2017 marque les 50 ans de la première participation de Gérard Larrousse aux 24 Heures du Mans. En huit participations, le Lyonnais s’est imposé à deux reprises (1973/1974), terminé deux fois à la deuxième place (1969/1970) et abandonné à quatre reprises. Avant de prendre la tête de Renault Sport pour aller chercher la victoire en 1978, Gérard Larrousse a débuté au Mans sur une Alpine A210 alignée par l’Ecurie Savin Calberson et partagée avec Patrick Depailler.
A cette époque, Gérard Larrousse était plus connu pour briller sur les spéciales de rallye que dans la ligne droite des Hunaudières.
“Je faisais mes études à Sup de Co Lyon et j’ai fait la connaissance d’André De Cortanze” nous a confié Gérard Larrousse. “C’est lui qui m’a inscrit au Trophée Luigi Chinetti, organisé sur le Circuit Bugatti du Mans. Je ne connaissais pas le pilotage sur circuit. Malheureusement, je n’ai pas remporté ce Trophée mais cela m’a permis de disputer les essais d’avril sur une Ferrari GTO appartenant à l’ACO. Ces essais se déroulaient sur la grande piste. La GTO était équipée d’un pont court. Dès le début de la ligne droite, on était déjà à 8000 tr/mn et j’ai le souvenir d’un beau tête à queue à Indianapolis (rire). Mon souvenir de cette auto est aussi auditif. Une des particularités de cette GTO était le levier de vitesse, situé juste à côté du volant. Une sacrée expérience qui s’est arrêtée là par faute de budget.”
“La Ferrari appartenait à Fernand Tavano et l’ACO souhaitait s’en débarrasser. Ils ont souhaité que je l’achète pour une somme modique mais je n’avais pas d’endroit pour la stocker. Je crois que c’est en fait la plus mauvaise idée de toute ma vie (rire).”
L’histoire entre Gérard Larrousse et les 24 Heures du Mans aurait pu s’arrêter là, mais le rallyman n’a pas tardé à revenir dans la Sarthe : “Jacques Cheinisse, qui s’occupait d’Alpine, m’a demandé de participer à l’épreuve en 1967 sur une A210 en compagnie de Patrick Depailler. A cette époque, j’étais un pilote de rallye et Patrick un pistard. Je n’avais jamais roulé à 300 km/h. Les premiers essais se sont déroulés sur la piste de vitesse chez Michelin. Avec Patrick, le courant est de suite passé. Nous étions coachés par Mauro Bianchi pour l’apprentissage de la conduite à haute vitesse. L’auto n’était pas facile à piloter avec un changement de vitesse pour le moins délicat.”
Avec la petite Alpine A210, l’objectif n’était pas de viser la victoire au général. “On visait la victoire de l’indice énergétique” se souvient Gérard Larrousse. “Le moteur 1000 cm3 était préparé par Gordini. Nous étions largement en tête jusque dans la nuit quand la chaîne de distribution a subitement lâché. C’était mon baptême du feu au Mans. Notre Alpine était lente face à la concurrence, il fallait donc faire très attention. J’avais envie de venir rouler en endurance, Jacques Cheinisse m’en a offert l’occasion…”