Gabriel Aubry était un homme heureux dimanche dernier au moment de la conférence de presse d’après course suite à sa première victoire en WEC. Le pilote de 20 ans fait équipage cette année avec Ho-Pin Tung et Stéphane Richelmi sur une des deux ORECA 07 de Jackie Chan DC Racing. Il est revenu sur son début de saison, ses 24 Heures du Mans et sa victoire en terre britannique.
Comment s’est passée votre course des 6 Heures de Silverstone ?
« J’ai récupéré la voiture à la 3e place après les relais de Stéphane et Ho-Pin. Je savais que j’aurais des pneus un peu plus usés, ma tâche était donc de ramener la voiture et de gérer les gommes au mieux sans faire d’erreur. Je me sens vraiment bien dans la voiture depuis le début du meeting. A la fin de mon premier relais, lorsqu’on m’a demandé si je voulais changer les pneus, j’ai dit “non”. C’est, entre autres, ce qui a fait la différence. J’ai alors fait un triple relais ce qui n’était pas prévu au départ. J’ai roulé plus que nécessaire, je suis vraiment content et ça me donne franchement de la confiance par rapport au début de saison en GP3 Series (chez Arden International). J’en suis à la cinquième course et c’est un désastre total. J’ai marqué mon premier point en Hongrie la semaine dernière et je suis 18e au championnat ! Cependant, les deux sont complémentaires car je pense que je n’aurais pas été capable de faire la course que je fais aujourd’hui si je n’avais pas eu mon programme de GP3 en parallèle. »
Première victoire en WEC, une grosse satisfaction ?
« Clairement, oui. Depuis que je suis petit, mes objectifs sont de gagner Le Mans et de venir en WEC. Là, je sors de la conférence de presse, j’étais assis juste à coté de Fernando Alonso, Kazuki Nakajima et Sébastien Buemi. Lorsque j’ai pris le micro, j’ai commencé à bégayer et je me suis dit « calme-toi ! » (rires). C’est juste un rêve et encore plus dans cette saison où j’ai vraiment besoin de montrer que je suis là. Je veux être performant, je veux devenir professionnel d’ici un ou deux ans et faire ma place en endurance. Je sais que le monde de la F1 est très difficile d’accès. J’essaie d’engranger un maximum d’expérience. »
Vous avez disputé il y a un mois les 24 Heures du Mans. Comment ça s’est passé ?
« Ce fut bien plus compliqué que prévu ! Nous savions que la voiture était bien, la Journée Test s’était bien passée. Par contre, le mercredi et le jeudi des essais, ce fut plus dur avec une auto pas très confortable et pas bien équilibrée. L’équipe a fait un super boulot pour nous donner une bonne voiture. La course fut difficile avec une crevaison pour Ho-Pin et un pneu qui éclate pour moi. Je m’en souviendrai longtemps : j’étais dans la ligne droite, j’ai senti une toute petite vibration. J’ai alors appelé les ingénieurs car j’étais à deux tours de rentrer. Au moment, où je les contacte, le pneu a éclaté. J’ai revu les images de cet incident, c’est impressionnant avec tout ces éléments qui volent ! J’ai ramené l’auto et nous terminons, c’est le principal car nous marquons des points pour le championnat. Ce fut une expérience magnifique. »
Vous aimez l’endurance, vous êtes jeune et français. Comment avez-vous vécu la découverte des 24 Heures du Mans ?
« Ce fut différent de ce que je pensais. J’ai fait les 24 Heures du Mans à 11 reprises en tant que spectateur. Ma première visite était en 2005. C’est dire si y participer en tant que pilote été un moment particulier. Le premier jour, le dimanche, je suis rentré dans un paddock que j’ai arpenté des milliers de fois, mais là je me suis dit : « cette fois-ci, c’est moi ! » Je n’avais par contre jamais fait, même en spectateur, la parade. C’est tout simplement un truc de fou ! Il y a une superbe ambiance, c’est juste incroyable de vivre ça. C’est quelque chose que peu de courses au monde peuvent vous donner. »
Entre les 24 Heures du Mans et aujourd’hui à Silverstone, vous avez dû beaucoup travaillé car vous avez totalement dominé cette course !
« L’auto était juste incroyable ce week-end, surtout au niveau dégradation. L’équipe a beaucoup bossé depuis Le Mans, c’est vrai ! Ils n’ont pas arrêté, et nous avons fait beaucoup de tests en simulateur. Cependant, en sport auto, il n’y a rien de magique. Le package est très bon, chaque détail est pris en compte et l’écurie a fait un énorme boulot pour prendre ces détails un par un. Je suis confiant pour les prochaines manches de Fuji et Shanghai. »
Justement, en fin d’année, allez-vous participer à l’Asian Le Mans Series comme l’an dernier ?
« Justement, j’aimerais bien ! C’est un championnat que j’ai beaucoup aimé. Jamais je n’aurais pensé il y a encore trois ou quatre ans, lorsque j’étais en F4, que je ferais des courses au Japon, en Chine ou en Malaisie ! »
Gabriel Aubry va enchaîner ce week-end avec un meeting de GP3 Series sur le tracé de Spa-Francorchamps, théâtre de la 6e manche de la saison !