Après 1968, faisons un bond en avant de dix années et projetons nous dans l’édition 1978, dans laquelle Henri Pescarolo faisait partie, comme l’année précédente, de l’équipe officielle Porsche, sous la bannière du Martini Racing Porsche System, associé sur la Porsche 936 #5, la voiture de pointe de Porsche, à Jacky Ickx et plus tard dans la course à Jochen Mass. La course de Henri Pescarolo et de la Porsche 936 #5 s’arrêtera définitivement le matin consécutivement à une sortie de route.
Le Championnat du Monde des Marques était réservé aux Groupe 5 et Porsche courait donc avec des 935. Comment s’était faite la préparation du Mans avec les 936 ?
« On n’a pratiquement pas tourné avant les 24 Heures avec les 936 qui, grosso modo, étaient restées comme en 1977, donc la préparation avec les 936 a été très mince.”
En Championnat, vous rouliez avec Bob Wollek sur une 935 Kremer. Pourquoi le duo a été dissocié au Mans ?
“En championnat du Monde, on avait effectivement gagné trois fois avec Bob, mais pour Le Mans, Porsche voulait reconstituer l’équipage Ickx/Pescarolo de 1977, quand on avait abandonné et que Jacky était passé sur la 936 #4. Porsche considérait qu’avec Jacky Ickx, on était l’équipage numéro un.”
Pourquoi, comme en 1977, Porsche avait pris l’option d’inscrire Ickx sur deux voitures ?
“A l’époque, on avait le droit, c’est comme ça que Ickx avait gagné l’année précédente en rejoignant Barth et Haywood. On a eu plein d’ennuis en course, dès le début. Ickx puis moi, on a dû passer par les stands et notre voiture était loin dans le classement. Porsche a alors décidé de changer les équipages, ce qui était autorisé à l’époque et a rejoint Bob Wollek sur la 936 #6. Jochen Mass, qui était aussi inscrit sur la Porsche 936 #7 avec Haywood, Gregg et Joest qui avait abandonné, m’a rejoint sur la 936 #5, un vrai jeu de chaises musicales… Jochen Mass va finalement sortir la 936 dans la nouvelle portion et la course de notre voiture s’est arrêtée là.”
Votre Porsche, la #5, était partie en pole. Quelle était la stratégie de course de Porsche prévue pour la course ?
“En principe, on était la meilleure chance, donc on devait rester en tête, du moins dans les premières places. Les ennuis de début de course ont tout changé.”
Les pépins mécaniques de la 936 #5 (accélérateur, injection, boîte de vitesses) étaient-ils la conséquence d’une préparation insuffisante ?
“Je crois que Porsche, à la suite de la victoire de 1977, était assez confiant, trop peut-être, mais la voiture n’avait pas évolué depuis l’année dernière et les soucis qu’elle avait eus n’ont pas été suffisamment résolus.”
En vitesse pure, pensez-vous que les 936 étaient au niveau des A442 et de la A443 ?
“Je crois que les Alpine-Renault, et surtout la A443, étaient plus rapides que nous. Comme je l’ai dit, notre fiabilité n’avait pas été suffisante. Pour mon compte personnel, cette année-là, j’ai fait le mauvais choix car j’avais été sollicité par Alpine-Renault pour courir au Mans, et j’ai préféré refaire une année au Mans avec Porsche…”
A suivre, les 24 Heures 1988 de Henri Pescarolo, avec Jaguar cette fois…