Basée à Arluno dans la banlieue de Milan, JAS Motorsport est partenaire de Honda depuis 1998, d’abord comme équipe officielle, ensuite comme soutien des clients. En 2020, JAS Motorsport fait rouler une Honda NSX GT3 en Intercontinental GT Challenge sous l’entité Honda Racing. Comme toutes les entreprises italiennes, JAS Motorsport attend la fin de la pandémie pour reprendre son activité. En attendant le retour sur les circuits, Alessandro Mariani, qui a créé l’équipe il y a maintenant près de 30 ans, a connu différentes périodes, allant du DTM au GT3. Au fil des années, JAS Motorsport a adapté son savoir-faire à l’évolution du sport automobile avec Honda. Gros plan sur les débuts de JAS Motorsport avec Alessandro Mariani…
Avant de lancer JAS, vous étiez déjà impliqué en sport automobile ?
« Le processus de création de JAS a débuté en 1993. J’avais travaillé dans la division des voitures de route chez Alfa Romeo plus tôt dans ma carrière. Giorgio Pianta, qui dirigeait à cette époque Alfa Corse, la branche sport auto d’Alfa Romeo, s’était intéressé à ma carrière. Je travaillais comme ingénieur F1 chez Minardi et Giorgio m’a demandé de venir chez Alfa Romeo. J’ai d’abord refusé, mais il s’est montré insistant. Fin 1994, j’ai accepté d’être l’ingénieur de course d’Alessandro Nannini pour la saison suivante en DTM. La FIA avait interdit toutes les aides à la conduite intéressantes, mais les règlements de la Classe 1 en DTM les ont adoptées. J’étais donc prêt à relever le défi. Pendant la saison 1995, Giorgio m’a demandé quelles étaient mes ambitions et, plus précisément, si j’aimerais diriger une équipe. J’ai dit oui, mais seulement si les gens avec qui je travaille partageaient ma philosophie. Il m’a dit que trois amis voulaient fonder une équipe et que je m’entendrais bien avec eux. »
C’est là que JAS Motorsport a été lancée ?
« J’ai rencontré ces amis. Paolo Jasson, Maurizio Ambrogetti, Giorgio Schon et moi avons su très rapidement que même si nous venions d’horizons très différents, nous pouvions très bien travailler ensemble et que la variété des compétences et des contacts qu’ils avaient pouvait faire de cette entreprise un succès. Le 1er septembre, JAS Motorsport (J pour Jasson, A pour Ambrogetti, S pour Schon) a été créée et en six semaines, nous avions embauché 65 personnes, dont Stefano Fini et Mads Fischer qui sont désormais en charge de nos programmes GT3 et TCR. Il me restait à décider de la direction technique de l’équipe tandis que Maurizio, Paolo et Giorgio ne proposaient que des conseils dès lors qu’ils sentaient que cela pouvait être bénéfique pour l’entreprise. J’ai apprécié cela. »
Tout a débuté en DTM ?
« Alors que la saison 1995 n’était pas terminée, Alfa Romeo nous a demandé de diriger le processus de développement de la 155 Classe 1 pour le championnat ITC (International Touring Car) 1996, ce que nous avons fait. Nous avions deux bancs d’essai de moteur et un banc pour la boîte de vitesses, ce qui était incroyable. La situation de la boîte de vitesses était assez drôle. Celle-ci avait posé problème en 1995, j’ai donc suggéré d’engager XTRAC et de développer une nouvelle unité conjointement. Par prudence, Alfa Romeo nous a demandé d’en commander 32, mais elles étaient si solides que seules huit ont été utilisées durant toute la saison. Même 22 ans plus tard, nous entretenons toujours une formidable relation avec XTRAC. Les voitures terminées ne sont arrivées que deux semaines avant la première course, nous avions donc une énorme montagne à gravir. De nos jours, je ne le ferais pas, mais j’étais beaucoup plus jeune et impossible n’était pas un mot que je connaissais. Pianta avait fait confiance à JAS et cela m’a donné confiance pour aller faire de grandes choses. »
Pourtant, le début a été plutôt…calamiteux…
« La première course se déroulait à Hockenheim. Ce fut instantanément la désillusion en ne voyant pas nos voitures en haut de l’écran de chronométrage. C’est quelque chose qui me frustre, même encore maintenant. Le grand désastre est arrivé lorsque les voitures de Gabriele Tarquini, Stefano Modena et Michael Bartels ont toutes pris feu durant le week-end. Nous avons juré ce jour-là de ne jamais laisser quelque chose comme ça se reproduire. Ce fut un énorme revers, mais nous avons adopté une approche mentale avec calme. En plus, Gabriele était venu me voir en décembre pour me dire ‘Je ne veux pas être ici, je devrais être chez Alfa Corse, pas dans ton équipe B’. Il ne s’est pas plaint, il était positif. Il avait une excellente relation avec ses mécaniciens et a rapidement renforcé leur confiance. Il était extrêmement important dans notre rétablissement. »
La suite a été tout de même plus positive…
« Ensemble, en tant qu’équipe, nous avons rectifié le problème. Lors de l’épreuve suivante, Gabriele a terminé dans le top 5. Deux courses plus tard, à Helsinki, Michael s’est qualifié sur la deuxième ligne, et au Norisring, huit semaines seulement après notre désastre, Stefano a décroché notre premier podium. ’Pas mal’ m’avait dit Piana. ‘Mais ce n’est rien. Maintenant, il faut gagner’. A Silverstone, en été, Gabriele l’a fait. Cela a débloqué un partenariat supplémentaire de la part de Martini et nous avons roulé sous les couleurs Rosso le reste de la saison. Nous avons aussi obtenu le nouveau moteur Alfa V6 à 90 degrés, ce qui a contribué à nos performances. Ce fut un grand tournant pour nous, mais ce n’était pas le dernier. »