Deuxième partie de l’entretien consacré à Guillaume Moreau suite à son accident de la Journée Test des 24 Heures du Mans 2012. La première partie est ici
Vous avez pourtant tenter de reprendre le volant d’une voiture de course…
“Je n’ai pas forcé, mais je voulais remonter pour voir les sensations mais j’étais bien loin du 100%. Peut-être même qu’il aurait fallu mettre des commandes au volant. En 2007, j’ai déjà eu une grosse sortie au Mans, mais sans bobo. Là, tu peux revenir à ton meilleur niveau. Cinq ans plus tard, j’ai failli rester paraplégique. C’est tout de même différent… Les Zanardi et Kubica sont revenus, mais pas comme avant. Quand je suis remonté dans le baquet, j’ai tout de suite vu que ça n’allait pas le faire. Remonter est le juge de paix. Le résultat est différent si tu as des séquelles ou pas.”
Si je comprends bien, vous vouliez revenir mais à 100%, pas à 80% ?
“Je suis quelqu’un de lucide et pragmatique. Déjà, c’est difficile d’exister à 100%. Rouler par défaut n’est pas fait pour moi. Je préfère faire autre chose et surprendre les gens dans un autre domaine que piloter par défaut. Aujourd’hui, tout cela me semble si loin. Je m’éclate à faire autre chose tout en gardant un lien avec le sport auto. Il y a Racecare et je donne un coup de main à Paul Petit. Si je vais sur un circuit, c’est pour travailler et joindre l’utile à l’agréable.”
Revenons sur votre accident en 2012. La rapidité d’intervention vous a sauvé la vie ?
“Je suis resté conscient avec une douleur incroyable, quelque chose d’intense. J’ai de suite été évacué vers le centre hospitalier d’Angers où j’ai été opéré. La première opération fait que je marche aujourd’hui alors que le diagnostic disait que j’avais 80% de chance de rester paraplégique. Le chirurgien a été brillant, très brillant. Je me réveille et la première chose que je fais est de vouloir bouger mes jambes. Le dernier souvenir était que je ne pouvais rien bouger avec un mal au dos terrible. Là, je vois que je progresse, mais je me demande comment je vais faire pour me sortir de là. Une semaine après, je subis une nouvelle opération car il y avait encore une compression au niveau de la moelle épinière.”
S’en suit une longue rééducation…
“J’ai ensuite passé trois mois à l’Arche au Mans où j’ai fait beaucoup de progrès. Je suis rentré là-bas en fauteuil roulant, puis je suis passé au déambulateur, à deux béquilles, à une seule, et enfin rien. Je marchais seul et c’est quelque chose de magique. J’ai continué la rééducation chez moi en sachant qu’il faut vivre avec cela. Quel parcours du combattant pour en arriver là !”
Avant de taper le rail, vous avez de suite senti que ça allait faire mal, voire très mal ?
“Tu sens que ça va mal se passer. J’ai serré le volant et j’ai attendu l’impact. Ensuite, le premier réflexe est de bouger et de sortir de la voiture, mais tu ne peux pas. Rien que bouger la main et les doigts avaient des répercussions terribles. A ce moment-là, ma seule envie était qu’on me fasse passer la douleur.”