C’est l’histoire d’une équipe stéphanoise qui roule dans différentes disciplines et qui vient de s’offrir la plus grande course GT au monde. Le Saintéloc Racing, rebaptisé Audi Sport Team Saintéloc pour les Total 24 Heures de Spa, s’est défait de la concurrence grâce un sans-faute de Jules Gounon, Christopher Haase et Markus Winkelhock, mais aussi de toute une équipe focalisée derrière ses pilotes. Sébastien Chétail, patron de l’équipe, a eu le nez creux en recrutant Fred Thalamy pour mener à bien le Saintéloc Racing sur le devant de la scène GT. Avec des moyens inférieurs aux équipes de pointe, le team s’est forgé une belle réputation pour aller lutter contre les ténors de la catégorie.
Pendant que les trois pilotes revenaient sur leur course en conférence de presse, Fred Thalamy était tout proche, l’horloge Blancpain dans une main, très calme, presque surpris de se retrouver là. Personnage attachant, le directeur sportif du Saintéloc Racing ne rechigne jamais à prendre du temps pour vous donner une explication ou vous dire pourquoi il vaut mieux appliquer cette stratégie plutôt qu’une autre, et ça aussi bien à Spa qu’au beau milieu de la Chine à Zhuhai. En quittant la salle de presse, nous avons rattrapé Fred Thalamy pour recueillir ses impressions sur cette folle édition 2017…
Surpris de cette victoire ?
” (il réfléchit, encore ému) J’ai rejoint le Saintéloc Racing il y a quatre ans et nous avons rencontré les gens de chez Audi avec Sébastien afin de renforcer les liens. On m’avait dit que Audi était une grande famille. Tout le monde dit que chaque constructeur est une grande famille, mais chez Audi, le mot famille prend tout son sens. Nous avons débuté par faire rouler des gentlemen avec des professionnels. Beaucoup ont rigolé de cela. Nous avons respecté cette association, toujours avec l’envie de bien faire. Près de 20 pilotes soutenus Audi sont passés par le Saintéloc Racing. Audi nous a donné l’opportunité de faire rouler cette Audi à Spa.”
Donc ce n’est pas vraiment une surprise…
“Audi nous a fait confiance en nous disant qu’on pouvait y arriver. L’annonce s’est faite assez tardivement mais nous avons énormément travaillé autour de ce programme sans chercher à faire ce qu’on ne savait pas faire. Personne n’y croyait mais tout le monde y pensait.”
Audi vous a donné une totale liberté ?
“Nous avions avec nous un magicien en la personne de Cédric Testaz, fin stratège suisse, qui était dans le programme LM P1. Il nous a fait gagner des secondes et même des minutes. Tout été recalculé en permanence. Les mécaniciens de l’équipe ont fourni un super boulot en préparant une auto toute neuve le vendredi. L’équipe a fait le set-up elle-même. Les gens de chez Audi nous ont dit : “elle est à vous, faites comme vous voulez”. Ensuite, nous avons assisté à une partition musicale. Tout le monde était à 100%, pas à 110%. Je n’avais pas la moindre angoisse sur le travail fourni. Chacun était à sa place.”
Gagner la plus grande course GT au monde n’est quand même pas rien…
“J’avais dit à Christopher (Haase) que l’objectif était de gagner à Budapest en Blancpain Sprint Cup. J’y tenais car Christopher nous a tellement apporté depuis qu’il est avec nous. En descendant du podium, il m’a glissé avec le sourire : “tu m’avais dit Budapest, pas Spa” (rire). Il a fallu du temps pour que la relation s’établisse entre nous. Christopher est allemand et il communique en anglais. De notre côté, on part du français pour l’anglais. Cela peut arriver au début qu’il y ait des incompréhensions. Tous les pilotes Audi nous ont amené quelque chose. Je suis arrivé chez Saintéloc au moment où Stéphane Ortelli était là. Alors lui, je me demande bien ce qu’il fera une fois qu’il arrêtera de piloter tant il aime partager avec ses coéquipiers. Un pilote en or.
“Jules (Gounon) est une très belle découverte et je ne me fais aucun doute sur le fait qu’il ira loin, très loin. Quant à Markus, on le connaît et on sait tous ce qu’il est capable de faire. En début de semaine, durant un briefing, il est revenu sur l’édition 2016 où il a connu de multiples soucis avant de monter sur le podium. On s’est dit que le podium était envisageable même après avoir perdu le contact avec la tête durant la nuit. On a juste appliqué la même recette que les autres équipes Audi qui ont gagné avant nous.”
Le stress a été permanent durant la course ?
“Cédric a pris la décision de faire rentrer l’auto à deux ou trois reprises sans que l’on sache pourquoi. On lui a fait confiance et les décisions étaient bonnes. Il est arrivé que le pilote apprenne qu’il devait rentrer que quelques mètres seulement avant d’emprunter la voie des stands. Quand ça veut jouer, ça joue. Il y a eu beaucoup de travail en amont pour bâtir tout cela. Je suis très content pour toute l’équipe et c’est vraiment une grosse fierté de partager cela avec eux.”
Le Saintéloc Racing entre dans la cour des très grands ?
” (Il réfléchit) Je suis aussi très content pour Seb (Chétail) qui se défonce chaque jour pour faire avancer l’équipe et trouver les solutions pour la faire progresser. Je lui ai toujours dit que cela ne servait à rien de gagner des courses si l’entreprise n’était pas pérenne. Je savais que le jour où on gagnerait, on marquerait les esprits. Cette année, notre Audi est vite partout et je ne vois pas ce qu’il manque…”