Giorgio Sanna (Lamborghini) : “Le sport automobile est comme une partie de poker”

Lamborghini Squadra Corse reste l’un des acteurs majeurs de la catégorie GT3 à travers le monde. La version Evo de la Lamborghini Huracan GT3 donne entière satisfaction aux équipes qui trustent le haut de l’affiche. La marque italienne a remporté sa classe (GTD) aux 24 Heures de Daytona puis aux 12 Heures de Sebring. C’est maintenant une victoire au général que Giorgio Sanna aimerait bien rapporter à Sant’Agata Bolognese fin juillet. Pour cela, Grasser Racing Team et Orange 1 FFF Racing Team vont défendre les intérêts de la marque au taureau dans les Ardennes belges.

La meilleure performance d’une Lamborghini Huracan GT3 à Spa reste une 11e place. C’est dire s’il y a clairement moyen de faire mieux cette année. Après les victoires décrochées en Silver Cup, Pro-Am et Am, l’objectif est le général. Giorgio Sanna, patron de Lamborghini Squadra Corse, a fait le point avec nous sur la feuille de route spadoise mais aussi sur les projets futurs.

Le modèle Evo donne satisfaction ?

“Les débuts sont très positifs car l’auto mène différents championnats. Le plus important est d’avoir de bons retours des gentlemen. Nous avons 12 autos en Blancpain GT Series Endurance avec des pilotes qui sont pleinement satisfaits, ce qui est fondamental pour nous. L’écart entre les Pros et les Am s’est resserré ces dernières années. Nous avons rapidement vendu 20 autos, sans compter les 20 qui ont été upgradées. Toutes les voitures qui roulent dans le monde sont maintenant des versions Evo. Cela ne veut pas dire pour autant qu’on arrête de travailler.”

La prochaine course s’annonce primordiale ?

“Les Total 24 Heures de Spa restent le prochain objectif, mais c’est le cas de tous les constructeurs. On doit prendre en compte la Balance de Performance mais l’Huracan GT3 Evo est compétitive dans différentes configurations de BOP. Sur une course de 24 heures, il n’y a pas que la performance qui compte. Nos équipes devront rester en dehors des problèmes. Au fil des éditions, cette course est devenue un vrai sprint de 24 heures. Ce n’est pas le cas aux Etats-Unis compte tenu des règles sportives. On peut faire des erreurs et revenir. Ici, ce n’est pas possible.”

Vous avez l’avantage d’avoir deux équipes pour la gagne contrairement aux années passées…

“Cela fait partie de notre stratégie d’avoir deux écuries de pointe. En 2018, seul Grasser Racing Team pouvait revendiquer la victoire. Il y a maintenant Orange 1 FFF Racing Team et une troisième équipe sera là en 2020. Nous aurons trois structures de très grande qualité. Spa est une course très compliquée car il y a beaucoup d’autos d’une seule et même catégorie au départ, sans compter les aléas météorologiques. Il faudra pousser dès le premier tour.”

Lamborghini est bien présent dans toutes les classes…

“Plus d’autos au départ donne logiquement plus d’opportunités. On a des chances dans les différentes classes. Cette présence fait aussi partie de notre stratégie car c’est compliqué d’avoir une seule auto. Le sport automobile est comme une partie de poker. On est toujours confiant quand on commence une course. C’est ensuite que les choses peuvent se gâter (rire).”

Lamborghini Squadra Corse trouve toujours sa compte en GT3 ?

“La catégorie GT3 est parfaite pour Lamborghini Squadra Corse. On a de la compétition-client dans le monde entier. Je suis très content du nombre d’autos que nous avons. Si on prend le GT3 dans son ensemble, quelle autre course que Spa peut se vanter d’avoir autant de voitures ? En revanche, ce n’est pas pour cela qu’on ne regarde pas d’autres catégories.”

Le GT2 fait partie des options ?

“Il y a un vrai intérêt pour Lamborghini de partir du modèle Super Trofeo. Pour arriver en GT2, on doit être convaincu des règles techniques, mais aussi sportives. On évalue la chose. Pour le reste, on continue d’explorer. Pour ce qui est de l’Hypercar, on doit avoir plus d’informations. Le DPi est intéressant car le coût est plus maîtrisé. La BOP est bien faite et le marketing permet des faire de l’activation autour. Il n’y a pas de rush, nous avons du temps devant nous. La décision sera prise d’ici 10 ou 12 mois. Une période de trois ans avant de débuter un nouveau programme me semble bonne. La catégorie GT2 est une opportunité pour nos clients et le GT4 est trop loin de nos modèles.”

La remplaçante de l’Huracan GT3 est déjà dans les cartons ?

“C’est trop tôt pour développer une nouvelle auto. Notre modèle actuel fonctionne très bien et il sera en piste jusqu’à fin 2021 et l’arrivée des nouvelles règles pour 2022. La catégorie GT3 est très bien comme elle est actuellement. Il n’y a pas de besoin d’une révolution. Le coût doit toujours être pris en compte.”

On entend de plus en plus parler de l’arrivée de l’hybridation en GT3. Quel est votre avis sur le sujet ?

“La technologie est dans l’air du temps, donc il est normal d’en parler. L’hybride est le futur. Avant toute chose, il faut discuter avec la FIA de la faisabilité de telles autos engagées par des équipes privées.”