Dernier Français à avoir roulé en GT500, Fred Makowiecki s’est imposé aux 1000 km de Suzuka 2013 dès sa première année dans le championnat. Réputé pour être l’une des séries les plus relevées au monde, le SUPER GT et ses GT500 font plus penser à des prototypes qu’à des GT. Fred Makowiecki a suivi les traces de Benoît Tréluyer, Erik Comas, Loïc Duval, Sébastien Philippe et Jérémie Dufour pour tenter l’aventure au pays du Soleil-Levant. Le Français a rejoint les rangs de Dome pour épauler Naoki Yamamoto sur une Honda. Retour sur une success story…
Comment vous êtes vous retrouvé à rouler en SUPER GT ?
“Deux facteurs ont joué. Il y a d’abord eu Ricardo Divila qui était très proche de Dome qui cherchait un pilote pour la saison 2013. Ricardo a proposé mon nom sachant en plus que Dome cherchait à rouler en gommes Michelin. La combinaison des deux a fait que Dome m’a fait confiance.”
Le championnat n’est pourtant pas très médiatisé en Europe…
“Je suis les courses depuis le début de ma carrière, du temps d’Erik Comas. J’ai toujours trouvé ce championnat fantastique qui a su trouver un équilibre avec de grosses autos. Les pilotes vont à la bagarre sans aller au-delà de la limite. Les règles sont bien établies. En cas de problème, le pilote peut défendre sa cause. Chaque dossier est étudié. La médiatisation n’est pas très importante en Europe mais cela n’enlève rien à son côté compétitif.”
La décision de partir au Japon a été facile à prendre ?
“Le SUPER GT était mon programme prioritaire en 2013. J’ai la chance d’avoir des amis qui ont travaillé au Japon. Ben Tréluyer a été très important dans tout le cursus. Sans lui, je ne pense pas que serais allé au Japon. Ben m’a appris beaucoup de choses. La culture du pays est différente et tout prend du temps. J’ai découvert des gens très talentueux. Le championnat est une vraie guerre au niveau des constructeurs et des pneumatiques.”
Le championnat n’est pas trop politisé ?
“C’est ce que j’avais comme écho. Les changements d’homologation ont lieu tous les trois ans et il y avait toujours un roulement pour faire débuter une nouvelle auto. En 2014, tout le monde est parti d’une feuille blanche, ce qui a bien aidé.”
Les GT500 peuvent être assimilées à des prototypes plus qu’à des GT ?
“C’est plutôt une catégorie prototype avec plus ou moins un soutien d’usine. A Fuji, les chronos sont similaire à une LM P1 non hybride. Toutes les autos ont une chance de s’imposer et le ‘success ballast’ permet d’équilibrer les choses. Chaque année, c’est le meilleur qui gagne.”
Les débuts ont été compliqués ?
“C’est la première fois qu’une Honda était équipée de gommes Michelin. L’auto a été développée avec Bridgestone. Lors de la première séance d’essais, nous étions à 3.5s. Cependant, nous sommes montés en puissance au fil de la saison. Dès la première course, nous avons pu nous battre pour le podium. C’était le cas sur quasiment toutes les courses.”
Le championnat vous a échappé de peu…
“Nous étions en tête à deux meetings de la fin de saison. En 2013, il n’a pas eu une seule course sous la pluie, ce qui n’était plus arrivé depuis plusieurs années. On savait qu’on était très forts sous la pluie mais nous n’avons pas pu le montrer.”
La victoire à Suzuka reste forcément un grand moment ?
“Cette victoire est un moment particulier dans ma carrière. De plus, c’était la première victoire de Naoki en sport automobile. Naoki m’a été d’une très grande aide pour m’intégrer au Japon. Il m’a appris à vivre japonais et je lui en serais éternellement reconnaissant. Nous sommes passés à côté à Sepang et Sugo. La victoire de Suzuka nous a relancé au championnat et tu te prends à rêver de remporter le titre dès la première année. Voir 70 000 spectateurs applaudir à l’arrivée d’une course ne se voit pas tous les jours.”
Le public japonais a quelque chose de spécial ?
“Il y a beaucoup de spectateurs sur chaque meeting. Ils sont très impliqués et fins connaisseurs. Etant de nature souriante, le contact a de suite été bon avec les fans. Je me suis régalé avec un super accueil. J’aime beaucoup le fait que les spectateurs soient proches des acteurs. Les fans sont très connaisseurs. Beaucoup sont sur les réseaux sociaux et me suivent toujours. Ils aiment le sport automobile comme il était à l’époque. C’est un championnat de pilotes.”
Travailler avec les japonais est facile pour un européen ?
“Beaucoup de pilotes européens pensent que rouler en SUPER GT est facile. Il faut y aller avec beaucoup de respect et d’humilité. Il faut bien appréhender la culture japonaise. Une fois que l’équipe a pleinement confiance en toi, cette confiance est aveugle. J’ai le souvenir de Sepang en début de saison où on perd 30s au ravitaillement car la voiture ne redémarre pas. Nous étions en tête et on termine finalement au pied du podium. Tu peux penser que l’équipe te regarde comme si tu avais fait une bêtise, mais finalement ce n’est pas le cas. Dans l’ensemble, l’accueil des pilotes japonais a été très bon. C’est juste une question de langue.”
Le SUPER GT fait partie des championnats les plus relevés ?
“Chaque championnat a sa spécificité. En Europe, on a souvent tendance à dire qu’on a les meilleurs championnats. Il suffit d’aller faire un tour au Japon pour prouver le contraire. Quelques circuits sont magiques : Sugo, Autopolis, Suzuka. L’apprentissage des tracés n’a pas été trop compliqué. Il ne faut surtout pas sous-estimer les pilotes japonais. Un Japonais au Japon n’est pas un Japonais en Europe. Ils font le chemin inverse et doivent prendre leurs marques.”
Aucun regret à avoir relevé ce défi du Japon ?
“C’était pour moi une expérience magique et je n’ai pas le moindre regret…”