Le troisième épisode des 24 Heures du Mans de Henri Pescarolo nous amène à l’année 1988, aux temps bénis des Groupe C. Henri pilotait cette année-là un autre proto d’usine, une Jaguar XJR-9LM du Tom Walkinshaw Racing, aux célèbres couleurs mauve et blanc Silk Cut.
Jaguar était ambitieux en 1988 après une participation plus qu’encourageante en 1987. Henri Pescarolo était associé sur la Jaguar #3 au britannique John Watson et au brésilien Raul Boesel. L’aventure n’alla pas à son terme, la Jaguar abandonnant sur panne de transmission.
Comment avez-vous été recruté par Jaguar et TWR ?
“Jaguar faisait un gros effort pour Le Mans, car ils engageaient cinq voitures, et donc ils avaient besoin de beaucoup de pilotes et ils voulaient des pilotes expérimentés. C’est pour ça que j’ai été recruté.”
Pourquoi avez-vous été associé à John Watson et Raul Boesel ?
“Je n’en ai aucune idée. C’est peut-être une question de taille…Watson était assez grand, et Boesel aussi. En plus, ils étaient expérimentés, comme la plupart des pilotes de Jaguar cette année-là, c’était une grosse équipe.”
Vos styles de pilotage étaient-ils comparables ?
“Cela n’avait pas une importance capitale. Pour la course, le team définissait un set-up de base et c’était aux pilotes de s’adapter, en respectant le tableau de marche. C’était de l’endurance, et un travail d’équipe était indispensable.”
Quelle a été votre préparation avec Jaguar pour les 24 Heures ?
“Elle a été bien mince, je n’ai pas piloté la voiture avant Le Mans et je l’ai découverte aux essais. La Jaguar était une excellente voiture.
Elle était très puissante, avec un gros moteur de 7 litres qui développait à peu près 750 chevaux et on allait très, très vite dans la ligne droite, qui était sans chicanes à l’époque, mais la XJR-9 avait beaucoup de stabilité.”
Comment situeriez-vous la XJR-9 par rapport aux autres protos pilotés précédemment ?
“Par rapport aux Porsche et aux Matra que j’ai pilotées au Mans, c’est difficile de faire une comparaison. C’étaient toutes d’excellentes voitures, c’était ce qui se faisait de mieux à l’époque, elles étaient faites pour gagner.”
Comment Tom Walkinshaw dirigeait-il le team ?
“Tom, c’était un exemple, un meneur d’hommes extraordinaire, une organisateur hors pair. Et des qualités d’organisation, il fallait en avoir beaucoup cette année-là car le Tom Walkinshaw Racing engageait cinq Jaguar XJR-9LM et ça représentait évidemment un sacré boulot !
Tom Walkinshaw ne négligeait aucun détail, il veillait sur tout. Par exemple, il voulait que tous ses pilotes soient placés dans les meilleures dispositions et chacun d’entre nous disposait donc d’une caravane personnelle pour se reposer, ce qui était plus qu’appréciable. Il a également le premier à doter son team d’une équipe médicale. C’était vraiment une personnalité remarquable et j’ai beaucoup appris à son contact, ce qui m’a énormément servi quand je suis devenu moi-même patron d’écurie.”
Est-ce qu’il avait établi une stratégie particulière pour la Jaguar #3 ?
“Non, pas précisément, il nous faisait confiance. On devait aller vite, mais tout en ménageant la mécanique, c’était de l’endurance.”
Combien preniez-vous en ligne droite ?
“En 1988 il n’y avait pas encore les chicanes et je pense qu’on devait dépasser les 360 km/h. La WM était plus rapide, mais elle avait été conçue uniquement pour le record de vitesse, et sur un tour, nous étions nettement meilleurs. En course, nous étions partis, c’est dommage qu’on ait eu un problème de transmission..”