Suite de notre entretien (première partie ICI) avec l’un des membres de Racing Team Nederland qui évolue en WEC sur l’ORECA 07 gérée par la structure française, TDS Racing. Giedo van der Garde, 19 Grands Prix de Formule 1 au compteur revient sur sa saison, les 24 Heures du Mans et l’Endurance en général !
En 2018, vous avez décidé d’aller au sein de Racing Team Nederland. Le projet vous a convaincu ou c’est plus le côté 100% Hollandais qui vous a séduit ?
« Les deux ! J’ai été séduit par ce projet qui est vraiment sympa. Frits est quelqu’un de charmant et passionné de sport automobile. Cela a commencé avec Jan Lammers, puis comme il galérait un peu avec ce programme, il m’a contacté. Il avait besoin de quelqu’un qui avait une certaine expérience de l’Endurance, de rapide, de jeune et de « frais », une personne capable de faire avancer l’équipe. Nous avons fait de gros progrès en menant certaines courses. Les résultats ont été en dents de scie, mais ce n’était pas facile avec le châssis Dallara. Nous avons beaucoup appris, mais nous savions que si nous voulions être compétitifs dans les championnats où nous étions engagés, il nous fallait une ORECA 07. Nous avons donc franchi un nouveau pas en passant avec TDS Racing et la 07…»
Vous travaillez maintenant avec TDS Racing. Quel est votre regard sur cette équipe ?
« C’est une super structure avec beaucoup d’expérience. Bien sûr, je les connaissais déjà bien avant car nous étions adversaires en ELMS en 2016. Cette année là, avec G-Drive Racing (Jota Sport), nous avions eu de la chance, TDS Racing avait été plus malchanceux, ce qui fait que nous avons été sacrés champions. J’ai continué à les suivre sur la saison WEC 2018 / 2019 avec François Perrodo. Ils ont terminé 3e aux 24 Heures du Mans en catégorie LMP2 en 2019 (avec Loïc Duval et Matthieu Vaxiviere, ndlr). Ils ont été très très rapides sur certaines courses et ont signé la pole position au Mans en 2019. Cependant, j’ai remarqué qu’ils manquaient souvent de chance. Nous avons pensé qu’il serait bon de travailler avec eux sur la nouvelle saison WEC 2019/2020 pour obtenir de bons résultats. Nous voulions être compétitifs et ne plus nous poser de questions sur la voiture ou la préparation de l’équipe. Donc avant l’été 2019, avec Frits, nous avons décidé de travailler avec TDS et je dois dire que ce fut le bon choix. Nous sommes très très contents de leur travail, de leur professionnalisme, de leur gentillesse. »
Vous êtes associé à Nyck de Vries, valeur montante du sport auto et peut-être futur pilote F1. Qu’en pensez-vous ?
« C’est super d’avoir ce garçon comme coéquipier. Je le connais depuis très longtemps. Quand Jan (Lammers) a annoncé son départ, il a fallu que nous trouvions un autre pilote. J’ai alors demandé à Frits si le but était d’être le plus performant possible, d’avancer. Sa réponse était affirmative et je lui ai conseillé de prendre un jeune pilote. Nous avons alors contacté Nyck et nous n’avons pas eu trop de mal à le convaincre de rejoindre notre programme. Nous avons gagné depuis au Japon, il est tellement talentueux. Il est champion Formule 2 en titre, pilote officiel Mercedes en Formule E, et nous sommes contents de l’avoir comme membre de l’équipe. Il amène sa fraîcheur, son étincelle, sa vitesse à l’équipe. »
La Journée Test a été annulé, les 24 Heures du Mans sont décalées à Septembre. Qu’est ce que cela va changer pour vous ?
« Plus d’obscurité (rire) ! La nuit sera plus longue, il y aura plus de chance d’avoir du mauvais temps, il fera très vraisemblablement plus froid. Toute l’expérience que nous avons tous pu accumuler à chaque édition du mois de juin sera changée. Ce sera plus une aventure, mais c’est comme cela, on doit faire avoir et en tirer le meilleur ! »
De plus, c’est une course importante car vous êtes toujours en lice pour le titre LMP2 en WEC…
« Oui, mais je ne suis pas focalisé sur cela. Si nous gagnons ce titre ce sera très bien. Nous avons signé de bons résultats et nous avons été assez malchanceux lors du dernier meeting où nous aurions dû monter sur le podium. Nous ferons Spa au mois d’août, un circuit que j’affectionne vraiment et j’espère que nous nous comporterons bien. Cependant, à coté de cela, Le Mans est LA course à gagner. J’espère que nous gagnerons cette course cette année ou au moins décrocher un podium, nous avons un équipage vraiment solide avec notre gentleman driver qui progresse toujours. L’équipe TDS Racing est vraiment une super équipe et ils ont toujours bien figuré au Mans par le passé. Mais cela sera difficile, il nous faudra être compétitif, le niveau des équipes et des pilotes est très relevé. Si on fait unz course propre, parfaite, sans la moindre faute, nous aurons à coup sûr la vitesse avec Nyck et moi, Frits devrait être bien aussi. Je pense en tout cas que nous aurons une édition intéressante. »
Les catégories LMDh et Hypercar vous intéressent-elles ?
« Pour être franc, non ! Enfin, ce n’est pas un non ferme, mais je travaille avec Frits depuis plus de deux ans maintenant. Je ne suis plus très jeune maintenant, (il vient de souffler ses 35 bougies, ndlr). Par loyauté, j’aimerais continuer à travailler avec lui. Si une bonne équipe me contacte, je devrais y réfléchir sérieusement. Je prends beaucoup de plaisir avec Frits en ce moment et je souhaiterais continuer encore quelques années à ses côtés pour vraiment m’assurer qu’il pilote à son top niveau. Je veux le pousser encore pour qu’il progresse que ce soit avec une Hypercar ou une LMP2. Le mois prochain, nous allons prendre la décision sur le programme nous allons mener par la suite. En tout cas, je suis content où je me trouve et, comme je l’ai dit, je dirige une petite affaire en Hollande. Cela me prend pas mal de temps et si je suis impliqué dans un gros programme LMDh ou Hypercar, il me faudra énormément de temps et d’investissement. »
Qu’est ce que vous aimez dans l’Endurance ? En quoi est-ce différent du monde de la Formule 1 ?
« C’est bien plus ouvert, plus amical. L’ambiance dans le paddock est sympa. Le niveau des pilotes est relevé, il y a pas mal d’anciens de F1, mais l’atmosphère y est cool. Il y a moins de pression qu’en F1 et tout le monde se respecte. C’est vraiment cela que j’aime en WEC, en ELMS et au Mans. Certes, on essaye de faire de notre mieux en piste, mais on passe tout le temps un très bon week-end sur les circuits.»
Et partager le volant avec deux coéquipiers, est ce que cela a été difficile ?
« J’adore cela ! Bien entendu, au début, j’ai dû m’y habituer c’est quelque chose que je n’avais jamais fait auparavant. J’aime faire du coaching comme je peux en faire avec Frits, m’assurer que tout le monde va bien et est heureux. J’adore le voir, aller de l’avant, rouler plus vite, voir encore où sont ses marges de progression. C’est, en partie, pour cette tâche là que je suis là. Cela ne repose pas sur un seul homme, ni sur un équipage de trois pilotes, mais sur une équipe entière et c’est cela que j’aime en endurance ! »