distancer face à la concurrence.”
Et l’Intercontinental GT Challenge ?
“Le bilan est le même. Le résultat de Bathurst ne reflète pas notre performance. A Suzuka, le top 5 était à notre portée. La meilleure performance reste la 4e place à Laguna Seca pour notre première expérience avec le Wright Motorsports qui a vraiment fait du bon travail. Pour résumer, nos deux dernières courses, en Blancpain et IGTC, ont été les meilleures.”
La nouvelle Porsche 911 GT3-R gomme les inconvénients de l’ancien modèle ?
“Le modèle 2019 est bien meilleur, on peut le qualifier de ‘petite’ RSR. Elle a plus de grip mécanique, elle absorbe mieux les bosses et les vibreurs, elle a plus de charge aéro pour une vitesse maximale quasiment identique. Elle s’adapte mieux aux variations de température. Le petit bémol reste le manque de couple.”
Vous sortez d’une saison en Intercontinental GT Challenge. Quel est votre avis sur le championnat ?
“C’est un très bon compromis car le championnat permet de s’appuyer sur des équipes nationales. Le calendrier est vraiment beau et la grille est magnifique. Beaucoup d’autos peuvent l’emporter. Le seul problème reste que les courses sont confidentielles en dehors de Bathurst et Spa. Il faut arriver à créer un événement autour des courses comme on peut le voir à Spa.”
Revenons-en à votre saison 2018. Les choses avaient plutôt mal débuté à Daytona…
“Daytona a été compliqué. Il y avait Ford et les autres. Nous étions dans la deuxième classe avec Corvette. On abandonne mais cela nous a rendu encore plus forts. A Sebring, nous avons fait une grosse course et même si nous avions terminé 2e ou 3e, il n’y aurait pas eu de frustration car on a tout donné.”
Les 24 Heures du Nürburgring restent l’un des grands moments de l’année ?
“Nous avons vécu une aventure humaine incroyable. On savait que si on attaquait du début à la fin, ça ne passerait pas. Nous n’avions plus rien à perdre, on a pris des risques démesurés durant toute la course et finalement cela a payé. Nous n’avons pas volé notre victoire. Chaque succès a sa particularité, mais ce qui est beau, c’est de gagner toutes ces courses de l’année avec des potes. J’ai confiance en eux sur la piste, il n’y a aucun problème d’ego entre nous. Si l’un de nous connaît un coup dur, les autres ne seront pas là pour le blâmer.”
Une bonne entente dans un équipage d’endurance peut faire gagner des courses ?
“C’est un vrai avantage. Nous avons tous le même set-up et personne ne tire la couverture à ses pieds. Patrick (Pilet) a gagné Sebring avec nous et Porsche a décidé de le mettre dans notre équipage au Nürburgring. Il a été l’un des acteurs majeurs du succès.”
Une Porsche a gagné les 24 Heures du Mans (GTE-Pro), mais cette fois ce n’était pas la votre. Frustré d’avoir terminé 2e ?
“Le Mans reste une course fantastique et c’est toujours beaucoup d’émotion de monter sur le podium. Il faut se féliciter qu’une Porsche ait pu gagner. Quand une Porsche gagne, la déception de terminer 2e est moins importante. Ce n’est pas tous les ans qu’on peut avoir cette possibilité. Le Mans se joue sur des détails. Le safety-car a pu casser la course après quatre heures, mais la direction de course n’a pas commis d’erreur comme j’ai pu le penser à chaud. Le travail a été fait de leur côté.”
Tout le monde retient votre bagarre avec la Ford de Bourdais…
“Tout dépend comment on voit les choses. Si à un moment j’avais voulu être méchant, ça aurait pu se compliquer. J’étais trop haut en pression des pneus et en restant derrière on peut dégrader beaucoup plus les pneumatiques. Il fallait donc rester devant. Quand on regarde la caméra embarquée, on voit clairement qu’à Arnage je suis obligé de passer dans l’herbe pour éviter le contact. En tout cas, j’ai pris mon pied.”
On parle d”Hypercar’ pour le futur. Quel est votre avis sur le sujet ?
“C’est bien de voir qu’il y a 20 ans les gens avaient de bonnes idées, de refaire ce qui a été fait dans le passé et de faire rêver. Les LMP1 actuelles sont très rapides, mais elles ne font pas rêver les fans. La question est d’avoir la bonne balance entre ce que ça coûte et ce que ça rapporte. Quand on avait Audi, Porsche et Toyota sur un même pied d’égalité, tout allait bien. Le problème est quand un des trois prend le dessus.”
Votre programme 2019 est défini ?
“Le programme n’est pas finalisé. J’aimerais bien aller chercher les 24 Heures de Daytona et les 24 Heures du Mans. Le ratio sur les courses d’endurance en deux saisons serait bon (rires).”