Suite au départ de Gérard Neveu fin 2020, une nouvelle tête dans l’organigramme de Le Mans Endurance Management est arrivée en la personne de Frédéric Lequien.
Le nouveau directeur général du WEC et de l’ELMS a débuté sa carrière dans une agence de publicité en 1998 avant de rejoindre Eurosport Events comme responsable du sponsoring pour les LG Super Racing Weekends qui regroupaient à cette époque le FIA GT, l’ETCC et les World Series by Renault. Il devient par la suite directeur adjoint du Dakar en 2004 chez ASO (Amaury Sport Organisation).
En 2011, il crée Bullitt Sport, sa société travaille en étroite collaboration avec les grandes marques, les constructeurs automobiles et les détenteurs d’événements de droits sportifs. Elle est active dans le marketing événementiel, l’organisation d’événements, la stratégie marketing, le conseil en management, la coordination d’événements et le conseil marketing. Bullitt Sport co-organise le rallye-raid du Silk Way Rally.
Lors de la première manche d’European Le Mans Series à Barcelone, Endurance-Info a rencontré le nouvel homme fort de l’ELMS et du WEC.
Êtes-vous un passionné d’Endurance ?
« Je suis déjà passionné de sport automobile depuis très longtemps et d’Endurance bien sûr. Mon plus gros coup de cœur, celui qui a fait que par la suite je n’ai jamais lâché, c’est l’époque des GT1 aux 24 Heures du Mans. Je n’ai pas arrêté de suivre ensuite, mais j’ai mis un bon bout de temps avant de venir au Mans. La première fois remonte à 2012 ou 2013. A travers mon travail, j’ai eu la chance de faire énormément d’événements sportifs, du sport auto, mais pas que, et je dois bien dire que Le Mans m’a vraiment marqué. Ce mix de population différente, avec des nationalités différentes, ce côté populaire, ce bruit, cette foule, tout m’a frappé. J’ai alors compris que c’était un évènement à part et qu’il n’y avait pas d’équivalent.
Par rapport à ma carrière professionnelle, je trouve qu’il y a pas mal de similitudes avec le rallye-raid car c’est aussi de l’endurance. C’est aussi un mélange d’équipes officielles et d’écuries privées, de pilotes pro avec des gentlemen drivers et des amateurs. Ce n’est donc pas trop dépaysant à ce niveau là. »
Comment se sont faits vos premiers pas au niveau de votre prise de fonction ?
« Cela se passe bien, je me sens bien dans mon nouvel environnement. Ce fut un choix difficile, le challenge est immense, mais un vrai choix ! J’ai vu grandir le WEC depuis 2012 et j’ai vu à quel point ce championnat a pris de l’ampleur. Il m’a fallu très peu de temps pour me rendre compte de la tâche qui m’incombe maintenant. Les premiers mois se sont super bien passés, c’est beaucoup d’acclimatation au début. Il y a plein de choses à savoir et à découvrir, il faut savoir rester très humble par rapport à cela, ne pas être prétentieux. Il me faudra encore beaucoup de temps pour saisir plein de petites nuances. Donc les trois premiers mois, je me suis efforcé à connaitre les équipes (en interne), c’est essentiel, je veux dire par là l’intégralité de la « maison ». Quand on monte plusieurs championnats avec des gens ultra compétents autour de soi, il faut apprendre à les connaitre, savoir leurs réactions par rapport à des différentes situations, des process d’organisation. Il va venir un 2e temps, qui a déjà commencé dès Sebring où nous nous sommes rendus en mars et qui s’est continué à Barcelone, c’est-à-dire rencontrer les acteurs des différentes catégories, les concurrents. Donc, dans ces 90 premiers jours, il y a eu beaucoup de réunions pour apprendre à connaitre ses équipes et surtout travailler main dans la main avec l’ACO. C’est primordial, nous avons travaillé dans les mêmes directions. »
Y-a-t-il des similitudes avec ce que vous faisiez avant au niveau du Silk Way Rally ?
« Tout à fait, des similitudes sur l’approche relationnelle avec les concurrents. Les problématiques sur les évolutions réglementaires techniques et sportives, c’est la même chose. Après, du point de vue opérationnel, ce sont deux choses très différentes car ce sont des disciplines différentes. Sur un circuit, on a une unité de lieu que l’on ne retrouve pas sur un rallye raid. Cela complexifie énormément l’organisation d’un événement. J’ai organisé des rallyes raids qui traversaient plusieurs pays. C’est complexe car il faut s’adapter à des cultures différentes, des méthodes de travail qui ne sont pas les mêmes ainsi que de grosses problématiques en terme de sécurité. Ces dernières sont importantes aussi sur un circuit, mais elles sont très lourdes sur les rallye-raids. »
C’est une coïncidence, mais votre arrivée tombe à point avec le renouveau de l’endurance via le Le Mans Hypercar et le LMDH…
« C’est vrai que d’arriver dans des conditions comme cela, avec les perspectives que vous avez citées, c’est enthousiasmant. Nous sommes sur un cycle qui va s’annoncer phénoménal, je crois. Vraiment, je le pense, même si nous savons qu’il y aura un ou deux petits réglages à faire. A mon avis, ce sera fantastique à plusieurs niveaux : sur la piste, pour le public, les media. Il va y avoir une émulation incroyable. C’est très bien, mais encore une fois je prends un peu de recul par rapport à tout cela car ce n’est pas gagné, nous devons nous préparer à cela, Il va y avoir beaucoup de constructeurs qui vont arriver, cela veut donc dire beaucoup de pression à tous les niveaux. Il faut donc garder la tête froide. C’est le tout début d’un cycle qui, on l’espère, va durer très longtemps. »
Justement, garder la tête froide, il le faut en ce moment avec la crise sanitaire de la Covid-19. On imagine que vous avez des plans B ou C si une manche venait à être annulée ?
« Il faut déjà remettre les choses dans leur contexte. Quand on voit le nombre de participants en ELMS à Barcelone (41 voitures), c’est déjà une première victoire. Nous n’avons pas forcément subi, nous avons été très réactifs en modifiant le calendrier des courses aussi bien en WEC qu’en ELMS. C’est déjà un point positif. Je dis donc bravo à toutes nos équipes, sur la réactivité et sur le fait que nous avons été rassurants par rapport aux gens du milieu et des concurrents. Nous avons “livré” les courses et évidemment à chaque jour qui passe, on essaie de prévoir. Effectivement, si quelque chose ne va pas, nous avons des plans B, mais je pense que nous sommes sur une période qui est assez stabilisée. Je ne parle pas encore de présence de public, mais les courses, nous allons les avoir ! »
A quand le retour du public en WEC et en ELMS ?
« Celui qui va vous répondre avec beaucoup de certitude ne sera pas très crédible. Encore une fois, nous essayons d’anticiper, il y a une campagne de vaccination dans quasiment tous les pays. C’est une course contre-la-montre, les choses vont s’améliorer, mais nous sommes dépendants de chaque pays. Nous devons nous soumettre aux réglementations locales. Sur une épreuve comme les 24 Heures du Mans, nous nous donnons toutes les chances de pouvoir accueillir du public. Sur les manches WEC et ELMS, on verra. Le début de saison est à huis clos, mais je pense que les choses vont évoluer assez vite. D’une semaine à l’autre, les choses évoluent, il faut juste de la patience ! »