Avant de diriger Lamborghini Squadra Corse, Giorgio Sanna a roulé pour la marque italienne. Le changement de métier a pris du temps, mais le challenge est relevé avec brio quand on voit les nombreux succès des Huracan GT3 à travers le monde.
Vous avez pris du temps à trouver vos marques dans vos nouvelles fonctions ?
“Au début, je dois avouer que ce n’était pas facile. C’était un choc pour moi d’arrêter de courir. Ce changement a été un peu brutal. J’étais aussi en charge des essais des modèles routiers, et ce durant 20 ans. De décembre 2013 à juin 2014, j’ai complètement changé de vie. Je suis très chanceux d’avoir eu cette opportunité. C’est comparable à un footballeur qui devient entraîneur d’une équipe de Champions League. Le changement était radical. En 2014, cela m’a demandé beaucoup d’effort. Il y avait la vision du développement des Huracan GT3 et Super Trofeo. C’était dans mon esprit et il fallait le mettre en pratique. L’esprit Squadra Corse est né quelques années plus tôt.”
Vous avez toujours roulé pour Lamborghini ?
J’ai roulé pour Audi Sport Italia sur une Audi RS4 puis sur une R8. Mon rêve était de rouler pour Lamborghini sachant que j’étais pilote de développement à Sant’Agata Bolognese. La marque a pris la décision d’homologuer la Super Trofeo pour l’Italian GT en Cup. Mes collègues m’ont soutenu et nous avons travaillé sur ce projet. Les mécanos qui étaient avec moi sont toujours là aujourd’hui. On a tous grandi ensemble et on rêvait de ce département. Maintenant, il est l’un des plus beaux au monde. On est parti en-dessous de zéro. En Italian GT, j’avais les rôles de team manager, team principal, trouver les bonnes personnes, les partenaires.”
Cela vous sert encore aujourd’hui ?
“C’était un apprentissage pour moi. J’ai beaucoup appris et cela m’aide encore aujourd’hui pour comprendre ce que veulent les équipes. Durant mes premières vingt années chez Lamborghini, j’ai fait beaucoup de choses. Maintenant, je comprends les besoins des pilotes, des gentlemen et des équipes. Je pense que c’est une force.”
Vous avez roulé en Lamborghini Super Trophy. Une autre époque ?
“J’ai roulé à deux reprises. Ma première course sur une Lamborghini était sur une Diablo GTR en 2001 à Monza. Je suis entré chez Lamborghini en février 2001 et deux mois plus tard, je me retrouve à Monza. J’étais pour tester en conditions réelles quelques composants de la voiture sans déranger les autres pilotes qui disputaient le championnat. J’étais donc interdit de podium (rire). C’était ma première expérience en GT après la monoplace et le tourisme. J’ai terminé avec le tour le plus vite en course. Je crois me souvenir que j’ai terminé 4e avec Luigi Moccia. Ma deuxième expérience était à Enna-Pergusa en 2002 où j’ai remporté ma première victoire sur une Lamborghini.”
C’était comment à piloter la Diablo ?
“La Diablo était très proche de la version routière, mais elle était aussi très proche d’une voiture de course. J’ai de bons souvenirs de cette auto équipée d’une boîte de vitesses manuelle. Elle était puissante avec son ABS de première génération. C’était une chance pour moi d’avoir roulé à Monza et Enna-Pergusa. Il y avait des pilotes professionnels et du Pro-Am. J’étais jeune, j’avais 24 ans, mais j’ai pu partager des choses avec des pilotes de la trempe de Michele Alboreto.”
C’est maintenant à vous de donner aux jeunes…
“Je veux donner le plus possible aux jeunes, comme un père veut le meilleur pour son fils. Je tiens à aider les jeunes du mieux possible pour que le rêve devienne réalité. Les Altoè, Lind, Venturini, Mapelli et Bortolotti en sont le parfait exemple. Seul Caldarelli était déjà professionnel avant de rejoindre Lamborghini. Lamborghini est une famille, nous sommes italiens et cela fait partie de notre ADN. Il y a un transfert de Lamborghini à Squadra Corse.”
Lamborghini vous a beaucoup apporté ?
“J’ai débuté comme pilote d’essai à 24 ans. Lamborghini m’a donné toute sa confiance pour développer les modèles de route Murcielago et Huracan. Merci à eux pour cela. C’est maintenant ce que je veux faire avec les jeunes.”
Vous avez encore des rêves ?
“C’est important d’avoir des rêves. La philosophie est de comprendre comment transformer un rêve en objectif. Là, j’arrête de rêver et je passe mes nuits et mes jours à ce que ça devienne un objectif. J’ai quelques rêves pour Lamborghini Squadra Corse qui reste un département très jeune. Je vais tout faire pour continuer à écrire de nouvelles pages de ce fabuleux livre.”